Le paysage politique camerounais connaît une période de transition singulière, marquée par l'absence remarquée du président Paul Biya lors de l'inauguration des nouveaux bâtiments de l'Assemblée nationale prévue le 30 novembre.
Après une longue absence du pays de sept semaines durant les mois de septembre et octobre, Paul Biya est rentré à Yaoundé le 21 octobre dernier. Son retour, filmé à sa descente d'avion à l'aéroport de la capitale, n'a pas dissipé le mystère entourant sa présence politique.
Depuis son retour, le chef de l'État semble s'être retiré dans les murs du palais présidentiel d'Etoudi, observant une forme de discrétion qui alimente les spéculations. Un projet de déplacement à Mvomeka'a, sa région natale, a été purement et simplement annulé, confirmant ce repli.
Les rares signes d'activité présidentielle se sont limités à quelques audiences très sélectives. Le 18 novembre, il a reçu Monseigneur Paul Richard Gallagher, secrétaire aux relations avec les États et les organisations internationales du Vatican, dans le cadre d'une célébration diplomatique. Mais les rencontres officielles restent exceptionnelles, avec un cercle d'interlocuteurs particulièrement restreint.
Les signes de cette mise en retrait sont éloquents. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute, par exemple, n'a pas été reçu en audience depuis plusieurs mois. Cette situation contraste avec la tradition politique camerounaise où le président entretient habituellement des contacts réguliers avec ses plus proches collaborateurs.
Malgré son absence, Paul Biya maintient une forme de présidence administrative. Dès le 23 octobre, il a signé le décret permettant à l'Assemblée nationale d'engager les travaux préparatoires à l'adoption de la loi de finances, un processus déjà en retard.
L'événement le plus symbolique de cette période reste l'inauguration des nouveaux locaux de l'Assemblée nationale, construits en partenariat avec la Chine. Initialement prévu pour assister personnellement à cette cérémonie, Paul Biya a finalement décidé de s'abstenir. Une communication officielle du 27 novembre précise qu'il sera représenté par Cavayé Yeguié Djibril, président de l'Assemblée nationale, qui accueillera Zhang Qingwei, vice-président de l'Assemblée populaire nationale de Chine.
Cette absence lors d'un événement institutionnel majeur interroge sur la santé et la capacité d'action du président. Le prochain rendez-vous public attendu est celui des vœux présidentiels pour l'année 2025, qui pourrait lever une partie du voile sur cette période politique singulière.
La nouvelle Assemblée s'inaugure donc sans son président, signe d'une transition politique dont les contours restent encore à préciser.