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'Une pure invention' : nouveau rebondissement dans l’affaire Emmanuel Leubou

Je suis ici pour rien

Thu, 30 Mar 2023 Source: www.camerounweb.com

L'affaire Emmanuel Leubou est parmi les scandales de corruption ayant le plus secoué le Cameroun ces dernières années. Ancien chef de la cellule informatique de l'ancienne solde au ministère des finances, Monsieur Leubou est accusé d'avoir dirigé un vaste réseau de détournement de fonds publics, sous la forme de salaires fictifs s'étalant sur une décennie. Par conséquent, il a été appréhendé le 4 mai 2018 et placé en détention provisoire.

Depuis le début de cette affaire, Monsieur Leubou a constamment clamé son innocence. Incarcéré depuis maintenant cinq ans, il a récemment accordé une interview à nos confrères du journal Kalara. Durant cette entrevue, il a fait de nouvelles révélations et des mises au point.

Emmanuel Leubou a retracé les événements qui ont précédé son arrestation, confiant que la veille de son interpellation, son bureau avait été vandalisé et dépouillé de plusieurs dossiers sensibles.

«A mon avis, ils savaient que j’allais être placé sous mandat de dépôt et il fallait me dépouiller de tous mes moyens de défense. Ils ont emporté deux disques durs externes contenant les sauvegardes que j’effectuais tous les mois après le calcul consolidé de la solde de janvier 2015, date de ma nomination, à avril 2018, date de la dernière solde que j’ai traitée. En plus, ils ont emporté une chemise contenant des « demandes de travail » qui me parvenaient de la sous-direction de la gestion'' déclare-t-il.

Autre information : le cambriolage à son domicile. « Trois jours après, deux individus cagoulés profitant de l’absence de mon épouse se sont introduits dans mon domicile à Nkolfoulou et ont passé la maison au peigne fin. Ils étaient à la recherche des documents et ils l’ont dit à la ménagère. Ils ont emporté des documents dont je ne saurais dresser la liste ».

Et de multiples curieux éléments dans l’affaire ont été soulevés au cours de cette interview à part que certains de ses coaccusés soient en liberté. « ''Première curiosité, l’audit de 2014 reconnaît que les annulations des remboursements des avances de solde et avances sur pension ont été effectuées par le « User » 01X. En 2016, les annulations continuent et c’est le même User qui opère. Cette vérité constante est confirmée par l’expert commis par le juge d’instruction du TCS en 2018. Lorsqu’on sait que ce User appartient à Mme Lefang Celestina Nkeng, d’où vient-il qu’elle comparaît libre alors que moi je suis en détention et pourtant au moment de ma mise en détention, j’étais Chef de la Cellule Informatique de la Ddpp domicilié à Nkolfoulou marié. On se serait attendu que je bénéficie de cette même faveur de comparaître libre. Mais on a estimé que je suis un élément dangereux à surveiller de près.

Deuxième curiosité, c’est à travers le journal «Kalara» dans son édition 315 du 7 octobre 2019 que nous avons appris que le juge d’instruction du TCS a émis un mandat d’arrêt contre Mme Lefang, qui est resté infructueux. Et pourtant, tout le monde sait qu’elle est en service à la perception de Mvog-Mbi.

Troisième curiosité, les multiples demandes de certification des documents que j’ai prévu de produire pour ma défense sont restées lettres mortes jusqu’à ce jour.

Quatrième curiosité, devant le Corps spécialisé des officiers de police judiciaire du TCS, j’ai proposé en vain que l’on convoque quelques bénéficiaires de cette fraude. Le témoin Moungang Jacques a fait la même proposition ce d’autant plus qu’au rang des bénéficiaires, on compte des hauts cadres de l’administration parmi lesquels les professeurs certifiés de Lycée, les officiers de l’armée et autres. En vain.

Cinquième curiosité, dans les listes des annulations par moi produites à l’enquête préliminaire, l’on retrouve les matricules, noms, prénoms et grades des bénéficiaires ainsi que les montants perçus. Tandis que dans la liste produite par l’expert commis par le TCS, les noms, prénoms et grades ne figurent pas. Etait-ce une recommandation du juge d’instruction ou une volonté délibérée de l’expert de cacher ces informations importantes qui auraient permis d’identifier facilement les bénéficiaires de la fraude ?

Sixième curiosité, j’ai personnellement dénoncé Mme Aissatou Bouillo Bouba (accusée remise en liberté pour avoir bénéficié d’un arrêt des poursuites), car, en sa qualité de chef de la Cellule Sigipes du ministère de la Communication au moment des faits, elle était censée mener le même combat que nous pour l’assainissement du «Fichier Solde». Malheureusement, elle s’est livrée à la délinquance. Elle a perçu trois avances de solde dont les remboursements ont été suspendus, annulés frauduleusement. Et, en plus de cela, une avance sur pension alors qu’elle était en activité. Elle ne m’a rien donné, elle que je connaissais et encore moins les autres bénéficiaires. Je suis ici pour rien », détaille-t-il.

De plus, l’avocat d’Emmanuel Leubou a précisé qu’étant donné qu’ « aucune des deux procédures n’est allée à son terme », la condamnation à 104 ans entretenue par une certaine opinion est une pure invention.

Ces arguments enflent cette affaire et emmènent à se poser des questions. Sans doute que des réponses seront données aux prochaines audiences qui se tiendront les 10, 18 et 19 avril 2023.

Source: www.camerounweb.com