URGENT : des émissaires chez Paul Biya, retournement de situation dans la crise du NOSO

Etoudi est en colère contre le Canada

Thu, 23 Mar 2023 Source: www.camerounweb.com

Selon les informations exclusives révélées par le lanceur d’alerte Boris Bertolt, le gouvernement canadien envoie un émissaire à Yaoundé pour relancer les négociations autour de la crise anglophone.

« Afin de relancer les négociations autour de la crise anglophone, le gouvernement canadien envoie à Yaoundé un émissaire pour discuter avec les autorités camerounaise suite à l’arrêt des discussions en janvier 2023 par Paul Biya après leurs révélations par la ministre canadienne des Affaires Étrangères, Melany Jolie. Peter MacDougall, sous-ministre délégué des affaires étrangères, est attendu à Yaoundé entre le 25 et le 27 mars 2023. Les préparatifs s’activent au ministère des Relations extérieures », a précisé le lanceur d’alerte



Crise anglophone, médiation canadienne : Une demande particulière adressée à Paul Biya



Il faut que Paul Biya réagisse. L’avocat et défenseur des droits de l’Homme soutient que le gouvernement était bel et bien au courant de l’offre de médiation canadienne et appelle le chef de l’Etat à cesser d’écouter ceux pour qui la guerre dans le NoSo constitue un fonds de commerce.

Une attaque visant des employés de la CDC et revendiquée par un groupe séparatiste a fait cinq morts à Tiko le week-end dernier ; plusieurs autres attaques ont été signalées ça et là dans la zone anglophone. Est-ce le signe que les groupes terroristes reprennent du poil de la bête dans le Nord-Ouest et le SudOuest?

En fait, la violence n’est jamais finie dans ces deux régions, même si elle a baissé en intensité à un moment donné. A un moment donné il y a eu un calme qui aurait pu tromper les uns et les autres. C’est le propre des conflits armés. Il y a eu d’autres attaques pendant les fêtes de fin d’année. Ce qui s’est produit le week-end dernier à Tiko et qui a un lien avec le boycott du mot d’ordre des « villes mortes » et de la fête de la jeunesse est insoutenable. Ces gens ne cherchaient que du pain pour leurs famille ! On ne peut pas prétendre se battre pour une population et tuer en même temps des gens de cette façon. Comme on dit en droit international humanitaire, vous ne pouvez pas vous en prendre à des gens qui ne sont pas partie prenante à des hostilités. Si c’était des personnes armées, on parlerait d’une crime de guerre. Mais, dans le cas précis, c’est un crime contre l’humanité. Il y en a qui pensent que c’est un acte pour pousser le gouvernement à négocier avec les séparatistes, mais la cible est très mal choisie. D’un autre côté, il faut dire que le gouvernement dont le rôle est précisément de protéger les civils a échoué.

Vous êtes sans doute déçu du rejet par le gouvernement du Cameroun de l’offre de médiation du Canada en vue d’une solution négociée du conflit…

Il n’y a pas de raison que le gouvernement ait refusé l’offre de médiation du Canada. Avoir un médiateur dans une crise qui a fait autant de dégâts n’est pas donné. Les gens qui vivent dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest n’espèrent qu’une chose, que cette sale guerre prenne fin. Directement ou indirectement, quand on tue une personne dans une communauté, c’est toute la communauté qui porte le deuil. Quand on brûle une maison, quand on arrête des enfants, c’est toute la communauté qui souffre. Malheureusement, ceux qui vivent à Yaoundé ou ailleurs dans la partie francophone ne savent pas toujours ce que vivent leurs frères du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. J’ai pris part cette semaine à Yaoundé, à l’invitation de fondation Friedrich Ebert, à un atelier à l’intention des femmes du Cameroun. Une fille est venue témoigner comment des hommes armés, des Amba Boys, ont fait irruption chez, l’ont violé tour à tour devant ses propres parents en forçant ceux-ci à applaudir la scène et chanter. Ils l’ont ensuite emmené dans une forêt et en ont fait leur esclave sexuelle. Après trois mois, elle a réussi à échapper à ses ravisseurs. Ce traumatisme passé et alors qu’elles allaient un matin à l’école, sa petite sœur et elle ont été enlevées par un autre groupe armé qui les ont non seulement violés à plusieurs reprises, mais ils ont demandé une rançon de quatre millions Fcfa aux parents. Ceux-ci ont presque tout vendu ce qu’ils avaient pour payer cet argent. Elle avait rejoint sa famille avec une grossesse et fini par accoucher un enfant fruit de ce viol. Les gens qui prennent les décisions à Yaoundé peuvent-ils se mettre un peu à la place de parents de ces victimes ?

Le gouvernement estime que le dialogue a eu lieu et que c’est du côté des séparatistes qu’il faudrait faire preuve de bonne foi…

C’est très facile de dire qu’on ne veut pas d’un nouveau dialogue. La jeune fille dont je parle étant tout en pleurs en donnant ce témoignage. Il faut tout ceux qui, dans ce pays, ont le pouvoir d’arrêter cette salle guerre fassent tout pour qu’elle prenne fin. On ne peut s’en sortir qu’en allant à la table des négociations. Ça peut traîner, mais on va finir parlà. Pourquoi ne pas le faire aujourd’hui afin d’éviter que d’autres filles subissent ce que je décris plus haut ? Il faut sauver la population civile. Les militaires et mêmes ceux qui ont pris les armes contre l’Etat et qui meurent dans ce conflit sont aussi nos enfants, nos frères et sœurs. J’ai été très choqué par ce témoignage. Quand les coulisses de la médiation canadienne se déroulaient, je vous assure que j’étais très fier du gouvernement. Dans diverses interventions sur la BBC, Al Jazeera, etc., j’ai soutenu que cette fois le gouvernement faisait montre de sa bonne foi.

Vous confirmez donc que certaines autorités camerounaises étaient au courant, voire impliquées dans les démarches en vue de cette médiation avortée, malgré les dénégations du gouvernement ?

J’ai échangé avec plusieurs personnes au Canada et aux Etats-Unis, je sais que le gouvernement était au courant de ces démarches. Je sais qu’il y a une guerre des réseaux au Cameroun, mais je redis au Président Paul Biya qui vient de fêter ses 90 ans et qui vient de s’adresser à la jeunesse camerounaise, qu’il est notre papa. C’est le père de la nation ; il ne peut pas avoir le sommeil tranquille quand ses enfants ne dorment pas. Il ne peut pas être tranquille quand on viole ses enfants, quand on les tue, quand on les arrête et les jette en prison trois, quatre ans sans jugement. Le chef de l’Etat doit réagir ; il doit faire quelque chose. Il ne peut pas continuer à écouter des gens qui n’ont pas intérêt à ce que la paix revienne au Cameroun. M. le Président, cessez d’écouter vos ministres qui ne veulent pas que la guerre finisse, qui instrumentalisent cette guerre pour rester ministres. Beaucoup se servent de cette guerre comme d’un fonds de commerce ! Vous un chrétien de premier plan ; le Pape François a soutenu cette démarche de médiation. Vous devez écouter votre conscience.

Source: www.camerounweb.com