Arlette Framboise Doumbé Ding, dans une tribune sur les réseaux sociaux, invite les Camerounais à réfléchir sur les dangers du tribalisme d'État et ses conséquences néfastes sur la cohésion nationale. Elle propose un exercice de pensée pour souligner l'ampleur du problème.
Imaginez un Cameroun où le président de la République, le ministre de la Défense, le chef d'État-major, le délégué général à la Sûreté nationale, le ministre des Finances, le secrétaire général de la Présidence et 70 % des ambassadeurs à l'étranger seraient tous des Sawa. Imaginez également que 60 % des sous-préfets, 60 % des préfets, 50 % des membres du gouvernement, 65 % des commandants de brigades de gendarmerie, 80 % des chefs de secteurs douaniers et 75 % des responsables des services financiers des universités soient également des Sawa, alors que cette ethnie ne représente que 15 % de la population camerounaise.
Dans un pays de plus de 270 ethnies, cette situation serait intolérable pour beaucoup. Cependant, c'est exactement ce qui se passe sous le régime de Paul Biya, selon Doumbé Ding, avec un favoritisme ethnique flagrant qui marginalise de nombreuses autres communautés. Elle souligne l'hypocrisie et l'égoïsme de ceux qui soutiennent un système qu'ils n'accepteraient pas s'il favorisait une autre ethnie.
Cette ségrégation ethnique et cette concentration de pouvoir engendrent frustration, marginalisation et repli identitaire. Doumbé Ding rappelle que le sentiment de marginalisation est l'une des causes de la crise anglophone dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Elle critique l'obsession du régime de Yaoundé pour le tribalisme d'État, qui divise davantage le pays et compromet la gestion publique.
Pour Doumbé Ding, le Cameroun ne peut espérer une paix durable et un véritable vivre-ensemble avec de telles pratiques. Elle appelle à une profonde méditation sur le vivre-ensemble et exhorte les Camerounais à s'unir pour mettre fin à cette ségrégation. Elle fournit des preuves de ce tribalisme d'État dans un lien disponible sur sa page Facebook.
Doumbé Ding conclut en soulignant que cette problématique n'est pas spécifique aux Sawa. En remplaçant le mot "Sawa" par "Haoussa", "Bororo", "Peuls", "Bassa", "Moudang", "Anglophones" ou "Bamileke", le fond du problème reste le même. Le Cameroun doit dépasser ces divisions pour construire un avenir commun d'après Doumbé Ding