Les enlèvements des personnes par les éléments des forces de l’ordre en complicité avec les civils sont le sujet de l’heure. Beaucoup de citoyens ont été victimes de la pratique. Comment s’en sortir ? Le lanceur d’alerte N’zui Manto donne des pistes.
À l’attention des populations de Douala, Yaoundé, Buea et Bamenda. Pendant de nombreuses années, des gendarmes, militaires assistés par des civils enlèvent des membres de vos familles dans la rue, en pleine journée et exigent des rançons dans des brigades.
1- Comment savoir si vous êtes en présence de ces dangereux individus ? Ils sont toujours en civil, maximum 4 personnes et circulent à bord des véhicules banalisés. Deux des quatre individus sont des gendarmes et les autres, des civils jouant le rôle d’indics.
Ces indics sont parfois recrutés auprès des chefs de quartier, dans les snacks où vous buvez, dans les restaurants où vous mangez ou dans certaines communautés ciblées. C’est le cas de l’anglophone Blaise chargé d’identifier ses frères anglophones commerçants ou hommes d’affaires.
2- Quel est leur mode opératoire ? Votre apparence soignée est un indice. Une preuve que vous avez de l’argent. L’un des indics vous interpelle, simule un contrôle d’identité. Si vous commencez à soupçonner une anomalie, son complice le gendarme sort du véhicule s’avance vers vous muni d’un ordre de mission ou de son arme, ses menottes.
Il vous obligera par la suite à avoir accès au contenu de votre téléphone portable prétextant agir dans le cadre d’une enquête sur la cybercriminalité. Ils vous accuseront alors d’être un scammer recherché par les autorités. Vous serez violenté, enlevé de force et embarqué dans leur véhicule le plus souvent pour la 2ème région de Bonanjo. Là-bas, leurs complices tous des gendarmes ne vous écouteront pas et soutiendront les fausses accusations inventées par leurs collègues.
Plus vous clamez votre innocence, plus vous serez battu et contraint d’avouer être un scammer (si vous êtes francophone ou Bamoun) ou un proche d’ambazoniens si vous êtes anglophone. Ils vous obligeront de passer aux aveux devant l’objectif des caméras de leurs téléphones qui vous filment. Les images de vos aveux seront sorties aux cas où la justice s’en mêle plus tard. Sous la menace d’être gardé à vue puis envoyé en prison, ils vous exigeront entre 1 000 000 et 3 000 000 de francs CFA en fonction de votre statut social jugé sur votre apparence.
3- Que faire en présence de ces individus lorsqu’ils vous interpellent dans la rue ? Criez ! Alertez au maximum les passants, les bensikineurs ! Criez ô voleurs ! Ô bandits ! Vous aurez une chance de vous en sortir. Ne commettez pas l’erreur de les suivre ou de les laisser vous embarquer. Camerounais, défendez-vous ! Défendez-vous !