Tremblement de terre en Syrie : Pourquoi l'aide de l'ONU a tardé ?

Des experts juridiques ont déclaré à la BBC que les Nations unies ont tardé a acheminé de l’aide

Thu, 16 Mar 2023 Source: www.bbc.com

Des experts juridiques ont déclaré à la BBC que les Nations unies ont tardé a acheminé de l’aide, notamment de la nourriture et des denrées de premières nécessité au peuple syrien victime de tremblement de terre le mois dernier.

Selon eux, les Nations unies n'avaient pas besoin d'attendre l'autorisation du gouvernement syrien ou du Conseil de sécurité pour envoyer de l’aide en Syrie.

Il a fallu une semaine à l'ONU pour obtenir du Président syrien l'autorisation d'ouvrir des postes-frontières supplémentaires afin de permettre l'accès au nord-ouest du pays, bastion de l'opposition.

L'ONU a déclaré qu'il était crucial d'essayer de secourir les victimes du tremblement de terre dans les 72 heures. Donc l’organisation onusienne conteste les conclusions de la BBC selon lesquelles elle aurait pu agir différemment.

"Suite à un tremblement de terre, le facteur temps et la promptitude sont primordiales pour une meilleure prise en charge de la situation. Or, les Nations unies sont restées peu efficaces", a déclaré à la BBC Sarah Kayyali, avocate internationale spécialisée dans les droits humains.

Selon l'ONU, le tremblement de terre a fait plus de 4 500 morts et plus de 8 700 blessés dans le nord-ouest de la Syrie.

Centrée près de Gaziantep en Turquie, la secousse du 6 février, d'une magnitude de 7,8, les séismes et les répliques qui ont suivi ont tué au moins 45 968 personnes en Turquie, selon les autorités syrienneS, et environ 6 000 personnes dans l'ensemble de la Syrie.

Andrew Gilmour était un haut fonctionnaire de l'ONU lorsque la première résolution sur l'acheminement de l'aide vers les territoires tenus par les rebelles en Syrie a été négociée en 2014. "Si la loi interdit de fournir du lait en poudre à un bébé affamé parce qu'il traverse une frontière internationale, on peut mettre cette loi à la poubelle", a-t-il déclaré à la BBC.

La BBC s'est entretenue avec plus d'une douzaine d'experts au total, dont d'éminents juristes, des professeurs, des juges à la retraite de la Cour internationale de justice et d'anciens fonctionnaires juridiques des Nations unies. Tous ont déclaré que les cas de décès auraient pu être évités si l'ONU n’avait pas trop pensé à la juridiction, notamment au droit international.

Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré à la BBC que : "Pour acheminer de l'aide humanitaire à travers une frontière internationale, nous avons besoin soit du consentement du gouvernement, soit, pour le cas de la Syrie, d'une résolution du Conseil de sécurité...

Nous pouvons avoir des discussions théoriques pendant des semaines, des mois et des années sur le droit international. Notre opinion est que le droit international n'a pas retardé notre intervention".



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Outre l'aide qu'elle apporte, l'ONU joue également un rôle essentiel dans la coordination des secours internationaux dans des pays après une catastrophe naturelle. Elles organisent les opérations de recherche et de sauvetage avec l'intermédiaire de l'Unité des Nations unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe (Undac).

Les équipes de l'Undac peuvent se déployer n'importe où dans le monde dans les 12 à 48 heures qui suivent la demande. C’était le cas pour la Turquie.

Cependant, les Nations Unies n'ont pas demandé officiellement aux équipes médicales d'urgence d'entrer dans le nord-ouest de la Syrie. Les Nations Unies n'ont pas été en mesure de nous faire parvenir une demande officielle pour le déploiement d'équipes de recherche et de sauvetage dans cette région.

Les spécialistes humanitaires internationaux ont déclaré à la BBC que sans cette procédure, l'ONU, n’avait pas de marge de manœuvre pour déployer des équipes d'urgence en Syrie.

Stéphane Dujarric, de l'ONU, explique que l'absence d'équipes d'urgence est due aux décisions prises par les gouvernements. "Il y a des problèmes de sécurité. Il y a toutes sortes de préoccupations politiques" qui peuvent être à l’origine de cette situation.

Marco Sassoli, conseiller spécial du procureur de la Cour pénale internationale, a déclaré que les conventions de Genève, qui constituent le socle du droit humanitaire international, fournissent un cadre permettant à l'ONU d'acheminer l'aide sans avoir besoin de l'autorisation de la Syrie.

"Les conventions de Genève, auxquelles la Syrie a adhéré, contiennent une disposition stipulant qu'un organisme humanitaire impartial peut offrir ses services en cas de conflit. Personne n’est exclu.", a-t-il déclaré à la BBC.

Les victimes du tremblement de terre se sont plaints de la réaction des Nations unies.

Omar Hajji a perdu sa femme et ses cinq enfants dans la catastrophe.

Il s'est entretenu avec la BBC, les jours qui ont suivi le tremblement de terre. Il était à la recherche de son dernier fils disparu, Abduhrahman, âgé de 14 ans. Il l'a finalement retrouvé après trois jours de recherches.

"L'aide des Nations unies n'était pas suffisante", explique Omar, qui a passé des jours à creuser à mains nues dans les décombres à la recherche d'amis et de membres de sa famille. "Si l'aide de l'ONU était arrivée plus tôt, les choses auraient été très différentes".

Une semaine après le séisme, Martin Griffiths, responsable de l'aide d'urgence des Nations unies, s'est rendu au poste frontière de Bab al-Hawa. Il a écrit sur Twitter que les Nations unies avaient "jusqu'à présent laissé tomber les habitants du nord-ouest de la Syrie". "Ils se sentent à juste titre abandonnés. Ils attendent une aide internationale qui n'est pas arrivée".

Source: www.bbc.com