Un communiqué du recteur de l’université de Douala, le Pr François Xavier Etoa, somme le doyen de la faculté des Arts, Lettres et Sciences humaines d’organiser les soutenances bloquées pour des raisons non académiques.
Décidemment, l’université camerounaise n’arrête pas de faire parler d’elle ces derniers temps. Après l’affaire des doctorats professionnels à l’université de Yaoundé II et à l’université de Yaoundé I, c’est au tour de l’université de Douala de parler d’elle au sujet des soutenances des masters professionnels. Le recteur de ladite institution vient de prescrire la soutenance « sans aucune condition » des mémoires professionnels de la filière gestion des ressources humaines. Il demande par ailleurs aux étudiants concernés de se rapprocher du vice-recteur chargé des enseignements, de la professionnalisation et du développement des TIC pour « engagement de procédure de remboursement » des frais extra-académiques exigés comme « frais de soutenance » par certains chefs d’établissement.
Ce communiqué du Pr François Xavier Etoa vient mettre en exergue des dérives décriées dans l’implémentation dès 2006 du système licence-master-doctorat (LMD) dans les universités camerounaises. La professionnalisation des enseignements, à travers l’instauration des masters professionnels a ouvert le flanc à la création d’une multitude de filières professionnelles parfois sans issue pour les apprenants. Certains doyens et chefs de département ont ainsi usé d’ingéniosité pour professionnaliser des filières qui, a priori, sont très académiques et très éloignées des pratiques et techniques professionnelles. La raison évoquée par les observateurs qualifiés de « conservateurs » est simplement la recherche du gain qui emprunte souvent des directions qui échappent au contrôle de l’université.
Si les masters professionnels permettent aux étudiants et travailleurs d’approfondir leurs aptitudes dans un domaine précis pour les premiers et de monter en grade dans leurs services respectifs pour les seconds, il reste qu’ils connaissent aujourd’hui les mêmes problèmes que les masters académiques : absence d’un calendrier académique clair permettant à l’étudiant et à son entourage de suivre son évolution. « On soutient dès qu’on est prêt » est la formule consacrée à l’université. Des frais sont exigés dont on ne connaît pas toujours la pertinence, etc. A l’observation, l’ambition louable de la professionnalisation est devenue une véritable manne pour certains doyens et chefs de département, au détriment de l’éthique universitaire. La mise au point du recteur de l’université de Douala est une sonnette d’alarme, pensent plusieurs étudiants victimes des mêmes tracasseries dans d’autres universités du pays.