Marbella, Barcelone, Mougins, Genève, Paris... Les destinations favorites des chefs d'Etat francophones restent européennes, tandis qu'en Afrique anglophone, on s'envole plutôt pour Singapour ou le Mozambique, quand on ne reste pas tout simplement chez soi.
Paul Biya, chef de l'Etat camerounais, se distingue de son côté par ses longs séjours réguliers en Suisse. Il a occupé à grands frais (plus de 5 000 euros la nuit), pendant des années, le sixième étage de l'hôtel Intercontinental, d'après Le Monde, à Genève, avec vue panoramique sur le lac Léman et le Mont Blanc. Et ce, alors qu'il détient un château rue de Lausanne, toujours à Genève. Il s'est aussi distingué par des notes d'hôtel salées à La Baule, en France, près de Nantes, où il avait loué en 2009, pour une pause de trois jours, quelque 43 chambres pour son épouse et lui ainsi que leur suite, selon le quotidien britannique The Telegraph
Le président du Congo, Denis Sassou-Nguesso, dispose d'un palais et de nombreuses infrastructures dans son village natal, qu'il a voulu ériger en ville à Oyo, à 400 km au nord de Brazzaville. Il n'empêche : il est régulièrement épinglé par la presse du Congo pour ses vacances de luxe et dépenses somptuaires de sa famille à Marbella, sur la Costa del Sol en Espagne, où il possède une villa. En 2013, il a été si content de son séjour qu'il a fait distribuer 10 000 dollars à la population de Carratraca, peu habituée à de telles largesses de la part des hommes politiques. Soit 12 euros par habitant de cette petite station thermale andalouse, où il venait de passer quatre jours avec sa famille, attiré par le spa de la Villa Padierna Thermas, un hôtel cinq étoiles, selon Le Figaro.
José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979 en Angola, allie vacances et soins de santé à Barcelone, en Espagne, tandis que son homologue Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 en Côte d'Ivoire, a ses habitudes sur la Côte d'Azur. Il possède en effet une villa à Mougins, sur les hauteurs de Cannes.
Vacances studieuses à Abidjan
D'autres restent chez eux, comme Faure Gnassingbé au Togo et Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au Mali l'an dernier, selon le site camer24.de, qui cite un article de La Lettre du continent. IBK ne pourra sans doute pas non plus partir cette année, en raison de la fronde que cause son projet de modification de la Constitution, et des attaques récurrentes à l'encontre de bases militaires dans le pays. Il ne devrait donc pas emprunter son avion présidentiel, acheté à grands frais et dans des conditions contestées, après son élection en août 2013, pour se reposer en France comme aiment le faire ses homologues de la sous-région.
Patrice Talon, élu au Bénin en mars 2016, a fait une pause studieuse de 10 jours en août de la même année à Abidjan avec quelques collaborateurs, pour ses premières vacances de président. Macky Sall, du Sénégal, aime quant à lui se détendre sur les rives de la Seine, à Paris, quand il ne profite pas de la pause gouvernementale du mois d'août, comme en 2016, pour faire des périples alliant travail et loisirs. Au Kenya, il a ainsi été photographié en tenue Masaï lors d'une visite dans un parc animalier de Nairobi.
Uhuru Kenyatta, son homologue kényan, ne s'est accordé l'an dernier que deux jours de congés sur la côte de son pays, tandis que nombre de présidents ne laissent rien filtrer de leurs vacances, ni des aménagements de leurs résidences secondaires privées faites aux frais de l'Etat. Ian Khama, au Botswana, a ainsi laissé en mars dernier des agents de sécurité détenir trois journalistes qui voulaient voir les travaux faits chez lui, dans le village de Mosu.
Mugabe à Singapour, Zuma au Mozambique
Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a emmené sa famille et ses collaborateurs pour un séjour d'un mois à Singapour, en décembre 2016. Un ancien ministre des Finances, Tendai Biti, a expliqué à cette occasion que le président a pour habitude de partir en vacances avec 4 à 6 millions de dollars cash, prélevés directement dans les caisses publiques, d'où les problèmes de liquidité parfois traversés par le pays.
Chez son voisin sud-africain, la note des vacances du président Jacob Zuma à Barazuto, une île du Mozambique, n'a pas fait moins débat. D'autant que Jacob Zuma, élu en 2009 et réélu en 2014, s'est discrédité durant ses deux mandats par de nombreuses affaires de corruption et la rénovation à grands frais de sa résidence privée dans son village natal de Nkandla, dans la province sud-africaine du Kwazulu Natal.
Il a dû rembourser quelque 500 000 euros au Trésor public en septembre dernier, après une longue bataille menée par la médiatrice de la République, Thuli Madonsela. Les trajets des hélicoptères de l'armée pour cette villégiature ont fait l'objet de questions au Parlement, où il est apparu que le contribuable avait payé 1,6 millions de rands (environ 160 000 euros au taux de change de 2013) pour les vacances de son président.
Une nuit à 5 000 euros sous le toit de Mandela
Nelson Mandela, lui aussi, allait régulièrement se reposer sur les rives de l'Océan Indien au Mozambique, où il avait avec son épouse Graça Machel, ancienne première dame de ce pays, une villa à Maputo. A la différence de Jacob Zuma, il n'a jamais été questionné sur les frais engagés lors de ces déplacements, quand il était président.
Et l'une de ses villas de vacances lui a carrément été offerte en 2001 par son ami Douw Steyn, homme d'affaires afrikaner. Il l'a fait construire pour lui en 2001 dans sa réserve animalière privée de Shambalala, située dans le massif du Waterberg au nord de Pretoria. Cette maison splendide, à l'architecture mozambiquaine, abrite jusqu'à 12 personnes. Elle a ouvert ses portes au public en 2015 - ou plutôt, à l'élite. Comme aime le faire Douw Steyn avec ses résidences privées, qu'il transforme ensuite en hôtels comme le Saxon Hotel à Johannesburg, les lieux sont ouverts pour des réservations. A raison de 3 500 à 5 000 euros la nuitée, en fonction des saisons, on peut donc dormir, comme Oprah Winfrey et Bill Clinton l'ont déjà fait, sous le toit de Mandela, dans un cadre sobre et chic dont il a lui-même piloté la décoration.