Répondant à une invitation de son homologue Paul Biya, Muhammadou Buhari, président de la République du Nigéria arrivera Mercredi pour une visite de 48 heures au Cameroun. S’il est évident que la question de la lutte contre Boko Haram sera au centre des échanges entre les deux hommes, il serait important, selon le Pr Jean Emmanuel Pondi, spécialiste des Relations Internationales, de ne pas négliger les questions économiques.
« L’Afrique est en plein décollage économique. On voit que les économies qui sont les plus performantes, qui ont les plus forts taux de croissance, sont en Afrique… Et le Nigéria a eu la place de la première économie du continent en octobre 2013. Il a surclassé l’Afrique du Sud. Sur cette question forcément, il faudra une concertation parce que les terroristes profitent justement des défaillances économiques. Ce sont ces défaillances économiques qui font le lit de la contestation et qui mettent les populations en position d’être la proie potentielle des terroristes comme Boko Haram. Si on regarde bien l’aspect économique, il peut aider à résoudre l’aspect sécuritaire. » A indiqué celui qui était l’invité du journal de 13 heures, ce mardi 28 juillet 2015 sur le poste National de la Cameroon Radio and television (Crtv).
De plus, selon cet enseignant d’université, le Cameroun pourrait tirer des profits importants du fait de sa proximité avec ce géant économique d’Afrique. « Il s’agit d’une économie très importante et il faut aussi savoir que sur le plan démographique, un africain sur 5 est nigérian... On a la chance d’être à côté d’une pareille économie et nous pouvons en tirer profit si nous agitons notre appareil économique pour être en phase avec ce challenge... Le Nigéria a aussi une industrie du cinéma qui est classée troisième mondiale après celle des Etats-Unis et de l’Inde, avec à peu près 380 films produits par an. Ce qui est important, c’est de savoir qu’une prégnance économique est souvent précédée d’une prégnance culturelle. On a vu aux Etats-Unis avec l’American Way of life. L’Afrique avec le Nigéria en tête est en train de montrer au monde, sa culture et sa vision du monde. Le Cameroun qui est à côté est en train de prendre un certain nombre de repères et je pense qu’une collaboration peut aider les uns et les autres. » Explique Jean Emmanuel Pondi.
Concernant la lutte contre Boko Haram, l’ancien Directeur de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), s’attend entre autres à une « approche concertée de la manière dont il faut traiter ce problème ». Il est convaincu qu’une mutualisation des forces est nécessaire pour venir à bout de Boko Haram qui est une organisation transnationale. Avec une frontière commune qui s’étend sur plus de 1200 kilomètres, les deux pays ont intérêt à s’entendre, pense le spécialiste des Relations Internationales.