Un substitut du procureur accusé d'abus sur les prisonniers

Justice Balance.jpeg Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration

Tue, 1 Mar 2016 Source: fr.allafrica.com

L'accusation est contenue dans la lettre d'un détenu adressée à Paul Biya.

La prison centrale de Garoua compte à ce jour plus de 1790 détenus parmi lesquels près de 1300 prévenus. Pire établissement pénitentiaire qui devait en contenir un maximum de 500 prisonniers, a enregistré pour le seul mois de janvier 2016, 132 nouveaux incarcérés. Ces informations qui ne sont cependant contenues dans aucun document officiel viennent d'être rendues public par un détenu de la prison centrale de Garoua, le nommé Ndoumga Benjamin, qui y séjourne depuis 13 ans déjà.

Dans une correspondance adressée au président de la République, via le ministre de la Justice et le gouverneur de la région du Nord, Benjamin Ndoumga dénonce «la stigmatisation et la cupidité de certains magistrats du parquet d'instance de Garoua», qui se sont «transformés en francs-tireurs, défiant les institutions, narguant et foulant aux pieds leurs victimes».

Pour justifier ses accusations, le détenu met en exergue deux affaires qui le concernent directement. Le 11 août 2003, il est interpellé et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Garoua. Au terme de la procédure, il est condamné à une peine de 15 ans d'emprisonnement ferme pour «tentative d'émission de billets de banque, tentative de contrefaçon de certificats officiels, tentative d'imitation ... ».

La peine sera ramenée à 6 ans par la cour d'appel du Nord. Mais, avant cet aboutissement, Benjamin Ndoumga est déjà impliqué dans une seconde affaire relative à un trafic de documents officiels qui va se déclencher le 14 août 2003, soit 3 jours après la première affaire.

Dans cette seconde affaire, il est devant la barre avec un co-accusé, le nommé Ibrahim Wildibo, trouvé en détention de faux documents donc il comptait s'en servir pour concourir au recrutement militaire, va dévoiler devant le tribunal avoir reçu lesdits documents de Benjamin Ndoumga. Ce dernier écopera d'une nouvelle condamnation de 10 ans d'emprisonnement ferme le 15 juin 2006.

Je fus condamné dans cette affaire sans preuves, c'était seulement sa parole contre la mienne, lui qui était pourtant prévenu et la loi interdit au tribunal de fonder sa décision sur les témoignages simples d'un prévenu». Une décision qui sera confirmée par la cour d'appel du Nord, obligeant Benjamin Ndoumga à saisir la Cour suprême.

Dans la seconde affaire évoquée par Benjamin Ndoumga dans sa lettre, il indexe nommément le substitut n°7 du procureur de la République près les tribunaux de Garoua, Monsieur Epoupa. Il soutient dans sa lettre qu'ayant purgé les 2/3 de sa peine, il est corvéable à souhait. Pourtant, a été interdit de sortie de la prison depuis mars 2015.

Le 6 janvier 2015, il affirme n'être sorti de prison qu'après avoir «demandé une permission de sortie afin de faire l'achat du matériel pour la réfection de la chapelle de la prison». Au cours de cette sortie qui lui est accordée, il affirme s'être ensuite rendu à l'hôtel refuge pour se désaltérer aux environs de 13h. «C'est là que j'ai croisé le substitut n° 7 du Procureur de la République alors que je sortais de l'hôtel. Il m'a demandé de finir avec lui, je lui ai dit que je n'ai rien c'est alors qu'il m'a dit de bien réfléchir avant de rentrer en prison, sinon je vais voir que la justice c'est pour lui et la prison c'est pour moi».

Il poursuit en signifiant dans sa correspondance que «10 jours plus tard deux gendarmes sont venus m'entendre sur l'objet de ma sortie. Cinq jours après, c'est le commandant de la Brigade des recherches qui est venu m'entendre avec un codétenu. Le 12 février dernier, j'ai été placé sous mandat de détention provisoire pour escroquerie d'une somme de 25 000 000 Fcfa au préjudice de Souleymanou Bakari, un ex-détenu qui est un ami du substitut n°7.»

TRAFIC D'OR

Au parquet des tribunaux de Garoua, l'affaire ne semble émouvoir personne. Une source introduite auprès du cabinet du procureur de la République nous fait savoir qu'il ne s'agit que d'une simple manipulation d'un délinquant notoire. «Il n'est pas à sa première initiative en matière de lettre incendiaire qu'il adresse aux autorités de la République. La dernière, c'est carrément le ministre de la Justice et tous ses collaborateurs qu'il a copieusement insultés dans une lettre adressé au président de la Conac».

Source: fr.allafrica.com