Alors que les régions du nord du Cameroun voient émerger des voix contestataires contre le régime de Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), multiplie les gestes pour conserver son statut d’homme fort du septentrion.
Lors de deux grands meetings à Maroua et Garoua en février, le vétéran de la politique camerounaise a surpris en évitant d’appeler explicitement à soutenir Biya pour un nouveau mandat. « Chaque Camerounais devra choisir librement son candidat », a-t-il déclaré, rompant avec son habitude de soutien inconditionnel au pouvoir.
Cette prise de distance intervient dans un contexte où le Grand Nord, traditionnel bastion du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), voit monter des critiques. Des évêques et des organisations civiles appellent à un « changement », reflétant un mécontentement croissant face à la pauvreté et au manque de développement.
Conscient de ces divisions, Tchiroma a recentré son discours : « Personne ne peut gouverner le Cameroun sans le septentrion », a-t-il martelé, rappelant son rôle clé. Une manière de négocier sa place dans un éventuel remaniement ou une future coalition, alors que son parti traverse une crise interne marquée par des défections.
À 75 ans, le ministre joue une partie serrée. Après avoir suspendu les meetings du FSNC et écarté des rivaux, il tente de présenter un front uni. Mais dans un septentrion en mutation, son influence reste-t-elle incontournable ? La réponse viendra peut-être des urnes en octobre.