Trois militaires jetés en prison à Garoua

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Sat, 13 Jun 2015 Source: L’Oeil du Sahel

Ils sont accusés d’agression, de séquestration et de violence sur les populations de Doualaré II.

Le caporal Ali Abba et les soldats de 2ème classe Sinda Madeleine et Djanabou Issa de la base aérienne de Garoua, croupissent depuis le 9 avril 2015 dans les geôles de la prison centrale de Garoua.

Ils sont poursuivis pour vol, agressions et violences sur les populations de Doualaré II, un quartier de la ville de Garoua. Les faits qui leur sont reprochés remontent au 12 décembre 2014.

Il est environ 20 h 20 minutes ce jour-là, quand les éléments de la base aérienne, déversent leur courroux sur les populations de Doualaré II. Au passage, plusieurs concessions sont pillées.

Argent et autres téléphones portables sont emportés. Le bilan de la descente musclé des bidasses est éloquent. Plusieurs cas de fracture et de blessure graves sont enregistrés sur 44 personnes.

Les pertes matérielles elles, sont estimées à plus de dix millions de Fcfa. Outré par le comportement des soldats en armes, Abdoulaye Galda, le chef du quartier de Doualaré II saisit les autorités administratives pour dénoncer les exactions des éléments du commandant Tsila.

Mieux, il dépose une plainte le 22 décembre 2014, contre le commandant de la base aérienne et autres, pour «séquestration et massacre des populations de Doualaré II». Transmise à la compagnie de la gendarmerie pour le Nord, une enquête est immédiatement enclenchée.

MANDAT DE DÉPÔT

Par la suite, le dossier est transmis au tribunal militaire de Garoua au début du mois d’avril 2015 et confié au juge d’instruction Méké Landry Martial. Douze des 44 victimes sont convoquées au tribunal militaire par le juge d’instruction le 21 avril 2015, pour des auditions complémentaires.

Leurs dépositions sont consignées sur procès-verbal le 7 mai 2015. Deux jours plus tard, c’est-à- dire le 9 mai, trois éléments de la base aérienne, le caporal Ali Abba et les soldats de 2ème classe Sinda Madeleine et Djanabou Issa auditionnés par le juge, sont placés sous mandat de dépôt. «Nous avons foi en la justice et espérons être enfin rétablis dans nos droits.

Ces hommes sans foi ni loi qui nous ont sauvagement brutalisé doivent payer pour tout ce qu’ils nous ont fait. Le fait que trois seulement comparaissent aujourd’hui dans cette affaire alors qu’ils étaient une soixantaine à avoir pris d’assaut notre quartier ce soir-là, n’entrave pas l’espoir que nous plaçons en la justice de notre pays.

Nous pensons que la justice débusquera tous ceux-là qui sont allés outre leurs prérogatives. Les justiciables attendent que le soldat de 2ème classe Gumou dont le béret a été retenu ou le fameux Alexis dont le nom a été scandé pendant les tirs, comparaissent.

Ce n’est plus qu’une question de temps car nous avons la conviction qu’ils n’échapperont pas à la justice quoique jusqu’ici, ils n’aient pas encore été identifiés. Nous voulons bien connaitre ces fonctionnaires de l’armée qui ont eu l’audace de se soulever contre ceux-là même qu’ils sont censés protéger», déclare le chef du quartier Doualaré II, Abdoulaye Galda.

Selon des sources crédibles, le commandant de la base aérienne, le colonel Tsila, aurait introduit une demande de mise en liberté provisoire pour ses éléments qui étaient venus venger la mort de l’un de leurs dont le corps avait été découvert à Doualaré II. Ce que le juge en charge de l’affaire oppose au versement d’une caution de 500.000 Fcfa par prévenu. Soit une caution globale de 1.500.000 Fcfa pour les trois militaires.

«Nous avons eu vent de cette information selon laquelle un colonel a déposé le 25 mai dernier, une demande de mise en liberté provisoire de ses éléments et qu’une caution de 1.500.000 Fcfa lui aurait été exigée. Ceci me laisse perplexe, car nous avons perdu plus de 10 millions Fcfa lors de cette attaque.

Proportionnellement aux dommages subis, je trouve donc très insignifiante la caution qui leur est exigée. Cette demande est introduite le 25 mai et nous sommes le 8 juin aujourd’hui. Cela fait deux semaines qu’ils devaient être libérés, mais ils ne sont toujours pas.

Voilà pourquoi j’ai du mal à accepter cette information qui va dans tous les sens à Doualaré II», explique le Wakili du quartier. Malgré toutes ces rumeurs, les habitants de Doualaré II attendent sereinement la date de la première audience de l’affaire qui ne fait que commencer.

Source: L’Oeil du Sahel