Tout porte à croire que le Cameroun est déterminé à remporter la palme d'or du pays le plus dangereux pour la pratique du métier de journalisme dans le monde entier, ravissant ainsi la vedette à la Chine, l'Arabie Saoudite, l'Iran etc.
Après la convocation du journaliste, Jean François Channon à la division de la Sécurité Militaire (Semil) par le très redoutable Colonel Bamkoui Émile Joël mardi dernier parce qu’il avait publié un article relatif à une querelle foncière impliquant le ministère de la défense, cette fois-ci c'est Flash Ndiomo, journaliste et Directeur de publication du journal Le Zénith qui est visé par la Semil.
En effet, selon nos sources, il était 11h15 ce lundi 26 juin 2023 lorsqu’une escouade des éléments de la Semil armés jusqu'aux dents va débarquer à la Rédaction du journal Le Zénith au quartier Anguissa à Yaoundé. Ces derniers sont porteurs d'une convocation invitant le Directeur de publication (Dp) à se présenter dès réception à la Semil. La fougue avec laquelle ils s'y sont présentés laisse à deviner qu'ils venaient embarquer Flash Ndiomo. Mais, sur les lieux, le Dp était absent. Ils ont juste trouvé le secrétaire de rédaction et d'autres personnels chez qui ils ont laissé la convocation.
Ladite convocation a pour objet "Enquête de Sécurité". Elle fait suite à la Une du journal Le Zénith de ce lundi qui dénonce les actes de "Torture et de séquestration" que le sous-lieutenant Chadieu Ngaleu Gilles Romuald aurait fait subir au prêtre Bouli Ndongo dans les locaux de la Semil courant mai dernier. Joint au téléphone, Flash Ndiomo nous a confié n'avoir pris connaissance de cette convocation, puisque n'étant pas dans la ville et qu'il s'y rendra une fois qu'il prendra connaissance du document.
Il faut souligner avec emphase que plusieurs journalistes, lanceurs d'alerte et leaders d'opinion ont rapporté avoir été cuisinés, séquestrés, torturés à la Semil par le passé. C'est le cas du lanceur d'alerte Sébastien Ebala dont les images témoignant des traitements inhumains et dégradants ont circulé sur la toile. Ce lanceur d'alerte lui-même a à plusieurs reprises traité le Colonel Bamkoui de "tortionnaire". On a également en mémoire le Dr Fridolin Nke qui, larmoyant depuis les locaux de la Semil, faisait un direct sur sa page Facebook tout en décriant les sévices corporels dont il avait été victime. À sortie de là, il a été admis sous soins intensifs. Malgré ses nombreuses plaintes, rien n'a bougé jusqu'ici. On se souvient encore du journaliste Michel Biem Tong aujourd'hui forcé à l'exil en Europe, qui à mainte reprises avait subi les affres de la Semil. A-t-on besoin de vous rappeler ce que Longue Longue a subi à la Semil à Douala ? Avez-vous oublié l'enlèvement de l'avocat Me Fabien Kengne dans la nuit du 30 mai dernier à Douala par les éléments de la Semil?
Si la Semil se sent offensé par un article de presse, pourquoi ne pas saisir le CNC? Revient-il à la Semil de convoquer un journaliste qui aurait traité d'un sujet qui la concerne ? Dans ce cas, la Semil est partie prenante et par conséquent devient juge et partie.
Ces méthodes et agissements relevant de l'époque de Mathusalem n'honore le Cameroun qui se veut un État de droit et de liberté.
Cette façon de procéder par le colonel Bamkoui, qui est pourtant un haut gradé de l'armée camerounaise frisent l'intimidation et étoile l'image d'un soldat de son rang.
Pour revenir sur le cas du journal Le Zénith, après investigation, il ressort que cet hebdomadaire a tous les documents sur lesquels il s'est référé pour produire son article,. Il s'agit entre autres du certificat médico légal qui atteste de la torture qu'a subi le prêtre Bouli Ndongo, de la plainte de ce dernier adressée au ministre de la défense, de sa plainte adressée au tribunal militaire etc.
Des sources à la Semil nous révèlent que le lieutenant Chadieu Ngaleu Gilles Romuald a été disciplinairement affecté à Yokadouma et traduit au conseil de discipline.
Nous y reviendrons...