Au cours d’une conférence de presse tenue à Yaoundé ce weekend, le Mouvement citoyen des Franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun fustige la naissance de plusieurs tendances au nom de leur champion et mobilise ses troupes pour une transition générationnelle démocratique au Cameroun.
Deux ans avant la prochaine élection présidentielle au pays de Paul Biya, les mouvements de soutien à certaines personnalités s’activent pour positionner leurs champions en vue de conquérir l’électorat le moment venu. C’est le cas de Franck Emmanuel Biya, fils de l’actuel président de la République, qui reçoit depuis près de deux années déjà le soutien du Mouvement citoyen des franckistes pour la paix et l'unité du Cameroun (MCFP). Une association créée en son nom pour le présenter comme la meilleure alternative en 2025. Cette dernière, à force de meetings, réunions, séminaires, ne cesse de gagner du terrain.
Seulement, cette stratégie n'est pas l'apanage du seul MCFP. En effet, plusieurs groupes se revendiquent du franckisme. Les uns déniant toute légitimité aux autres. Face à la montée de la concurrence, le MCFP fustige tout de même la récupération. « Notre objectif c’est d’éclairer le public sur les confusions liées au Mouvement Franckistes. Nous avons trop de tendances et de fractions qui naissent au quotidien. Il y a un seul mouvement légal reconnu sous la forme d’une association. Tous les autres démembrements qui naissent, ce sont des paresseux qui profitent des travaux des autres pour mener leurs agendas cachés. Nous sommes pas ceux qui, au lieu de travailler partent insulter sur les réseaux sociaux et demande au président Biya de partir », explique le coordonnateur du MCFP région du Sud.
En réaction à cette estocade du MCFP, une autre branche franckiste dénommée Mouvement citoyen pour la paix et l'unité (MCPU) préfère éviter la bataille de chiffonniers et botte en touche. « Nous optons pour le silence nous n'avons pas les mêmes objectifs. Nous parlons uniquement de nos actions », répond un cadre. Cependant l'intéressé ne s'est lui-même jamais exprimé publiquement sur un éventuel désir d'avenir politique, mais ses partisans lui prêtent cette ambition. Même s'il ne dit mot, Franck Biya donne l'impression d'y consentir à travers ses multiples apparitions aux côtés de son père, que ce soit au palais ou à l'étranger. Les Camerounais ont encore en mémoire sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Yaoundé en juillet 2022, ou encore sa présence dans la délégation présidentielle au récent Sommet Afrique - Russie.
À 89 ans et bientôt 42 ans au pouvoir, le président Paul Biya, lui aussi semble renforcer l'idée d'une initiation de son fils. Toute chose qui conforte les franckistes dans leur élan d'enclencher une transition générationnelle et démocratique de père en fils. « Nous sommes jeunes et conscient du devenir de notre pays. L’homme qui peut incarner nos aspirations et nos idéologies s’appelle monsieur Franck Emmanuel Biya. Nous voyons en lui ces capacités. C’est un homme intègre et intelligent. Notre ambition c’est de prendre les choses en main, de rassembler les jeunes autour de ce mouvement quel que soit leur parti politique et de participer d’une manière active à la vie politique de la nation», déclare Jeanne Zengue Moko’o, présidente de l’exécutif national. C'est spontanément, disent-ils, qu'ils défendent « une offre politique » issue d'un constat : leur génération assistera très probablement à une transition. Pour eux, Franck Emmanuel Biya, de par sa « discrétion », sa « maîtrise de lui-même » et sa connaissance des arcanes du pouvoir, réunit « les qualités d'un leader » pour « être le futur candidat » de la jeunesse à « une future élection ». Il pourrait, toujours selon les Franckistes, dépasser tous les clivages et assurer la stabilité du Cameroun.
Toutefois, les Franckistes affirment n'avoir jamais cherché à rencontrer leur modèle Franck Emmanuel Biya, qu'ils disent ne pas voir comme « le fils de son père, mais comme une personnalité exemplaire». Le principal intéressé, lui, ne les a officiellement ni mandatés, ni désavoués. Au terme de la conférence, les Franckistes ont anticipé la célébration du 52e anniversaire de leur champion qui devrait se tenir en octobre prochain.