Un déplacement difficile
Je suis une jeune femme africaine de 31 ans. Je suis arrivée en Europe par l'Italie il y a 5 ans. J'ai laissé deux filles dans mon pays d'origine. Leur père n'étant plus en vie. J'ai vécu en Italie tout ce temps jusqu'en avril 2023 où j'ai rencontré l'homme qui est devenu mon mari quand j'étais de passage en Belgique.
Je suis retournée en Italie et nous sommes restés en contact quelques mois. Il était très insistant pour que je vienne le rejoindre définitivement en Belgique pour réaliser notre projet de nous marier. Mais je ne voulais pas car j'étais consciente de ce que changer de pays entraîne, me retrouver sans emploi car mon titre de séjour me permet de travailler uniquement en Italie et je sais que la dépendance financière peut causer des dégâts étant donné que j'ai 2 enfants à charge en Afrique que j'assume obligatoirement chaque mois, quand elles sont malades, à la rentrée scolaire, pendant les fêtes et un loyer que je paye annuellement.
Il a su me rassurer et étant donné que c'était également important pour moi de concrétiser notre relation et lui était plus stable que moi, car étant dans son pays et ayant une vie professionnelle bien établie. Donc je suis venue en Belgique en juin 2023. Il a toujours assumé mes charges et notre vie ici. Que ce soit mes enfants, ma mère et moi-même ici, mon habillement, alimentation, loisirs, parures et de quoi tenir ma poche.
Il s'intéresse aussi à ce que je peux faire une fois que ma situation sera régularisée car nous nous sommes mariés légalement il y a 4 mois. Les procédures prendront le temps qu'il faut. Au total je suis ici depuis un an net. Ce qui m'inquiète, c'est la situation de mes enfants car depuis 3 mois, donc juste après le mariage, pour que j'envoie la ration à mes enfants, c'est un vrai chemin de combattant avec lui.
Parfois il lance des petits mots qui sous-entendent que "même sans papiers, les immigrés se battent" et parfois des messages subliminaux laissant sous-entendre que j'aime l'assistanat. Ça m'a fait beaucoup de mal, car il connaît ma situation et où il vit, c'est une petite commune, pas une grande ville où on peut tout trouver. Ici, si tu n'es pas régularisé, tu ne peux rien trouver.
Moi je vois la rentrée qui approche et toutes mes responsabilités que j'aies et je reconsidère le fait de retourner où j'étais. Je le dis parce que je ne veux pas prétendre que ça va alors que le mois a débuté et mes enfants n'ont pas encore leur nécessaire. Je ne veux pas me contenter d'être ici pendant que mes enfants sont en manque. Je ne veux pas également céder à la honte de quitter quelque chose qui peut-être va s'empirer et devenir pire car très souvent, c'est la honte du regard de l'entourage qui nous maintient dans des situations où on déprime... donc j'ai booké un vol pour Milan pour le 15 juillet et je compte lui en parler ce week-end.
Je ne veux pas qu'on me traite d'ingrate mais je ne comprends pas comment un homme qui dit m'aimer peut me regarder torturer à l'idée de savoir que mes enfants sont en manque et que je ne suis pas encore habilitée à travailler dans son pays. Avant il le faisait tout seul à temps, je crois qu'il n'a pas subitement été frappé d'amnésie, mais il a choisi de ne plus le faire peu importe la dépression que ça me crée.
Donc je compte lui dire que je repars à Milan faire mes jobs. Je viendrai souvent pour les rendez-vous relatifs à ma régularisation s'il veut et s'il ne veut pas, je comprendrai et j'accepterai la rupture à l'amiable. J'ai essayé 4 mois de mariage peut-être ce n'est pas fait pour moi, mais je ne veux pas prendre cette décision après 30 ans de mariage, pourtant j'avais déjà compris ce qu'il en est après 4 mois de mariage. Même si je suis jugée ou moquée ça passera. Néanmoins, j'aimerais que mes sœurs ici me disent ce qu'elles auraient fait à ma place.
