Monsieur le Premier ministre,
Ce sont les crimes de l’État hébreu au Cameroun qui m’amènent à vous écrire.
Votre curriculum vitae m’apprend que vous étiez l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies (ONU) entre 1984 et 1988. Aviez-vous trempé dans les crimes que votre pays commit au Cameroun pendant cette période-là ? Voilà une question à laquelle vous devez répondre.
L’explosion du lac Monoun et la catastrophe du lac Nyos
Dans la nuit du 15 au 16 août 1984, il y eut une explosion dans le lac Monoun qui se trouve à Njindoun, un village du département du Noun, dans l’ouest de mon pays. Les émanations de la substance projetée provoquèrent la mort de 37 personnes. Donc, elles moururent asphyxiées.
En ce temps-là, j’avais 11 ans, je résidais à Bangangté, le chef-lieu du département du Ndé. Le département du Noun porte le nom du cours d’eau qui le sépare du département du Ndé. J’aurais certainement été foudroyé par l’odeur pestilentielle si elle s’était étendue jusqu’à ma ville natale.
Mais l’arme de destruction massive dont Israël fit l’essai la première fois à Njindoun était encore perfectible. Vu que le nombre des victimes de l’explosion du lac Monoun ne fut pas élevé, très peu de Camerounais en eurent vent. Le régime Biya passa l’événement sous silence. Au départ, l’État hébreu avançait à tâtons ; il mit du temps pour trouver la bonne adresse, un peu comme une puce cherchant le meilleur endroit pour pénétrer dans le pied.
Yitzhak Shamir, Premier ministre israélien du 10 octobre 1983 au 12 septembre 1984, tira un chèque d’un montant de 250.000.000 FCFA (deux cent cinquante millions). C’est le directeur de la Reynolds Construction Company-Cameroon (RCC-C) qui fut chargé de remettre ledit chèque. En effet, cette filiale camerounaise de la société israélienne SOLEL BONEH avait obtenu le marché de la voirie à l’occasion du Comice agropastoral de Bamenda en 1984.
Après s’être fait éconduire par quelques personnes responsables au ministère des mines du Cameroun, le directeur de la RCC-C se décida à demander une audience au président Biya. Ce dernier sauta sur la proposition et donna son feu vert pour l’essai de l’arme de destruction massive dans le lac Monoun. De ce fait, il participa activement au premier crime commis par l’État hébreu au Cameroun. Comme je l’ai dit plus haut, la substance méphitique dégagée par l’explosion du lac de Njindoun expédia 37 paisibles villageois dans l’autre monde.
Monsieur le Premier ministre, votre pays ne fut pas entièrement satisfait du résultat du premier essai. Aussi, vos chercheurs entreprirent-ils de rendre l’arme meilleure. Au bout de deux ans, ils estimèrent qu’elle était prête pour un second essai. Shimon Peres, successeur d’Yitzhak Shamir, n’eut pas besoin de chercher la bonne adresse, puisque le diable Biya avait déjà accepté 250.000.000 FCFA sans la moindre hésitation. Néanmoins, Peres se déclara prêt à lui faire don du double de ce montant.
La condition qu’il mit à son offre était que le dictateur camerounais permette au gouvernement de son pays de faire l’essai de la substance derechef. Comme il fallait s’y attendre, l’homme cupide et sans scrupules accorda son assentiment à Jérusalem. C’est ainsi que le second essai fut effectué. Cela eut pour conséquence que le lac Lwi – communément appelé lac Nyos – explosa. C’était dans la nuit du 21 au 22 août 1986. Les émanations pestilentielles de la substance ayant provoqué cette déflagration firent périr près de 2000 personnes, 3500 têtes de bétail, de nombreux oiseaux de basse-cour, des animaux sauvages, et même des insectes !
À cela, il faut ajouter que plusieurs centaines de survivants furent hospitalisés. Sept villages furent frappés par cette catastrophe, à savoir Nyos, Cha, Subum, Mundabi, Fang, Koshin et Mashi. Ces localités se trouvent dans la Région du Nord-Ouest, au Cameroun. Vu l’ampleur de la catastrophe, le régime Biya était dans l’impossibilité de la cacher. Il jugea nécessaire de mentir à l’opinion et de tirer profit du malheur des sinistrés.
Ainsi, il racontait que la cause de la catastrophe était naturelle, qu’une nouvelle explosion risquait de se produire, que les survivants étaient exposés aux risques d’épidémie, qu’il était urgent de les faire sortir de la zone sinistrée et les installer autour de ladite zone. Il utilisa ce tissu de mensonges pour justifier son appel à l’aide – appel qu’il lança aussi bien à la population locale qu’aux pays étrangers.
Le gouvernement israélien permit au régime de répandre les fausses informations ainsi que l’appel à la solidarité aux quatre coins du monde. Quatre jours après l’explosion du lac Nyos, Shimon Peres atterrit à Yaoundé. Parmi les gens de sa suite, il y avait une dizaine de journalistes. Il est indéniable que le Premier ministre israélien était venu au Cameroun pour remercier le dictateur Biya de sa contribution dans la réussite des essais de l’arme de destruction massive et pour l’aider en même temps à suggestionner l’opinion. Mais Peres oubliait qu’il s’était trahi par sa venue ! Bien évidemment, Biya et lui cachèrent le vrai motif de cette visite au public.
Au cours d’une conférence de presse qu’ils tinrent, ils racontèrent aux journalistes que cette visite – de 48 heures – s’inscrivait dans le cadre du rétablissement des relations israélo-camerounaises qui furent rompues treize ans auparavant, après que l’État hébreu eut annexé le Sinaï égyptien. La conférence de presse n’était qu’une partie de la mise en scène trompeuse au Palais de l’Unité. Déjà lors du déjeuner officiel, Biya et Peres prononcèrent chacun une allocution dénotant la ruse.
Les deux finauds réussirent à faire penser et agir le public dans les sens qu’ils avaient choisi. Les journalistes, les scientifiques, les juristes, les poètes, les philosophes, les politiciens, les diplomates, les religieux, les mages, tous chantèrent la chanson de la « catastrophe naturelle » composée par le duo diabolique. Ils étaient comme des jouets téléguidés.
Le dictateur camerounais reçut une grande quantité de messages de condoléances, parmi lesquels celui de Richard von Weizsäcker, président de la RFA. Ce dernier lui écrivit : « C’est avec une grande émotion que j’ai appris la nouvelle de la grave catastrophe naturelle qui a coûté la vie à tant de personnes dans le Nord-Ouest de votre pays.
À cette occasion, je vous transmets, aussi au nom du peuple allemand, mes sincères condoléances. Soyez assuré, Monsieur le Président, que la République fédérale d’Allemagne participera, dans l’esprit de l’amitié traditionnelle avec le peuple camerounais, aux efforts de la communauté internationale visant à venir en aide aux populations si grièvement frappées par la catastrophe. »
Helmut Kohl, chancelier de la RFA, envoya un message similaire au despote. Dans un premier temps, il lui parla de la profonde émotion que « la nouvelle de la grave catastrophe naturelle » du lac Nyos a suscitée chez lui, et lui présenta les condoléances du gouvernement ainsi que celles de la population allemande. Dans un second temps, il parla des mesures prises en faveur des sinistrés : « En même temps », dit-il, « je vous offre notre aide pour soulager la détresse des familles des victimes ainsi que d’autres survivants de la catastrophe. L’ambassade de mon pays à Yaoundé a été priée de se mettre en contact avec les autorités compétentes camerounaises à cette fin. »
Du 1er au 4 septembre 1986, Paul Biya effectua une visite officielle en RFA. Au terme de son séjour, il adressa à Richard von Weizsäcker une lettre de remerciement dont l’avant-dernière phrase est la suivante : « Je prie enfin une fois de plus Votre Excellence d’accepter et de transmettre au peuple allemand et à son gouvernement l’expression de notre vive gratitude pour les marques de sympathie dont le peuple camerounais et son gouvernement ont été l’objet ainsi que pour l’aide consentie à l’occasion de la catastrophe naturelle qui a endeuillé le Cameroun. »
Erich Honecker, président du Conseil d’État de la République démocratique allemande, crut aussi l’information selon laquelle une « catastrophe naturelle » s’était produite à Nyos. Par conséquent, il fit parvenir un message de condoléances au Néron africain. Bien qu’il n’abordât pas la question d’assistance aux sinistrés dans ledit message, son pays remit des médicaments d’une valeur de 16.000.000 FCFA (seize millions) ainsi que des dizaines de balles de couvertures aux autorités camerounaises.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands exterminèrent les Juifs d’Europe. Deux ans après la guerre, l’ONU créa l’État juif pour protéger les rescapés. Shimon Peres et Paul Biya se félicitèrent d’avoir suggestionné les Allemands de l’Est et de l’Ouest ainsi que les autres peuples de la Terre.
Même l’évêque Albert Ndongmo fut la dupe des deux hommes d’État, comme l’atteste le message suivant qu’il télégraphia à Biya depuis son exil canadien : « Occasion drame écologique Wum. Vives sympathies et condoléances familles éprouvées. Dieu protège le Cameroun et vous-même. » Quand on considère que Mgr Ndongmo aurait fait partie des centaines de milliers de Bamilékés massacrés par les régimes De Gaulle, Ahidjo et Pompidou si le pape Paul VI n’avait pas empêché qu’on l’exécute, on s’étonne qu’il appelle la protection de Dieu su Biya. Ce denier était l’homme de confiance d’Ahidjo. Cela explique tout.
Comme je l’ai dit plus haut, les scientifiques furent également instrumentalisés par Biya et le gouvernement israélien. J’aimerais illustrer mon propos par un exemple : la conférence scientifique internationale sur la catastrophe du lac Nyos. Elle se tint du 16 au 20 mars 1987 au palais des congrès de Yaoundé. C’est Biya lui-même qui l’avait convoquée. Près de 120 experts y participèrent : c’étaient des volcanologues, des géologues, des géomorphologues, des limnologues, des hydrologues, des géophysiciens, des géographes, des chimistes, des biologistes, des médecins, des vétérinaires, des agronomes, des sociologues, des ethnologues, etc.
Ces scientifiques auraient dû constater que le régime Biya voulait se servir d’eux pour parvenir à ses fins. Après avoir claironné la nouvelle de la « catastrophe naturelle », il les convia à lui dire quelles sont « les causes de la catastrophe naturelle ». C’est vraiment absurde ! En outre, il attendait d’eux qu’ils « définissent les voies et moyens permettant sinon de prévenir, du moins d’atténuer les effets de telles catastrophes à l’avenir. »
Comme des enfants dociles, ils exaucèrent son souhait. Tous étaient d’avis que c’était le gaz carbonique (CO2) qui avait asphyxié les hommes et les animaux. Pour certains, ledit gaz serait provenu d’une explosion de la nappe phréatique sous le lac et aurait traversé celui-ci sous forme de jet. C’est la thèse dite phréato-magmatique ou volcanique. Pour d’autres, le CO2 d’origine magmatique serait sorti petit à petit du sous-sol et se serait dissous dans les eaux profondes du lac. Un séisme ou un glissement de terrain aurait provoqué un renversement de la stratification du lac. Les eaux profondes auraient libéré des bulles de gaz en montant vers la surface. C’est la thèse dite limnique ou de renversement du lac. Je rejette les deux thèses, car elles furent avancées par des scientifiques manœuvrés.
Même les recommandations qu’ils firent n’ont rien à voir avec ce qui s’était passé dans le lac Monoun en août 1984 et dans celui de Nyos deux ans plus tard. Les objectifs de la conférence définis en avance par le régime Biya ne donnaient aucune possibilité aux scientifiques de découvrir la vraie cause de l’explosion des lacs susmentionnés. Ce n’est pas étonnant que les conclusions auxquelles ils arrivèrent fussent, pour ne pas dire plus, en dessous de la vérité.
Abdoulaye Babale, l’actuel directeur général d’Elections Cameroon (ELECAM), était le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à l’époque. C’est lui qui avait prononcé le discours d’ouverture de la conférence susmentionnée. Les attentes du régime y étaient clairement formulées. On ne doit pas se faire des illusions sur Babale : c’est quelqu’un qui pêche en eau trouble. Sous la direction d’un tel individu, ELECAM ne peut pas organiser un scrutin sans recourir à la fraude.
Le régime Biya dupa aussi l’ONU. En effet, il sollicita son « assistance à l’organisation de la conférence scientifique internationale sur la catastrophe naturelle du Lac Nyos». Le projet du même titre suscita l’intérêt de l’organisation internationale qui mobilisa trois de ses organes pour aider à sa matérialisation, à savoir l’UNESCO, le PNUD et la CEA (Commission Économique pour l’Afrique). Le PNUD classa sa contribution dans la catégorie « Prévention catastrophe naturelle », ce qui prouve encore une fois que le régime Biya avait suggestionné l’ONU. Shimon Peres était encore le chef du gouvernement israélien quand Yaoundé demanda à l’ONU de l’aider à organiser la conférence, mais Yitzhak Shamir le remplaça dans cette fonction peu après.
Monsieur le Premier ministre, jusqu’à présent, il a été question de deux crimes commis par votre pays au Cameroun. J’ai montré que le régime Biya en est complice. J’ai aussi montré comment les coupables ont maquillé leurs crimes en phénomènes naturels. De cette façon, ils ont suggestionné le public. Et quand ils ont fait marcher le public, ils se sont dit que le tour est joué. Mais ils ont oublié que les mensonges ne mènent pas loin. Dans une lettre ouverte adressée au président Félix Faure et publiée le 13 janvier 1898, le romancier naturaliste français Émile Zola dit à ce sujet : « Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. »
Monsieur le Premier ministre, je suis conscient du fait que je prends un risque en vous écrivant ces lignes. Votre pays fait partie des plus grandes puissances militaires du monde, il dispose des armes de destruction massives comme les armes nucléaires, la substance méphitique qui causa la catastrophe du lac Nyos, etc. Peut-être qu’il enverra un avion de combat télécommandé pour bombarder nuitamment la zone où j’habite ? Il est aussi possible que le despote Biya envoie des éléments du BIR pour me cribler de balles. Ceci me permet d’aborder le troisième crime de l’État d’Israël au Cameroun.
La protection du régime dictatorial de Biya
La protection du régime dictatorial de Biya est assurée par l’État d’Israël depuis trente ans. J’ai dit que Shimon Peres était venu au Cameroun en août 1986 pour remercier l’homme à la voix caverneuse de sa contribution dans la réussite des essais de l’arme de destruction massive à Njindoun et à Nyos. Pour lui témoigner sa reconnaissance, Peres lui donna l’assurance que son pays lui permettra d’être Président à vie. Au fait, ils signèrent un traité à ce sujet.
Il y avait trois officiers parmi les gens de la suite de Peres, à savoir le major-général Amram Mitsna (assistant du chef des Opérations des Forces armées), le général de brigade Azriel Nevo (chef du cabinet militaire à la présidence du Conseil des ministres) et le colonel Moshe Kafri. Il est important d’attirer l’attention sur le fait qu’Ehud Shilo, directeur général de SOLEL BONEH dont j’ai parlé plus haut, était l’un des civils qui avaient accompagné le président du Conseil des ministres de l’État hébreu.
Vous êtes le Premier ministre d’Israël depuis le 1er avril 2009, mais vous aviez déjà exercé cette fonction du 18 juin 1996 au 5 juillet 1999. À l’époque, vous aviez pris la succession de Shimon Peres qui était revenu au pouvoir le 4 novembre 1995. Vous deux aviez protégé le régime Biya. Yitzhak Shamir, Yitzhak Rabin, Ehud Barak, Ariel Sharon et Ehud Olmert l’avaient également fait. Aujourd’hui, vous continuez cette politique exécrable. Paul Biya, 83 ans, et président de la République depuis 34 ans, croit dur comme fer que le Cameroun deviendra un pays émergent à l’horizon 2035, et que cette métamorphose s’opérera sous sa présidence !
C’est surtout la protection que lui apporte Israël depuis des années qui l’entraîne à nourrir son esprit de chimères et à lancer des paroles désagréables aux étrangers qui lui font des remarques sur son âge avancé et sur le temps qu’il a déjà passé à la tête de l’État. Un exemple actuel c’est le mot qu’il lâcha l’an dernier au cours d’une conférence de presse radiotélévisée que le président François Hollande et lui tinrent au Palais de l’Unité. Lorsqu’un journaliste de France 2 lui fit des observations sur les points susmentionnés, il riposta : « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut. » Un soufflet à la démocratie.
Monsieur le Premier ministre, c’est un crime de protéger le régime dictatorial de Biya. Comme vous le savez, ce sont vos compatriotes qui encadrent la garde présidentielle depuis 1986. Depuis lors, les hommes qui se sont succédé au poste de conseiller à la présidence en matière de sécurité sont aussi des Israéliens. Et ce n’est pas tout ! À l’instigation de votre pays, le régime Biya créa le BIR en 2008. BIR est le sigle de Bataillon d’Intervention Rapide. Il est également encadré par Israël. En vérité, cet instrument du régime fait penser à la SA et à la SS. Ses éléments sont réputés pour être brutaux. L’existence de cette unité est la preuve que le régime Biya est un régime de terreur. Je ne peux pas faire la liste des atrocités et exactions qu’elle a déjà commises, car elles sont nombreuses comme les grains de sable qu’il y a dans le désert du Néguev.
Monsieur le Premier ministre, cette lettre est longue, j’en viens à la conclusion. Sachez que l’Afrique noire n’est ni un lieu destiné aux essais d’armes de destruction massive ni une décharge pour déchets toxiques. Ce n’est pas étonnant que votre pays protège le régime Biya. Outre que l’artisan dudit régime se plaît à verser le sang humain, il est un homme corruptible. Il fait le jeu de l’État d’Israël.
Il avait agi dans son sens en l’autorisant à deux reprises à faire l’essai d’une substance dangereuse au Cameroun. Cette substance avait fait exploser le lac Monoun, puis le lac Nyos, mais la vérité a été voilée. Les coupables avaient laissé croire à la communauté internationale que la nature était responsable de ces explosions. Ils avaient tenu à ce que cela soit pour tous parole d’évangile.
Le Père Fred Ten Horn qui s’était rendu dans la zone sinistrée deux jours après l’explosion du lac Nyos émit l’hypothèse d’une origine criminelle du drame. Il dit à l’Agence France Presse : « C’était comme si une bombe à neutrons avait explosé, ne détruisant rien, mais tuant toute vie. » Les scientifiques réfutèrent cette affirmation du missionnaire hollandais en lui faisant remarquer qu’une telle bombe aurait aussi détruit la végétation, et que des radiations ionisantes l’auraient tué. Ce qui m’importe, c’est que l’ecclésiastique n’avait pas d’emblée pensé à une catastrophe naturelle, mais à une catastrophe provoquée par une technique humaine.
Donc, le nom exact de l’arme importe peu. J’ignore le nom de cette substance, c’est votre pays et le régime Biya qui le savent. Mais Ten Horn avec qui j’ai eu un entretien à son domicile ici à Bamenda le 19 octobre 2013 s’est entre-temps rallié à l’avis des scientifiques. Il m’a révélé qu’il y a du méthane dans le lac Nyos. Puis, il a ajouté le commentaire suivant : « L’odeur de méthane qu’on sent aujourd’hui en visitant le lac est différente de celle du gaz carbonique qui avait explosé. »
Le curé de Wum avait fulminé un certain temps contre les scientifiques qui rejetaient son témoignage et quelques points des renseignements qu’il avait recueillis auprès des sinistrés. Pour apaiser sa colère, le régime fit de lui Chevalier de l’Ordre de la Valeur. Peut-être lui donna-t-il de l’argent en plus. Quelques années plus tard, le prêtre catholique rendit son tablier et se maria. À la fin de l’entretien susmentionné, il me conseilla la prudence. Je compris que les mains lui sont liées.
Quant à moi, je n’ai pas besoin d’être prudent. Ten Horn aurait dû garder son conseil pour soi. J’ai horreur de tels avertissements. Je ne vis pas pour ma sécurité, mais pour la justice et la vérité. J’ai le droit de forcer des décisions. Israël doit avouer d’avoir provoqué la catastrophe du lac Nyos ainsi que l’explosion du lac Monoun.
Sachez que le Cameroun n’est pas une monarchie. Le peuple camerounais aspire à l’aisance et à la liberté. L’État hébreu doit cesser sans délai de protéger le régime Biya, un régime qui opprime le peuple et empêche mon pays de décoller. Trop, c’est trop !
Bamenda, le 11 avril 2016
Hilaire Mbakop
Écrivain