Dans le souci de se conformer aux textes du Ministère de l’Enseignement Supérieur portant orientation et harmonisation de l’enseignement supérieur au Cameroun, Madame le recteur de l’Université de Ngaoundéré a signé en date du 05 décembre 2017, une circulaire définissant les conditions d’accès en Master 2 et au cycle de Doctorat fait des mécontents.
Selon ce texte, la moyenne supérieure ou égale à 12/20, la condition jadis en vigueur relève du passé. Les nouveaux critères qui entrent en vigueur sont la prise en compte des performances académiques de l’étudiant. Ici, est prise en compte la capitalisation en un an d’un niveau et aux sessions normales. Aussi, la prise en compte des réalités sociologiques (âge, genre, région d’origine, multiculturalité et le bilinguisme), la production par l’étudiant d’un projet de recherche dès la fin de la première année du Master sur un thème s’inscrivant dans les thématiques définies par les unités de formation doctorale, et validés par l’École Doctorale. Fait également parti des éléments de sélection en master et en thèse, la prise en compte des capacités d’encadrement de l’établissement concerné (comptabiliser une seule fois les enseignants impliqués dans plusieurs laboratoires ; et la prise en compte des capacités d’encadrement de financement de l’établissement concerné.
Seulement, ce texte crée la polémique et fait des mécontents. En effet, dans la foulée des listes qui sont publiées par les facultés, beaucoup d’étudiants sont laissés sur les bancs de touche bien que remplissant les conditions.
« Comment peut-on mesurer la multiculturalité et le bilinguisme d’un étudiant à travers juste son dossier ? » s’exclame une étudiante non sélectionnée en Master 2 mais avec une moyenne de 14/20 mais au rattrapage. Par la force de cette circulaire, cette jeune étudiante de 23 ans n’a que ses yeux pour pleurer ; alors que son camarade de 27 ans lui est admis. Elle n’est pas la seule dans cette situation. Malgré l’apparence claire de ce texte, il suscite quand même des interrogations. Comment laisser un étudiant qui a 14/20 au détriment de celui qui a 10/20 juste que celui-ci a fini en session normale ? Ou alors comment évaluer tous ces critères en une seule année ?
En outre, ceux qui ont été retenus ont-ils produit ces projets de recherche à la première année du Master ? Pour les étudiants recalés, une requête sera adressée à la patronne de l’institution des berges du Lac Dang pour avoir une idée précise de cette nouvelle donne. Déjà en fin de semaine dernière, les étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques dont les dossiers ont été renvoyés se sont rendus au cabinet du Recteur. La patronne des lieux étant absente, ils ont été reçus par le Secrétaire Général de l’Institution, qui ne pouvant répondre à leurs doléances les a plutôt réorienté vers le Vice-Recteur chargé des Enseignements, de la Professionnalisation et du Développement des Technologies de l’Information et de la Communication.
I l faut dire que dans ce précis, il s’agit des étudiants pour la plupart originaire de la Région de l’Adamaoua réunis au sein de l’Association des Etudiants de l’Adamaoua. Bien que se situant dans le sillage de la professionnalisation de l’enseignement, il convient de s’interroger sur ce que deviendra le système Licence-Master-Doctorat encore en vigueur dans cette université en ce sens que celui qui va au rattrapage dans son parcours aura des difficultés à poursuivre ses études aux second et troisième cycles. Se situant dans la logique des zones d’éducation prioritaire, les régions du Nord, de l’Est, de l’Adamaoua, du Sud et du Sud-Ouest sont censées être plus représentées, mais cette circulaire du recteur, cela est loin d’être le cas.
Dans le rang des enseignants aussi, la perception de la note du recteur est mitigée. D’aucuns estiment qu’il s’agit d’une nouvelle salvatrice, dans la mesure où les étudiants seront mieux suivis et les travaux produits par les étudiants gagneront en qualité. En rappel, le ratio d’encadrement des étudiants par les enseignants pour les Masters se présentent comme suit les Professeurs titulaires et les Maîtres de conférences auront au plus six (06) étudiants, les chargés de cours avec thèse en phase terminale, c’est trois (03) sous la supervision d’un enseignant de rang magistral ; et les Chargés de cours avec HDR, Habilitation à Diriger les Recherches (ndlr) auront au plus quatre (04). Ce ratio concerne l’encadrement en Master pour les sciences et les technologies. Dans le cas de ces mêmes disciplines, en thèse, les quotas sont repartis de la manière suivante, quatre (04) étudiants par directeur de thèse pour les Professeurs titulaires et les Maîtres de conférences. Les Chargés de Cours avec HDR et les Chargés de cours simples auront au plus deux (02) étudiants, à la seule différence que le Chargé de Cours sans HDR sera chapeauté par un enseignant de rang magistral.
Les Sciences Sociales et Humaines, relèvent une légère différence, mais toujours est-il que cela ne change pas grande chose, car ici, les Professeurs Titulaires et les Maîtres de Conférence auront au plus huit (08) étudiants ; les Chargés de Cours avec HDR pourront encadrer en moyenne six (06) étudiants ; et les Chargés de Cours avec thèse en phase terminale auront maximum quatre ( 04)étudiants sous la supervision d’un enseignant de rang magistral pour les Masters. En thèse, les Professeurs Titulaires et les Maîtres de conférences ne devraient désormais encadrer qu’au maximum six (06) étudiants. Les Chargés de Cours avec HDR, quatre (04). Il en est de même pour les Chargés de Cours avec thèse en phase terminale sous la supervision d’un enseignant de rang magistral.
Dans les rangs des personnes proches du dossier, il se raconte que cette mesure vise à assurer l’adéquation recherche-développement, mais la réalité sur le terrain est toute autre. Les étudiants, de plus en plus nombreux font face à l’épineuse question des effectifs pléthoriques dans les salles de classe. Les chantiers engagés sur le campus atteint progressivement leur phase finale afin de décongestionner les salles et autres amphithé'tres. En attendant qu’une solution ne soit trouvée à cette question qui devient de plus en plus inquiétante, les étudiants recalés doivent tout simplement regagner leurs maisons, entrés dans la vie active ou tout autre moyen leur permettant de s’occuper. D’après certains, ils feront usage de tous les moyens afin de se faire entendre par les autorités universitaires.