Tribunal militaire : accusé de financement de terrorisme, un élu camerounais fond en larmes

Des armes de combattants de Boko Haram saisies (illustration)

Wed, 2 Feb 2022 Source: www.camerounweb.com

L’homme est conseiller municipal à la mairie de Kolofata, localité située dans la région de l'Extrême-Nord et le département du Mayo-Sava, à la frontière avec le Nigeria. Son nom, Aladji Mohammed Dala, détenu pour financement de terrorisme. Il a été jugé récemment selon nos confrères du journal Le jour n°3599 du mardi 1er février 2022.

Aladji Mohamed Dala est devant le tribunal militaire de Yaoundé ce 19 janvier 2022 aux environs de 12h avec quatre de ses coaccusés. Parmi ces cinq prévenus qui sont poursuivis pour financement de terrorisme, seul Aladji Mohamed Dala s’exprime en français. Ses autres codétenus parlent uniquement le kanuri. Aladji Mohammed Dala est auditionné ce 19 janvier par son avocat. Cette audition a démarré vers 10h pour s’achever deux heures après. Cet homme de 43 ans se présente comme un ancien président du Comité de vigilance de Kolofota, localité située dans le département de Mayo Sava, région de l’Extrême –Nord, une zone secouée par les exactions de la secte Boko Haram depuis 2014. Aladji Mohamed Dala a été recruté depuis 2014 à ce poste où il a travaillé jusqu’en 2018 période à laquelle il décide de démissionner. Pendant son audition, il fond en larmes dans la salle d’audience pour exprimer son calvaire depuis sa dé mission au poste de président du Comité de vigilance à Kolofota.

«En tant que citoyen camerounais, j’ai aidé les militaires camerounais, avec des bons renseignements. Ces informations mises à la disposition de notre armée ont contribué é réduire la capacité de nuisance de Boko Haram dans la localité de Kolofata. Je suis polygame et père de sept enfants. Je ne sais pas comment mes enfants vivent depuis mon incarcération. J’ai été interpellé sans aucun mandat, sans me dire ce qui m’est reproché. J’ai été gardé pendant plus de trois semaines au Secrétariat d’Etat à la défense sans me donner la possibilité de rencontrer un avocat ou de parler avec un membre de ma famille. Ensuite, j’ai été envoyé en prison pour financement de terrorisme. Comment je peux financer le terrorisme alors que je n’ai pas assez de moyens pour subvenir à mes besoins ? Je n’ai pas été interpellé en possession d’une arme. Depuis que j’ai décidé de démissionner comme membre du Comité de vigilance, j’ai commencé à subir les menaces des autorités de Kolofata. Monsieur le président du tribunal, je vous prie de me libérer pour rejoindre ma famille car je ne suis pas un terroriste », explique Aladji Mohamed Dala.

Cet ancien président du Comité de vigilance avait fui son village pour aller se réfugier dans la ville de Douala. C’est à Douala qu’il a été interpellé en mai 2021 avec un de ses codétenus. Les trois autres prévenus ont été interpellés en mai 2021 à Kolofota. Ces cinq présumés complices de Boko Haram ont été transférés à Yaoundé où ils sont actuellement jugés. Leur audience a été renvoyée au 16 février 2022 pour la suite de l’audition des prévenus.

Source: www.camerounweb.com