Des mouvements d’humeur sont constatés dans la localité de Meyomessala après la découverte du corps d’une jeune dame mutilé. Selon les sources, plusieurs organes de la dépouille ( partie génitale, yeux, seins…) ont été enlevés par les présumés assassins. Trois personnes ; un Bamoun et deux ressortissants de la région de l’Extrême-Nord ont été arrêtés. Cette opération des forces de l’ordre n’a pas calmé la population qui a décidé d’en découdre avec les Bamoun résidant dans la localité.
Ces tensions communautaires selon les informations ont été maitrisées par la garde présidentielle car le président de la République et son épouse sont à Mvomeka à quelques pas de la localité.
« Les tensions communautaires entre Bulu et Bamoun sont retombées suite à l’intervention des forces de sécurité qui ont pris possession de la ville pour empêcher des pillages. La garde présidentielle est directement intervenue. D’autant plus que Paul Biya et son épouse sont juste à côté à Mvomeka », indique la source.
Le messie de Mvomeka’a
Au Cameroun, la maîtrise des discours du chef d’État est évaluée à l’école. Les autorités traquent les signes de « désintéressement » des jeunes générations…
Paul Biya est peut-être tout à la fois le politicien le plus absent et le plus présent de la vie publique camerounaise. Le deuxième président du Cameroun ne prise guère les conseils des ministres auxquels il lui est arrivé de ne pas participer pendant plusieurs années d’affilée. À l’inverse, il affectionne les séjours privés à l’étranger, villégiatures dont les destinations sont plus ou moins clairement indiquées, les durées parfois omises et les budgets souvent exorbitants –800 000 euros pour trois semaines de vacances dans la station balnéaire française de La Baule en 2009.
Si l’image de l’arlésienne Biya est par ailleurs omniprésente, ce n’est pas seulement parce que les Camerounais affectionnent, comme tant d’autres, les pagnes de campagne à l’effigie du candidat ou les portraits officiels dans la moindre boutique – par exemple devant l’estrade à l’inauguration d’un magasin Carrefour à Douala, en septembre dernier. Alors que Paul Barthélemy Biya’a bi Mvondo célébrera, l’année prochaine, le quarantième anniversaire de son arrivée au pouvoir et soufflera, l’année suivante, ses 90 bougies, des thuriféraires se chargent d’instiller l’imagerie du timonier dans l’esprit de chaque citoyen. À commencer par les plus jeunes d’entre eux…
Le 1er mars dernier, quelques semaines après une intervention de Paul Biya adressée à la jeunesse, le gouverneur de la région du Sud exprimait, en ces termes, son indignation dans un courrier adressé à la déléguée régionale des enseignants secondaires du Sud : « Il m’a été donné de constater le désintéressement des jeunes relativement au discours du chef de l’État le 10 février 2021 ». Sans tergiverser, Felix Nguele Nguele enjoignait son interlocutrice à « prescrire aux chefs des établissements secondaires l’évaluation des élèves sur le contenu du message ».
Le doigt sur la couture du pantalon, des enseignants n’hésitent pas à distiller, dans leurs cours et sujets d’examen, les éléments de langage des communicants présidentiels. Ainsi circule un récent sujet d’« évaluation sommative » du lycée bilingue de Garoua où la « vérification des savoir-être » s’appuie sur six lignes du discours du 10 février. De cette prose dont le style emphatique n’a pas grand chose à voir avec Ferdinand Oyono ou Mongo Beti, les élèves doivent faire ressortir, pour 4 points, les « attitudes civiques » et les « raisons de ces attitudes ».
Dans son ouvrage « Le culte de la personnalité au Cameroun », l’essayiste Enoh Meyomesse rappelle que l’entourage de Paul Biya a placé la vénération du chef de l’État au rang de sport national, présentant tout événement sportif ou tout don anti-Covid comme des largesses personnelles du « messie » de Mvomeka’a. Des internautes se demandent si le Cameroun est vraiment entré dans le XXIe siècle. Le 13 février dernier, date anniversaire du président, était annoncée l’érection prochaine d’un monument à la gloire de Paul Biya, sur une superficie de 3 000 m2, dans la localité de Sangmélima, l’une des villes de son enfance.