Le vice-doyen chargé de la scolarité et du suivi des étudiants, le politologue Joseph Keutcheu, a obtenu que le tribunal condamne son ancien supérieur hiérarchique, le juriste Jean Gatsi, à payer une amende de 2,5 millions au trésor public.
Au cours de son audience correctionnelle du 16 novembre 2023, le tribunal de première instance de Dschang a reconnu l’ancien doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Dschang, Pr. Jean Gatsi, coupable de diffamation, dénonciation calomnieuse et de diffamation par voie électronique à l’endroit de son ancien subalterne, Pr. Joseph Keutcheu. Les faits de la cause remontent au mois de mars dernier. Le plaignant rapporte que, se trouvant du côté de Kribi après des soutenances à l’Université de Douala, il est interpellé par de nombreux appels téléphoniques sur une convocation de son doyen, relative à une publication virale du lanceur d’alerte Boris Berthold au sujet d’une bagarre entre deux enseignants dans le bureau du doyen, à Dschang. Sur ces entrefaites, Jean Gatsi sert à son vice-doyen une lettre d’observations dont ampliation est faite au Recteur de l’Université de Dschang et au ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur. Se sentant en insécurité, Joseph Keutcheu porte plainte non seulement pour diffamation mais aussi pour menaces simples et menaces sous conditions.
Le tribunal n’a pas accordé d’ouïe aux deux derniers chefs d’accusation. Par contre, statuant contradictoirement, il a déclaré le prévenu coupable de dénonciation calomnieuse, diffamation et diffamation par voie de communication électronique. En répression, Jean Gatsi, qui a bénéficié des circonstances atténuantes en raison de la virginité de son casier judiciaire, est condamné à verser une amende de 2,5 millions au Trésor ainsi que 28.965F pour les dépens. Le Jour n’est pas en mesure de dire si l’ancien doyen a interpellé appel de ce jugement, qui fait réfléchir la communauté universitaire, notamment les étudiants en droit. Car au cas où il ne l’aurait pas fait, l’actuel conseiller technique du Recteur de l’Université de Dschang encourt un emprisonnement de 2 ans, durée de la contrainte par corps fixée par le juge.
Pour sa part, le vice-doyen attend de recevoir, en guise de dommages-intérêts pour son honneur bafoué, le franc symbolique. C’est peu de dire que le passage de Jean Gatsi à la tête de la Fsjp de l’Université de Dschang a laissé de nombreuses traces. Il n’y a qu’à voir la flopée d’avocats qui s’est constituée pour défendre le vice-doyen, plutôt politologue que le professeur des universités, « agrégé international des facultés de droit » qu’il est. Près d’une soixantaine. Homme qui ne cache pas son amour de Paul Biya et du Renouveau, il use de méthodes parfois loufoques pour afficher cette sympathie et n’hésite pas à porter le marteau de la démesure lorsqu’il veut dénigrer ses ennemis, dont un certain Maurice Kamto. Et ses défenseurs, réels ou imaginaires, au sein de l’Université.