Très triste nouvelle en cette fin d’année, les Camerounais vont s’énerver

Yaounde Population Foule Habitants Vie chère

Fri, 20 Dec 2024 Source: Le Jeune Enquêteur n°399 du 16 décembre 2024

Lors de l’émission « Droit de Réponse » diffusée le dimanche sur Équinoxe TV, le consultant Edmond Kamguia, a livré une analyse aux allures de coup de gueule à l’endroit des députés RDPC majoritaire à l’Assemblée Nationale. Il a dénoncé la discipline de parti qui, selon lui, contraint les élus à adopter des lois qui pénalisent fortement les citoyens. Des propos confirmés par l’adoption de la loi des finances par le Parlement.

Invité ce 1er décembre comme chaque dimanche sur le plateau de « Droit de Réponse » sur Équinoxe TV, Edmond Kamguia a pointé du doigt la pression exercée sur les députés RDPC pour qu’ils votent des lois qui, selon lui, vont rendre la vie « très chère » aux Camerounais. « La discipline du RDPC contraindrait les élus du peuple à l’Assemblée nationale à ne pas débattre, à suivre ce que dit ce parti et à adopter, voter, adopter des lois qui vont rendre la vie pas seulement chère, mais très chère aux citoyens camerounais », a-t-il déclaré. À titre d’exemple, le journaliste a évoqué la récente loi de finances, qu’il juge particulièrement punitive pour les Camerounais. « Cette loi de finances qui a été adoptée, je vous assure, il ne fera pas bon vivre au Cameroun dans les jours qui viennent. Parce que les taxes sont encore plus nombreuses, les impôts sont encore plus nombreux. Même les chômeurs vont payer les impôts », a-t-il alerté.

Pour illustrer son propos, Edmond Kamguia a fait un parallèle avec la période d’Ahmadou Ahidjo, qu’il a qualifiée de plus prospère pour le Cameroun. « Quand j’ai dit que le Cameroun se portait bien en 1982, le Cameroun avait 9 millions d’habitants. Le Président Ahmadou Ahidjo de regrettée mémoire. Je voudrais m’incliner devant sa mémoire », a-t-il déclaré, suscitant ainsi une certaine polémique. Fort de cite analyse au vitriol, pourrait-on la qualifier, il convient de rappeler par ailleurs la propension à la navigation à vue au plan strictement macroéconomique au regard de l’inadéquation des politiques jusqu’alors mises en œuvre par le régime RDPC et notamment au double plan déflationniste en vue d’améliorer substantiellement le pouvoir d’achat des populations. En réalité, on semble vouloir colmater des brèches qu’on sait largement ouvertes et incapables de subir quelque pansement approprié. Le 1er décembre 2024, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a présenté à l’Assemblée nationale le programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour le compte de l’exercice budgétaire 2025. À en croire le chef du gouvernement, ce programme repose sur une enveloppe budgétaire projetée à 7317,7 milliards de FCFA, en augmentation de 39,8 milliards de FCFA en valeur absolue et 0,5% en valeur relative, par rapport à l’exercice 2024. Sur cette enveloppe confirmée par le projet de loi de finances 2025, déposé sur la table des députés le même jour par le gouvernement, l’on distingue 7250,8 milliards de FCFA représentant le budget général, et 66,9 milliards de FCFA pour les Comptes d’affectation spéciale (CAS). En glissement annuel, ces enveloppes sont respectivement en hausse de 0,5% et 1,5%, apprend-on.

Dichotomies

« S’agissant de la structuration du budget 2025, il convient d’indiquer que les recettes internes et les dons sont projetés à 5548,1 milliards de FCFA, en augmentation de 313,1 milliards de FCFA par rapport à 2024, où elles se situaient à 5235 milliards de FCFA, soit +6% en valeur relative. Les recettes pétrolières, estimées à 734,8 milliards de FCFA, baissent de 66,8 milliards de FCFA entre 2024 et 2025, à cause du recul du prix mondial du baril, couplé à la baisse de la parité du dollar et du franc CFA », peut-on lire dans l’exposé des motifs du projet de loi de finances 2025.

Par ailleurs, le document table sur un taux de croissance économique projeté à 4,1% en 2025, après 3,8% en 2024. « Cette perspective est déterminée par le secteur non pétrolier, qui affiche une croissance de 4,3% en 2025, après des niveaux de 4,1% en 2024 et 3,6% en 2023. (...) L’inflation devrait tout de même poursuivre sa tendance baissière, bien que restant encore au-dessus du seuil de convergence de la Cemac, qui est de 3%. Elle devrait en effet se situer à 4% en 2025, après 5% en 2024 », projette le gouvernement. Mais avec autant de dichotomies, pourrait-on les qualifier, il est clair qu’une fois de plus, la croissance suggérée ne pourra suivre, tant il est vrai que les articulations dudit projet de loi des finances s’entremêlent et se neutralisent à bien des égards.

À ce propos, le Mrc par la voix de son leader tire la sonnette d’alarme : Sur le plan social, la vie écrase les Camerounais. J’avais prévenu qu’après l’euphorie de la CAN en 2022, nous reviendrions à la réalité brutale et ardue dans laquelle nous a plongé le régime en place. Depuis lors nous subissons les affres de la vie chère. Tenez par exemple, en un an : - 3 bobolos qui coutaient 450 F coûtent maintenant 1000 F à Mbankomo ; - Le litre d’huile de palme raffiné Mayor de 1100 F à 1600 F ; - le litre d’huile de palme brut est passé de 800 F à 1100 F ; - le litre d’huile de soja oilio de 1500 F à 3000 F ; - le kg de riz basique de 350 F à 450 F ; - le kg de riz parfumé de 1000 F à 1500 F ; - le kg de viande de 2700 F à 3000 F - le kg de maquereau de 1300 F à 1800 F voire 2000 F ; - le litre d’essence de 620 F à 730 F ; - le litre de gazole de 575 F à 720 F. Ce n’est là qu’un échantillon. Chers époux, avant de gronder nos épouses au sujet de la qualité et même de la quantité des repas, faisons d’abord un tour au marché. Certes, il y a eu – enfin pourrait-on dire -, une augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Mais c’est à une augmentation générale des salaires que l’État doit procéder afin de permettre aux ménages camerounais de gagner un peu de pouvoir d’achat.

Dans les maisons, les robinets d’eau crachent quelques fois une boue rougeâtre, sinon la plupart du temps ils sont à sec, cependant que la Sanaga s’écoule gratuitement vers la mer. L’électricité fait plus que jamais le yoyo en dépit des promesses faites il y a environ 10 ans, que le calvaire sera fini avec la construction des barrages. Les barrages ont été construits et l’électricité reste pour beaucoup de Camerounais, jusqu’ici même au cœur de la capitale un rêve inaccessible pour sortir des lampes tempêtes.

Source: Le Jeune Enquêteur n°399 du 16 décembre 2024