Tracasseries : 287 500 Fcfa de Douala à N'Djamena

9925 XGaroua Boulai220715600.pagespeed.ic.mJq0W8BQWw Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration

Sun, 14 Feb 2016 Source: Le Jour

Les camionneurs se plaignent des différents abus des policiers et gendarmes sur le corridor et annoncent un mouvement de grève.

IbrahimaYaya D’après une enquête menée par le Syndicat national des chauffeurs professionnels des transports du Cameroun (Syncprotcam), les camionneurs usagers du corridor Douala – N’Djamena doivent payer au total 287 500 Fcfa aux divers contrôles de la douane, de la police et de la gendarmerie.

D’après ces camionneurs, au retour, même à vide, ils sont à nouveau victimes de tracasseries qui ont été présentées le 13 novembre 2015 à Ngaoundéré par Ibrahima Yaya, le président du Syncprotcam, lors d’une réunion avec les membres de son syndicat et leurs homologues tchadiens et centrafricains.

Les différents participants à la rencontre de Ngaoundéré ont écrit une lettre aux chefs d’Etat camerounais, centrafricain et tchadien pour dénoncer ces différentes tracasseries. Notamment les « exactions, abus, extorsions d’argent et tueries orchestrées par les agents des corps de police, gendarmerie, douane, Bgft et Bnf sur le corridor Douala-N’Djamena et constatés sur le tronçon Garoua- Boulai – Bangui », écrivent- ils.

Les camionneurs indiquent que la convention du 13 avril 1999 en matière de transports routiers entre la République du Tchad et la République du Cameroun est ainsi violée. Celle-ci stipule en son article 8 que « la République du Tchad et la République du Cameroun s’engagent à maintenir en toute circonstance la liberté de transit des marchandises à destination ou en provenance des deux pays et à faciliter les formalités douanières et administratives de transit sur toutes les voies définies ». Et l’article 10 de la même convention ajoute que « chaque partie s’engage à accorder un traitement égal et non discriminatoire aux transporteurs effectuant le transport terrestre international sur son territoire ».

Convention

C’est cette convention qui a abouti à la création du Bureau national de fret tchadien (Bnf) et du Bureau de gestion de fret terrestre du Cameroun (Bgft). Ces deux organes sont d’après les syndicats, les seuls habilités à procéder aux contrôles des véhicules en transit et notamment du sauf conduit international qui est le seul document à présenter. Pour eux, la gendarmerie, la police et la douane doivent être représentés aux checkpoints du Bnf et du Bgft pour contrôler les dossiers des véhicules.

A côté des exactions, les camionneurs déplorent également leurs difficiles conditions de travail : absence de contrat de travail, non-immatriculation à la sécurité sociale, licenciements abusifs… pour toutes ces raisons, ils menacent d’entrer en grève. « Ayant épuisé toutes les voies de recours, nous sommes dans l’obligation de vous informer que le 18 février 2016, l’ensemble des 12800 membres du Syncprotcam observeront un arrêt de travail illimité jusqu’à ce que des solutions concrètes, immédiatement applicables et définitives soient prises pour chacun des griefs évoqués », écrit Ibrahima Yaya dans une correspondance adressée au Premier ministre le 25 janvier dernier.

Dans un prospectus conçu à l’intention de ses membres, le président national du Syncprotcam précise ses motivations : « Les conditions d’exercice de notre profession continuent d’empirer et nous poussent inexorablement à la clochardisation », écrit-il. Plus loin, il donne plus de détails sur leurs revendications :

« Alors, le 18 février 2016, nous allons tous ensemble garer nos camions jusqu’à ce que le gouvernement prenne des mesures fermes et immédiatement applicables sur l’établissement des contrats de travail à tous les chauffeurs conformément à la législation en vigueur ; l’immatriculation inconditionnelle de tous les chauffeurs à la Cnps ; le démantèlement de tous les contrôles routiers tracassiers le long des corridors ; l’application des conventions inter-Etats en matière de transit notamment le respect du sauf-conduit ».

Source: Le Jour