Ils sont au total 15 : Abdoulahi Ahmadou, Sani Kaoussa, Oumarou Bouba, Sadi Kaoussa, Abdoulahi Ahmadou, Ali Ibrahim, Ali Gorege, Mohamadou Aboubakar, Mahamadou Adamou, Younoussa Yousafa, Abdoulaye Mohamed, Gny Ali, Mohamed Sani Alhadji, Moussa Mohamed, Mohamadou Sani, Emgae Alhassane, Ahya Gosmane, qui n’auront plus pour domicile, les geôles de la prison principale de Kondengui à Yaoundé.
C’est qu’à l’audience de mercredi 05 septembre dernier au tribunal militaire de Yaoundé, leur non-culpabilité a été reconnue au bénéfice du doute. Une grande joie pour ces derniers qui avaient perdu tout espoir et ne ressassaient que de noires idées à longueur de journée. Une joie, toute aussi immense pour leur conseil, Me Emmanuel Simh qui de son propre aveu est «agréablement surpris.
Je me suis battu pour leurs libération, certes, mais je ne croyais pas que le tribunal les remettrait tous en liberté. Je penchais pour quelques-uns seulement, au regard de leur nombre. 3 ou 4, mais même pas 10. La joie est donc à son summum compte tenu de la décision de justice et au regard du travail abattu». Dans les faits, la situation remonte à 2014. A cette période, 15 personnes sont arrêtées dans le département du Moungo, aux encablures de Pendja et Manjo précisément. Ces gens ont pour travail de couper dans les forêts du Moungo, où abonde une espèce de bâton qui sert à conduire les boeufs, ce bois spécifique et les revendent aux bouviers, leurs principaux clients.
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Alors lorsque le terrorisme commence à l’Extrême-Nord, un chef de village de la zone les soupçonne d’appartenir à la secte Boko Haram, «compte tenu de leur morphologie». Pourtant, dans ces zones précisément, ils sont présents depuis de nombreuses années et y menaient jusqu’alors paisiblement leurs activités. Ils vont ainsi être interpellés, tous les 15, et amenés à Douala, comme étant des membres de la secte Boko Haram. L'information claire et nette.
Or, nous sommes en 2014 et cette année-là, le texte de loi sur le terrorisme n’est pas encore signé. Ils ont donc été poursuivis pour sécession, Immigration clandestine, Insurrection, préparatifs dangereux rébellion et bande armée. Des faits prévus et réprimés par les articles 74, 111, 116 et 248 du code pénal. Ils vont ainsi être conduits à la Direction de la police judiciaire de Douala, avant d’être traînés à Yaoundé, et présentés devant le juge militaire statuant en matière criminelle.
Avant leur arrivée à Yaoundé, il y a 4 autres personnes, des Nigérians, qui vont être interpellés à Edéa, en partance pour Yaoundé, et joints au même groupe. Ils sont désormais 19. Seulement, les 4 nigérians vont être remis en liberté pour incompétence du juge militaire, parce qu’il leurs était reproché simplement les faits d’immigration clandestine. Après enquête, il a été déterminé qu’ils n’appartenaient pas au même groupe et ils ont donc été remis en liberté après 2 années et demi de détention. Mercredi dernier au tribunal militaire donc, les 15 autres ont été déclarés non coupable au bénéfice du doute.
Le Tribunal a suite à cela ordonné la remise des scellés qui étaient constitués de machettes et hachettes qui leur servaient à couper du bois, et signé leur remise en liberté immédiate. Après donc formalités au niveau de la prison, «les 15 du Moungo» pourront retrouver leurs familles et continuer de vaquer à leurs occupations, après quand même plus de 3 années passées en détention gratuitement.