La disparition tragique d'une jeune Camerounaise partie clandestinement en Europe illustre le fléau des migrations à risque qui endeuillent tant de familles. le confrère 237online.com donne la parole à ses proches dévastés.
Une famille éplorée nous a envoyé ce message poignant : « Bonsoir 237online.com. Merci pour tout ce que vous faites pour les jeunes. Ce soir, nous venons vers vous avec le cœur meurtri car nous avons perdu une de nos jeunes sœurs. En fait, elle s’est lancée vers l’aventure clandestine vers l’Occident, couramment appelée 'Boza', pour réaliser son rêve de voir l’Europe, ceci à l’insu de sa famille. » Ce témoignage glaçant reflète un drame vécu par tant de Camerounais. La jeune fille, dont le nom est gardé confidentiel par respect, a fait le choix de tout quitter pour tenter l'eldorado européen, un pari insensé qui lui aura coûté la vie.
La famille a appris la nouvelle de sa mort par un de ses compagnons de route, informant qu'un accident avait eu lieu à Gatsa lors d'un convoi pour l’Europe. Cette information brutale plonge ses proches dans une douleur immense, les empêchant de faire leur deuil. Ils nous ont supplié : « S’il vous plaît, aidez-nous à retrouver son corps. » Une quête souvent vaine pour ces migrants disparus dans l'anonymat et l'indifférence, loin de chez eux. Combien de familles camerounaises portent ainsi en silence le fardeau d'un deuil impossible ?
La détresse de ces jeunes qui devraient incarner l'avenir du pays est palpable. « On a l’impression qu’ici au Cameroun on n’a pas de perspectives, pas de futur. Trouver un emploi stable relève du parcours du combattant. Alors pour ne pas sombrer dans la délinquance ou la dépression, beaucoup choisissent de partir, quitte à risquer leur vie, » confie Yannick, 26 ans, qui a lui-même songé à tenter l’aventure. Sans papiers, sans visas, au mépris des dangers. La mort dans l’âme mais l’énergie du désespoir. Une jeunesse qui se sent condamnée, sacrifiée, et n’a plus rien à perdre.
Des milliers de jeunes Camerounais s’élancent chaque année sur ces routes migratoires semées d’embûches. « C’est un véritable exode qui vide le Cameroun de sa jeunesse, de ses cerveaux, de ses bras valides. C’est un immense gâchis pour le pays, une tragédie pour les familles et un drame humain pour ces jeunes qui mettent leur vie en jeu, » alerte Fabrice Toyem, chercheur en migrations internationales. Malgré les alertes des ONG, les politiques semblent dépassées par cette hémorragie silencieuse. En proie à une crise profonde, le Cameroun peine à offrir un avenir à sa jeunesse, au risque de la voir partir et parfois mourir, loin de sa terre natale.