« Le robot ne devrait pas faire du mal à un être humain ». Voilà l’essentiel tiré de la présentation de Jacques Eone, expert en intelligence artificielle au cours d’un atelier d’échanges avec les acteurs camerounais sur l’état d’avancement de la campagne contre les robots-tueurs.
Cette rencontre organisée par la section camerounaise de Women’s international league for peace and freedom (WILPF) le 26 octobre dernier à Yaoundé a permis de remettre la question des robots tueurs sur la table des discussions, afin de mesurer le niveau d’atteinte des objectifs de la campagne au Cameroun.
Il s’agit des systèmes d’armes autonomes qui fonctionnent sans contrôle humain significatif. D’après Nathalie Foko, présidente de WILPF Cameroun, l’atelier qui se tient en marge de la célébration du 23e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité, est « organisé dans un contexte marqué par l’escalade des guerres en Afrique et dans le monde. C’est le cas du Soudan du sud, de la RDC, de l’Ukraine, de l’Afghanistan et récemment de la Palestine. L’enjeu est d’autant plus important que les pays africains dont le Cameroun, font face à de graves défis sécuritaires depuis 2012 », explique-t-elle.
L’autre enjeu de cette assise a été de susciter les consciences des gouvernements sur les risques associés au développement et à l’utilisation de cette technologie. Il s’agit de « les encourager à renoncer aux armes complètement autonomes qui pourraient devenir des armes de l’avenir et auraient la capacité de choisir et tirer sur les cibles sans aucune intervention humaine », a-t-elle ajouté. À l'issue des travaux, des propositions ont été émises pour amener l’État à comprendre la nécessité d’interdire l’utilisation de cette technologie qui n’est pas conforme au Droit international humanitaire.
Parmi ces recommandations, on peut retenir l’accompagnement de la société civile dans le plaidoyer pour la lutte contre les robots-tueurs, la promotion et l’encadrement des technologies de l’intelligence artificielle à travers des formations, des conférences, des échanges avec des pays développés, l’implication des médias pour sensibiliser à travers des tables rondes, des émissions spécialisées et les spots publicitaires, etc.
WILPF a été créée en 1915 par 1 136 femmes. C’est la plus ancienne organisation de femmes œuvrant pour la paix dans le monde. Elle pense que la construction d’une paix durable passe par l’interrogation des causes profondes de la guerre afin d’y apporter des solutions durables. La motivation pour ces femmes à s’engager dans cette campagne contre les robots tueurs vient du fait que ce sont les femmes et les enfants qui paient le plus lourd tribut pendant les guerres.