Une affaire de corruption impliquant des millions de francs CFA et un banquier a déclenché une véritable guerre ouverte entre des officiers de la Gendarmerie Nationale du Cameroun. Cette affaire, qui a débuté en octobre 2023, a conduit à des accusations croisées, des sanctions controversées et une enquête en cours. C'est ce que le lanceur d'alerte Boris Bertolt a révélé dans une de ses publications sur sa page Facebook
Le 14 octobre 2023, le colonel Olivier Ekani, commandant du Poste de Commandement Opérationnel (PCOPS) de la gendarmerie, reçoit une information explosive. Alain Ekassi et Patrice Eyebe, un employé civil de la Gendarmerie, l'alertent sur les activités suspectes d'un certain Jean Gakam, banquier à Afriland First Bank. Ce dernier est accusé de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Le colonel Ekani transmet l'information au colonel Jean Pierre Otoulou, commandant de la légion de gendarmerie, qui ouvre une enquête. Jean Gakam est convoqué et interrogé par la capitaine Mengouem. Cependant, l'enquête prend rapidement une tournure inattendue.
Quelques jours après l'interrogatoire, le colonel Ekani apprend que Jean Gakam aurait versé 25 millions de francs CFA pour "étouffer l'affaire". Ekani décide alors de mener sa propre enquête et confronte Gakam, qui admet avoir versé cette somme au colonel Otoulou.
Alors que l'enquête du colonel Ekani progresse, il reçoit l'ordre inattendu du colonel Otoulou d'arrêter ses investigations. Peu après, le Secrétaire d'État à la défense, Galax Etoga, ordonne une enquête contre le colonel Ekani lui-même, l'accusant d'avoir pris de l'argent à Gakam pour étouffer l'affaire.
L'enquête, menée par le colonel Ze Olama, aboutit à des sanctions contre le colonel Ekani, qui est muté à Maroua, et la capitaine Mengouem, suspendue et affectée dans le Nord.
Cependant, le colonel Ekani conteste vivement ces conclusions. Il accuse le colonel Ze Olama d'avoir été corrompu par Jean Gakam pour protéger le colonel Otoulou et la capitaine Mengouem, tout en le désignant comme bouc émissaire.
Face à cette situation, le colonel Ekani a déposé un recours en annulation de sanction auprès du ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo. Ce dernier a confié l'enquête à la sécurité militaire, soulignant la gravité de l'affaire et ses potentielles ramifications au sein de l'institution.
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur l'intégrité de certains officiers de haut rang au sein de la Gendarmerie Nationale. Elle met en lumière les possibles connexions entre le monde bancaire et le financement d'activités illégales dans des régions sensibles du Cameroun.
Alors que l'enquête se poursuit, cette guerre interne au sein de la gendarmerie pourrait avoir des répercussions importantes sur la confiance du public envers l'institution et sur la stabilité sécuritaire du pays.
Les observateurs attendent avec impatience les conclusions de l'enquête de la sécurité militaire, qui pourraient révéler l'étendue réelle de cette affaire de corruption et ses implications pour l'avenir de la Gendarmerie Nationale du Cameroun.