Un avocat demande la démission de Joshua Osih de ses fonctions de vice-président du SDF

Il s’agit de Me. Ndiva Kofele Kale, Professeur Emérite de Droit et Avocat de Marafa

Mon, 20 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

Un avocat a demandé à ce que Joshua Osih soit démis de ses fonctions au sein du SDF. Il s’agit de Me. Ndiva Kofele Kale, Professeur Emérite de Droit et Avocat de Marafa.

« L’injection du sang neuf dans toute organisation politique, et particulièrement pour une aussi sclérosée que le Comité Exécutif National (NEC) du SDF, est un acte salutaire. Si, et c’est un grand si, les récentes cooptations et nominations au NEC émanent d’une volonté de rajeunir la direction du parti et pas simplement un alibi pour faire la purge à l’effet de mettre à l’écart les "indésirables idéologiques", alors tout va bien. À vrai dire, c’est depuis très longtemps qu’on attendait ces réaménagements au sommet. Des démissions étaient attendues en 2018 lorsque le porte-étendard du parti à la présidentielle put à peine revendiquer 4 % des suffrages exprimés. C'est par ici que le nettoyage au sommet du parti aurait dû commencer. Cela aurait été conforme à nos principes et valeurs fondamentaux et conforme à notre tradition et à nos pratiques sociales-démocrates. Les exemples de cette pratique dans nos partis sociaux-démocrates frères du monde entier abondent », indique-t-il.

« Le comportement des dirigeants du PS français, notre parti frère à l'Internationale Socialiste, est exemplaire et digne d'émulation. Lionel Jospin a présenté sa démission en tant que patron du Parti Socialiste après deux tentatives infructueuses à la présidence française. Quelques années plus tard, le président François Hollande, qui a succédé à Jospin au poste de premier secrétaire du PS et porte-étendard à l’élection présidentielle française de 2012, suivra le bon exemple de son prédécesseur en prenant tranquillement sa retraite politique lorsque ses chances d'obtenir un second mandat présidentiel ont maigri comme peau de chagrin à la fin de son premier mandat en 2017. Nous pouvons également prendre le cas du Parti Travailliste britannique, un autre parti frère de l'Internationale Socialiste, dont la fondation Westminster Foundation a financé bon nombre de nos ateliers et séminaires de renforcement des capacités au cours de ces trois dernières décennies. Lors des élections générales britanniques du 6 mai 2010, les travaillistes ont perdu leur majorité à la Chambre des communes, terminant deuxième derrière les conservateurs, bien qu'aucun des deux partis n'ait obtenu la majorité. Peu de temps après, Gordon Brown a annoncé qu'il quittait son poste de leader travailliste. Le 11 mai, après l'échec des négociations pour former un gouvernement de coalition avec le parti des Libéraux-Démocrates, sorti troisième, Brown a démissionné de son poste de Premier Ministre », a-t-il ajouté.

« L'Allemagne où la social-démocratie a fait ses débuts et dont le Parti Social-Démocrate (SPD) à travers sa fondation Friedrich Ebert Stiftung accompagne le SDF depuis les années 1990 dans sa marche vers un avenir démocratique a aussi beaucoup à nous apprendre sur le leadership en général et en particulier sur la vocation d’un leader à assumer ses actes, surtout en réponse à ce que réclame la base. Le Chancelier Gerhard Schroeder fut contraint de démissionner de son poste de chef du parti SPD face aux critiques internes furieuses contre ses réformes gouvernementales. Pendant un peu plus de deux décennies, les dirigeants du SDF ont côtoyé ceux du PS, du SPD, du Labour et bien d'autres à travers le monde lors des sommets annuels de l'Internationale Socialiste. Ce qui nous amène à nous demander : quels aspects de la social-démocratie, lesquels de ses valeurs et principes fondamentaux nos propres dirigeants ont-ils ramenés au Cameroun pour partager avec les camarades du parti ? », a-t-il poursuivi dans sa lettre.

« Hormis 2018, un changement de garde similaire était à nouveau attendu en février 2019 lorsque le parti a décidé de présenter des candidats aux élections municipales et législatives en violation flagrante d'une résolution du NEC de ne pas participer à ces élections jusqu'à ce que l'insurrection dans les régions anglophones soit maîtrisée. Ils sont allés de l'avant sans s’offusquer du fait que les bastions du SDF que sont les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest étaient en guerre, ce qui rendait impossible la tenue d'élections crédibles là-bas. Sans surprise, le parti en est sorti meurtri et exsangue avec cinq (5) sièges à l'Assemblée Nationale, contre seize (16) à l'Assemblée précédente. L'ironie c’est que les artisans des deux défaites électorales les plus humiliantes du SDF en 32 ans d'existence sont toujours aux commandes ! Je pense qu'ils devraient prêcher par l'exemple, s'inspirer de leurs collègues du PS, du SPD et du Labour, et auraient dû être les premiers à saisir cette opportunité pour passer le relais à une nouvelle génération de dirigeants. Ce n'est que grâce à un tel nettoyage en gros, et non un nettoyage partiel et partial, que l'on peut donner un vrai sens à l'affirmation du Président National selon laquelle les changements de personnel qu'il vient d'orchestrer « permettront d'atteindre une meilleure efficacité organisationnelle ». En ce qui concerne les changements dans le Shadow Cabinet, les statuts du parti confèrent au Président National le pouvoir de nommer et de révoquer au sein de cet organe. Il s'ensuit donc que tous les membres du Shadow Cabinet servent au gré du président », indique-t-il avant de conclure que « c’est ainsi que j’ai exercé en tant que responsable des affaires juridiques et judiciaires depuis 2006. Je n'ai rien contre sa décision de me décharger de cette responsabilité. Seize ans à embrasser le même poste, c'est long ! Si j'avais un peu de bon sens, il y a bien longtemps que j'aurais tendu ma démission pour faire place à du sang neuf ! Quoi qu'il en soit, le Chairman m'a aidé à prendre cette décision et je l'en remercie infiniment. »

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