L'interdiction de la cérémonie d'installation des responsables du MRC à Ebolowa suscite des inquiétudes et des interrogations légitimes. On ne peut ignorer les implications de telles actions sur la démocratie et les droits civiques au Cameroun.
Lorsque l'on parle de "coup d'État institutionnel", il s'agit de manœuvres visant à entraver le fonctionnement démocratique en usant de pratiques telles que la répression des droits civiques des partis politiques de l'opposition, la fraude électorale, ou encore le rejet de systèmes électoraux crédibles. Ces actions entravent le processus de démocratisation et la possibilité d'une alternance démocratique.
Il est essentiel de maintenir un espace démocratique où la libre expression, le droit de manifester, et la participation politique des partis de l'opposition sont respectés sur l'ensemble du territoire national. Les restrictions discriminatoires en fonction des régions ne correspondent pas à l'esprit de la démocratie.
Cependant, il est important de souligner que tout en exprimant ces préoccupations, cela ne constitue pas un appel au coup d'État. En tant que démocrate, il est possible de critiquer les pratiques anti-démocratiques sans promouvoir des solutions non démocratiques. La démocratie repose sur le respect des droits civiques et des processus électoraux transparents.
Arlette Framboise Doumbé Ding revient sur la question dans une récente sortie que voici :
« L'interdiction de la cérémonie d'installation des responsables du MRC à Ebolowa est semblable à un coup d'État.
Et après on nous dit qu'on ne veut plus entendre parler du coup d'État au Cameroun ?
Est-ce à dire qu'il vaut mieux faire un coup d'État plutôt que d'en parler ? Mais quelle incohérence communicationnelle .
Voici ce qu'avait dit le président libérien au sujet de la CEDEAO qui s'apprêtait à intervenir au Niger suite au coup d'État qui avait renversé le président Bazoum :
« On ne peut pas condamner des coups d’État militaires lorsqu’on ne condamne pas ceux qui font des coups d’État institutionnels »
Maintenant, en quoi consiste ces coups d'État institutionnels ?
Elles consistent à frauder aux élections, à saper les processus de démocratisation, à torpiller l'exercice des libertés, a museler l'opposition par divers moyens y compris par l'instrumentation de l'autorité administrative pour interdire des choses aussi banales que la cérémonie d'installation des responsables nouvellement élues d'un parti politique. Tout cela vise évidemment à empêcher les possibilités d'alternance démocratique. Il s'agit bel et bien d'un coup d'État institutionnels au sens du Président Libérien George Weah.
Ma question est la suivante : peut-on logiquement et en toute responsabilité interdire de parler du coup d'État au Cameroun pendant qu'on y préparent ou exécutent un coup d'État institutionnels à travers la répression permanente des droits civiques des partis politiques de l'opposition ou le rejet de tout système électoral crédible ? La ficelle voyez-vous semble trop grosse pour ne pas être vue.
NB : ceci n'est pas un appel au coup d'État car je suis clairement opposée au coup d'État au Cameroun en tant que démocrate. Mais en tant que démocrate, je ne saurais fermer les yeux sur les coups d'État institutionnels qui ne sont en rien différents des coups d'État militaires. Je pense qu'on doit évoluer vers une situation où on respecte à libre expression et le droit de manifester des partis politiques sur l'ensemble du territoire national. Je dénonce fermement l'interdiction de la cérémonie d'installation des responsables du MRC à Ebolowa. Ebolowa fait partie du Cameroun et n'est donc pas une terre étrangère fermée à certains...
Il est inadmissible que la région du Sud soit quasiment interdite aux partis de l'opposition alors que le rdpc organise ses manifestations dans toutes les régions du Cameroun . Cette discrimination ne correspond pas à l'esprit de la démocratie. Nous la condamnons d'autant fermement que les raisons mises en avant par l'autorité administrative pour interdire la cérémonie prévue par le MRC sont absolument farfelues. Il faut que cette pratique rétrograde, tribaliste et antidémocratique cesse.»