Jacques Jonathan Nyemb est un jeune avocat d'affaires qui se fait de plus en plus remarquer ces derniers mois, aussi bien sur le terrain que sur les médias où il fait parler son savoir-faire et son intelligence. Dans sa parution de ce mardi 22 mars, le journal La Voix des Jeunes qui a remarqué le jeune avocat dresse un portrait de ce dernier.
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Très discret hier, le jeune avocat d’affaires s’exprime de plus en plus hors de sa zone de prédilection en prêchant l’engagement et le don de soi.
C’est un premier de cordée, visiblement impressionné par la caméra des journalistes de l’agence Ecofin, qui ouvre la porte de son antre au public. Il mâchouille son mot de bienvenue, sans vraiment faire exprès. Et même le sourire poupin de ce jeune avocat d’affaires, pourtant régulièrement cité dans le haut du tableau des classements internationaux, trahit sa gêne. Il entraine ses invités le long du principal couloir du cabinet Nyemb, couvert d’une moquette soyeuse bleue. Le tour du propriétaire du cabinet familial se termine dans son bureau par un plaidoyer sur la renaissance de l’Afrique avec un bagout d’idéaliste. « Je suis convaincu aujourd’hui que le monde a plus que jamais besoin de l’Afrique.
C’est en Afrique que se trouvent les solutions aux problèmes du monde », grommelle l’avocat. Deux ans après cette première expérience, Jacques Jonathan Nyemb, 35 ans désormais, a fini par s’habituer aux flashes des médias. Le jeune premier est définitivement passé de l’ombre à la lumière. Il enchaîne maintenant les interviews en prenant soin de ne jamais trop en faire comme une rockstar. Il a gagné en assurance comme le second couteau qui sait qu’il doit plus que jamais enfiler le costume du héros. Mais par contre, une chose n’a pas changé depuis le temps : sa vision du monde, ou plutôt sa philosophie de vie est restée intacte. Il y croyait vraiment quand il présentait l’Afrique profonde comme la solution dans ce monde en pleines mutations. Il a cette conviction chevillée au corps depuis des années.
Tenez, frais émoulu de Harvard, l’avocat revenu au pays, pour rejoindre le cabinet fondé par son père, plaidait déjà pour le printemps de l’Ubuntu, qui peut préparer l’Afrique à sublimer son passé, son présent et son futur. Dans un brin de discussion, il fait toujours l’économie de cette philosophie en la présentant comme le modèle « qui place l’humain au centre ». C’est bien ce qu’il expliquait déjà aux journalistes d’Ecofin en 2020, c’est ce qu’il continue d’expliquer aujourd’hui et il promet que ce discours sera le sien demain. De quoi se demander ce qui peut nourrir une telle foi. Jacques Jonathan Nyemb a certainement lu l’antienne que se répétaient Nelson Mandela et l’archevêque Desmond Tutu : « Je suis car nous sommes ». Une réécriture du cogito ergo sum de Descartes qui résumait la philosophie de l’Ubuntu de la nation arc-en-ciel post apartheid. Une période politique qui impressionne encore l’avocat d’affaires. « J’ai eu beaucoup de plaisir à lire la Constitution sudafricaine. Ils se sont appuyés sur la philosophie de l’Ubuntu pour repenser le système politique sud-africain », avouait en son temps Jacques Jonathan Nyemb lors d’un entretien privé à Yaoundé. Il ne le cache pas, Nelson Mandela et Desmond Tutu ont beaucoup contribué à le convertir à l’Ubuntu. Le nationaliste camerounais Ruben Um Nyobé aussi. Sans oublier « Nations nègres et culture », le célèbre livre de l’érudit Cheick Anta Diop.
Ce cocktail intellectuel a tracé le sillon de la pensée de ce major de promotion en droit bancaire et financier de l’Université Paris II Panthéon-Assas. Tout cet héritage a fini par convaincre l’avocat que le moment de changer de paradigme, de réécrire notre roman national, est arrivé. Il évoque à la va vite ce qu’il pense de ce travail de réinvention. En politique ? Il faut intégrer l’arbre à palabres comme dans la Constitution sud-africaine. En économie ? Remplacer le capitalisme éreinté par plusieurs siècles d’abus par une économie circulaire qui co-produit et distribue mieux les richesses. « Une société doit créer le bien pour tout le monde plutôt que pour quelques privilégiés », indique Jacques Jonathan.
Une discrète réserve… de choix
Mais comment passer du vœu au concret ? « I have a dream. Il a de belles idées pour le Cameroun », susurre une de ses connaissances sans en dire plus. Notre interlocuteur, qui connait bien l’ancien étudiant de la London School of Economics, précise que son ami n’est pas engagé en politique. Jacques Jonathan Nyemb est pourtant mis à l’index dans les salons cossus de Yaoundé. Son nom revient presque toujours quand il faut énumérer les noms des profils susceptibles de constituer la jeune garde politique de demain. Et pour preuve, en 2016, Jeune Afrique le classait déjà parmi les 50 qui feront le Cameroun. Et ce n’est pas pour rien. Car l’homme est présenté, à tort ou à raison, comme un « leader ». Son nom est tout en haut du casting des jeunes Camerounais que Emmanuel Macron, le président français, a réuni l’année dernière à Montpellier pour un sommet Afrique-France singulier.
Hier encore, s’il se défendait d’emprunter la porte dérobée du 2, rue de l’Élysée, l’adresse de la cellule Afrique que connaissent bien les technocrates du Continent qui sont recrutés en politique, aujourd’hui, il travaille à proposer une nouvelle approche de la relation entre le Cameroun et les puissances du monde. Il a longtemps hésité mais a décidé de ne pas décliner l’invitation de Montpellier, selon les confidences d’un proche. Il a sans doute pensé que ce rendez-vous est un nouveau jalon pour la renaissance de l’Afrique, en particulier, pour le Cameroun… Quoi qu’il en soit, Montpellier a accru sa visibilité, ne serait-ce que dans les consciences des leaders politiques.
En plus, Jacques Jonathan Nyemb a tout pour se mouvoir dans ce monde. Il a une vision claire et assumée. L’homme est structuré et il a l’avantage de connaître le monde des affaires de Douala dans lequel il travaille au quotidien et le Who Who’s politique de Yaoundé, le siège des institutions.
Dans un Cameroun où l’ascenseur social est visiblement bloqué depuis la double dévaluation du F CFA et la baisse des salaires des années 1990, Jacques Jonathan Nyemb se sent à son aise à tous les niveaux de l’échelle sociale. Avec sa Fondation Mackenzie (en hommage à sa grand-mère), il vient en aide aux jeunes et aux femmes de Ngambe, son village natal, dans le département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral. Il fait la même chose dans le quartier populaire de Nkongmondo, à Douala, où ses grands-parents et parents ont vécu. Malgré ces avantages, dans l’entourage de Jacques Jonathan Nyemb, on n’accorde pas un grand intérêt à cette analyse.
« Il n’est pas en politique et il n’y a pas d’accointances particulières entre lui et les hommes politiques. Toutefois, ces derniers ont confiance en lui pour sa compétence. Ils n’hésitent pas à le consulter », fait savoir quelqu’un qui le côtoie au quotidien. Ce dernier n’a certainement pas tort.
L’année dernière, cet expert, régulièrement consulté par les acteurs privés et publics locaux et internationaux sur les questions de gouvernance mais aussi et surtout d’investissements et de financements, est appelé par le ministère des Finances pour conseiller le Cameroun lors de l'émission d'un eurobond de 450 milliards de F CFA. Certainement la partie visible de l’iceberg. Sous l’eau glauque du marigot politique camerounais, l’avocat doit certainement rendre des menus services sans jamais se détourner de sa philosophie. Attend-t-il le bon moment pour pousser la porte en qualité de haut commis de l’Etat ? Son nom figure-t-il dans les petits papiers du palais ? Difficile à dire pour le moment.
L’homme du consensus
En ce moment, Jacques Jonathan Nyemb préfère confronter sa pensée à la réalité du terrain plutôt que de s’attarder sur ces questions. Au Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), le patronat du Cameroun où il siège au conseil d’administration depuis 2017, l’avocat d’affaires a initié la rédaction d’un « Code de bonne gouvernance des entreprises », qui sera bientôt proposé aux acteurs économiques. Un document qui s’inspire de la philosophie Ubuntu qu’il défend. Mais c’est surtout avec le Think Do Tank The Okwelians qu’il a cofondé en février 2020 que Jacques Jonathan Nyemb dessine la courbe d’une utopie qu’il rêve certainement d’implémenter à un plus haut niveau. En attendant, son action dans cette fabrique à idées a révélé l’homme qui se cachait sous la cuirasse.
« C’est quelqu’un qui écoute beaucoup. Il prend en compte le point de vue de tout le monde et il en tient compte. La première fois, que nous avons eu une discussion en rapport avec The Okwelians, j’ai par la suite été surpris, qu’il me rappelle plus tard pour m’informer qu’il avait tenu compte de mes conseils », raconte un de ses proches, acteur politique camerounais engagé. Un lobbyiste qui le connaît le présente comme « un trait d’union entre les mondes », mais surtout comme « l’homme du consensus ». Un clin d’œil à François Hollande, qui a porté cette réputation chez les socialistes, et qui en a fait une arme au moment de conquérir le palais de l’Elysée. Trêve de comparaison. « Il a cette volonté de toujours mettre tout le monde autour de la table. Il prône le dialogue dans une démarche au-dessus de la partisannerie », conclut le lobbyiste. Même s’il ajoute que le président de The Okwelians est « un homme fidèle ». Il se rappelle de cette anecdote à Bertoua lors d’un Boot Camp organisé pour la première cuvée des jeunes leaders formés par le Think Do Tank.
Alors que le bus qui transporte cette cuvée de jeunes leaders est pris d’assaut par une meute de journalistes, Jacques Jonathan Nyemb, d’un ton ferme ramène l’ordre en obligeant la presse à sortir du bus et attendre d’abord que les jeunes prennent place. « Nous sommes ici pour cette jeunesse, c’est elle qui doit être mise en sécurité la première, sachons nous sacrifier », avait expliqué Jacques Jonathan Nyemb. C’est peut-être ce jour-là que l’avocat a définitivement fendu l’armure. Le taiseux a laissé la place au futur « serviteur de l’Etat », qui a décidé de dévouer sa vie au service des autres et de son pays. L’aventure ne fait que commencer.