Le texte publié dans le journal officiel gabonais n’exclut pas une candidature du président de la transition gabonaise à la présidentielle à l’issue de la période de transition.
D’entrée de jeu, le texte consulté par la BBC établit les priorités des membres qui vont diriger la transition. Il s’agira entre autres, la "refondation de l’Etat afin de bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un Etat de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable, seules garanties pour un développement véritable du Gabon", ou encore "le renforcement de l’indépendance de la Justice et la lutte contre l’impunité".
Deux silences majeurs restent observables à la lecture de cette charte de la constitution, sur laquelle le général Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment le 4 septembre dernier : la durée de la période de transition et la question de l’éligibilité ou non du président de la transition gabonaise. En effet, le texte ne fait aucunement mention de ces deux préoccupations.
La transition sera dirigée par cinq organes, dont le Président de la Transition, le Conseil national de la Transition, le Gouvernement de la Transition ; le Parlement de la Transition ; la Cour Constitutionnelle de la Transition. Tous les membres de ces organes n’ont pas le droit de se présenter lors de la présidentielle au terme de la transition y compris le Premier ministre et le secrétaire général de la présidence de la République.
Même le vice-président de la transition, qui n’est pas un organe indispensable de la transition, mais qui peut être nommé et révoqué par le président de transition, n’aura pas le droit de se présenter à la future présidentielle.
Mais la charte de la constitution n’exclut pas clairement le président de la transition d’une probable candidature.
Joint par la BBC, Telesphore Ngomo Obame le nouveau porte parole de la présidence nommé jeudi ne trouve pas d'inconvénient à cela.
Pour lui, "il y aura une nouvelle constitution qui sera mise en place", dit-il. "Cette constitution va déterminer qui est candidat et qui ne peut pas l'être... Le président de la transition ne se situe qu'en mode arbitrage, et doit veiller à ce que ceux qui vont travailler sur la mise en place des nouvelles institutions n'influent pas dans un sens ou dans l'autre parce qu'ils nourrissent des ambitions", explique-t-il.
Le général Oligui sera assisté par un conseil national de transition, dont des membres sont tous des militaires, qui rejoindront leurs fonctions d’origine, à la fin de la transition.
On note aussi dans cette charte, la présence d’un parlement bicaméral, dont tous les membres sont nommés par le président de la transition. Ils viendront pour la plupart des formations politiques, du patronat, de la société civile, des formations religieuses entre autres.
"Les membres du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, en abrégé CTRI, et tous les acteurs ayant participé aux évènements allant du 29 août 2023 à l’investiture du Président de la Transition, bénéficient de l’immunité. A ce titre, ils ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour des actes posés lors desdits événements. Une loi d’amnistie sera adoptée à cet effet", peut-on lire à l’article 50 de la charte.
La question de la nationalité revient aussi, il faut "être de nationalité gabonaise d’origine" pour être désigné aux différentes fonctions prévues par la charte. Un début de réponse certainement à la promesse de révision des conditions d’accès à la nationalité gabonaise faite par le général Oligui Nguema lors de son investiture.
C’est une épineuse question au Gabon, où la nomination des personnes binationales ou de nationalités étrangères est souvent contestée par les citoyens.
La charte peut subir des modifications, mais l’initiative revient au "Président de la Transition et au tiers (1/3) des membres du Parlement de la Transition". Le projet ou la proposition de révision passera alors par un vote au parlement, et aura besoin d’une approbation des 4/5ème des membres pour être adopté.