Jeune Afrique, sous sa signature distinctive, relate les développements récents concernant le service de mobilité urbaine au Cameroun. Après une suspension nominale de six mois qui n'a eu que peu d'effets tangibles, Yango, la plateforme de VTC, a été autorisée à reprendre ses opérations avec une étonnante marge de manœuvre. Cette décision fait suite à un revirement surprenant.
En dépit de son interdiction depuis février dernier, Yango a poursuivi ses activités de manière illégale, opérant sous le radar pendant toute cette période. Cependant, à la mi-août, un accord a été soudainement conclu entre le ministre camerounais des Transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, Yango et son partenaire local, Enangue Holding, qui a été désigné pour gérer la flotte de véhicules de la plateforme, note Jeune Afrique.
Le ministre des Transports a délivré une autorisation provisoire à Yango pour offrir ses services de transport par taxi via sa plateforme. Cette licence est valable pour une année, avec la possibilité de renouvellement, mais elle est conditionnelle à la représentation locale de Yango par Enangue Holding.
Il est intéressant de noter que Yango, souvent appelé l'« Uber russe », a dû collaborer étroitement avec Enangue Holding, une entreprise locale dirigée par Michel Guy France Awana Ateba. Ce dernier, réputé pour ses liens étroits avec Moscou et agissant en tant que consultant en relations publiques pour la plateforme russe, a joué un rôle crucial dans la levée de la sanction. Enangue Holding a notamment facilité l'accord entre Yango et les syndicats du secteur du transport urbain, ce qui a contribué à la levée de l'interdiction.
Le processus de levée de la sanction a également impliqué la résolution de problèmes de conformité, tels que le non-respect par Yango de la réglementation concernant les conditions d'accès aux professions de transporteurs routiers et auxiliaires de transport routier. L'objectif était de garantir que les véhicules utilisés par les chauffeurs de la plateforme soient en conformité avec les normes requises, souligne JA.
Un élément notable est l'intervention du président camerounais, Paul Biya, dans cette affaire. Ce n'est qu'à l'occasion du sommet Russie-Afrique que les ambitions de Yango ont finalement été autorisées à se concrétiser. Une source proche du dossier a révélé à Jeune Afrique que Paul Biya lui-même a initié une rencontre entre le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, et deux hauts responsables de Yango, dont Adeniyi Adebayo, directeur Afrique de l'entreprise. Cette réunion, qui a eu lieu à Saint-Pétersbourg, a considérablement accéléré les négociations et conduit à ce dénouement inattendu.