Un coup d'État financier diplomatique: Révélations exclusives de Jeune Afrique

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Wed, 5 Feb 2025 Source: www.camerounweb.com

Le gouvernement camerounais a pris le contrôle total du processus de cession de Société Générale Cameroun, développant une stratégie financière complexe et souveraine qui redéfinit les contours du secteur bancaire national.

Dès les premiers mois de l'année 2024, le ministère des Finances a entrepris une démarche méticuleuse pour maîtriser la cession de la banque. Louis Paul Motaze, gardien vigilant des intérêts économiques camerounais, a initié une série de démarches diplomatiques auprès de Société Générale. Sa première intervention, en avril, visait à sonder précisément les intentions du groupe français concernant sa filiale camerounaise.

Le 5 juillet, une correspondance officielle est venue confirmer la détermination de l'État. En invoquant formellement le droit de préemption inscrit dans le pacte d'actionnaires, le gouvernement a suspendu net les négociations avec Coris Bank International, jusque-là considérée comme le repreneur privilégié.

La proposition gouvernementale d'acquérir 58,08 pour cent des parts pour 122 milliards de francs CFA témoigne d'une approche stratégique particulièrement élaborée. Les experts financiers y voient une double perspective stratégique.

La première dimension concerne l'optimisation économique pure : l'objectif serait de racheter les parts pour les revendre ultérieurement avec une plus-value substantielle. La seconde relève de la souveraineté bancaire : sélectionner minutieusement un investisseur capable de garantir la croissance et la stabilité de l'établissement.

L'année électorale 2024 ajoute une dimension géopolitique à cette manœuvre. Un banquier camerounais, ayant requis l'anonymat, résume la position nationale : « Le Cameroun ne confiera pas cette banque à un groupe ouest-africain. Ce sera un consortium local ou un groupe international majeur qui l'emportera. »

Malgré l'éviction de Coris Bank International, plusieurs candidats demeurent en lice. Bred Banque Populaire, les banques nigérianes comme Zenith Bank et Access Bank, ainsi que des consortiums locaux, sont désormais dans la course.

Cette stratégie s'inscrit dans une dynamique continentale observée récemment en Mauritanie et au Congo. Dans ces deux pays, les gouvernements ont systématiquement exercé un contrôle souverain sur les transactions bancaires, confirmant l'émergence d'une nouvelle approche économique africaine.

Source: www.camerounweb.com