Ce lundi 17 mars 2025, le Tribunal militaire de Yaoundé inscrit à nouveau l'affaire Martinez Zogo à son rôle. Cette audience, qui s'annonce déjà sans conséquence majeure, illustre les lenteurs procédurales qui paralysent depuis plus d'un an ce procès particulièrement sensible concernant l'assassinat du journaliste camerounais.
Comme prévu par les observateurs, cette nouvelle audience ne devrait connaître aucune avancée significative dans le dossier. La raison principale : une décision pendante de la Cour d'appel du Centre, saisie depuis décembre 2024 par les avocats de la défense qui contestent plusieurs décisions des juges du tribunal militaire concernant l'enquête préliminaire et la phase d'instruction.
## Un calendrier judiciaire incohérent
L'incohérence du calendrier judiciaire saute aux yeux. Alors que la Cour d'appel du Centre ne doit se réunir que le 20 mars pour examiner les exceptions soulevées par la défense, le Tribunal militaire maintient son audience programmée trois jours avant, le 17 mars. Cette situation ubuesque découle d'un calendrier d'audiences espacées de trois semaines, adopté par les juges du tribunal militaire depuis le début de l'affaire.
"Dans ces conditions, l'audience de ce lundi ne peut qu'être renvoyée, car la Cour d'appel n'aura pas encore statué", confirme une source judiciaire proche du dossier.
La Cour d'appel du Centre n'a ouvert les débats sur cette affaire que le 20 février dernier, soit près de deux mois après sa saisine. Après plusieurs heures d'échanges, la séance a été interrompue par une coupure d'électricité, entraînant un renvoi au 20 mars 2025.
Cette saisine de la Cour d'appel a un effet suspensif sur le procès au Tribunal militaire, qui se trouve ainsi dans l'incapacité de poursuivre les débats tant qu'une décision n'est pas rendue.
Un an après l'ouverture du procès en mars 2024, les débats de fond n'ont toujours pas commencé. Les 17 accusés, dont 12 agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) et cinq civils, parmi lesquels l'homme d'affaires Jean Pierre Amougou Belinga, attendent toujours que les questions de procédure soient réglées.
Inculpés pour torture et/ou assassinat, ces personnes sont suspectées d'avoir participé à l'enlèvement, la torture et l'assassinat de Martinez Zogo, dont le corps mutilé avait été retrouvé dans une banlieue de Yaoundé en janvier 2023.
Plus de deux ans après l'assassinat de l'animateur et chef de chaîne d'Amplitude FM, sa dépouille n'a toujours pas été inhumée. Sa famille, qui attend qu'une autopsie complète soit réalisée et que justice soit rendue, n'a toujours pas pu faire son deuil.
Cette situation prolonge l'angoisse des proches de la victime et soulève des questions sur l'efficacité du système judiciaire camerounais face aux affaires sensibles impliquant des hauts responsables des services de renseignement.
La prochaine date significative dans ce dossier devrait être le 20 mars 2025, jour où la Cour d'appel du Centre est censée se prononcer sur les exceptions soulevées par la défense. De cette décision dépendra largement la suite que pourra prendre ce procès emblématique pour la liberté de la presse au Cameroun.