A travers un décret lu au journal de 17 heures sur le Poste national de la Crtv le mercredi 7 février 2018, le Président de la République a convoqué le collège électoral pour les élections sénatoriales prévues le 25 mars 2018. Ces élections sénatoriales ouvriront le bal d’une année électorale chargée au Cameroun, les municipales, les législatives et la Présidentielle étant également prévues en 2018.
Les 100 sénateurs (70 élus et 30 nommés par le Chef de l’Etat) sont donc appelés à aller reconquérir leur mandat après une première législature plutôt laborieuse. « En tant que représentants des collectivités territoriales décentralisées, nous devions propulser le développement vers la base, ce qui n’a pas été fait », reconnait entre autres le sénateur SDF Jean Tsomelu, élu de la région de l’Ouest. Selon celui qui est par ailleurs le secrétaire général du Social Democratic Front, la chambre haute du Parlement camerounais n’a pas su faire entendre sa voix sur les grands sujets d’actualité qui ont agité le Cameroun pendant cette mandature qui s’achève. « Lors de notre dernière session, je crois que les camerounais sont témoins que nous avons quand même été déçus. Déçus parce que conformément à la Constitution notre pays, à l’article 4 où il est indiqué que l’autorité de l’Etat est exercée par le Parlement et le Président de la République, avec le Parlement bicaméral qui consacre le Sénat, Je crois qu’il y a eu des problèmes d’ordre majeur tels que la crise anglophone sur lesquels le sénat devait se prononcer et inscrire ce problème à l’ordre du jour, ce qui n’a pas été fait », s’insurge Jean Tsomelu.
Autant de manquements qui amènent Célestin Djamen, conseiller municipal à la mairie de Douala 1er et cadre du Social Democratic Front à militer pour la suppression de cette institution qui grignote une part importante du budget de l’Etat (15 milliards 200 millions Francs CFA en 2017). « J'ai déjà très longuement livré mon sentiment sur le Sénat. Je pense que c'est une chambre inutile et budgétivore. De surcroît, il ressemble davantage à une maison de Retraite qu'à une institution républicaine. Son apport pour la construction de la Démocratie est nul, il faut donc le supprimer », a-t-il indiqué à Cameroon-info.net.
L’autre décret publié le même jour et qui nomme les tous premiers responsables du Conseil constitutionnel du Cameroun ne l’a pas non plus enthousiasmé. « Ce qui m'inquiète le plus dans ces nominations, c'est l'âge très avancé de certains membres et surtout du Président du Conseil d'une part et d'autre part leur proximité avec celui qui les a nommés. Le Conseil Constitutionnel ne sera donc pas comme l'indique notre Constitution un Organe indépendant, c'est une antichambre du Rdpc de plus, pas mieux qu'Elecam », a-t-il martelé. Avis que partage la plupart des acteurs politiques de l’opposition, eu égard aux états de services des personnes nommés au sein du parti au pouvoir.