Verdict : 5 ans de prison pour la 'folle' qui avait froidement tué son frère

Le revirement n’a pas convaincu le tribunal

Wed, 10 Nov 2021 Source: Kalara

La jeune femme qui semblait ne pas regretter d’avoir brutalement ôté la vie à son frère pendant son témoignage devant la barre a finalement présenté des documents laissant croire qu’elle ne disposait pas de toutes ses facultés mentales. Le revirement n’a pas convaincu le tribunal.

Dans ses déclarations tonitruantes devant la barre le 1er octobre 2021 rapportées dans l’édition du 4 octobre 2021 de Kalara, l’accusée ne regrettait pas avoir donné la mort à coups de marteau à son frère aîné. Elle a pourtant tenté de convaincre le tribunal au moment du verdict qu’elle agissait sous l’effet de la démence dont elle souffre depuis longtemps.

Le 5 novembre 2021, dans un revirement, elle a dit qu’elle était désolée de ce qui était arrivé. Elle a ensuite présenté au collège des juges en charge de son dossier (tes documents qui justifiaient son état de maladie. Le revirement de Mme Halimatou Leman, puisqu’il s’agit d’elle, n’a pas eu les effets qu’elle souhaitait.

Et pour cause : le représentant du parquet estime qu’il s’agit d’une farce organisée par l’accusée dans le but de tourner le tribunal en bourrique. «La justice n’est pas un théâtre. La jeune femme s’est largement exprimée en assumant sans contrainte l’acte criminel qu’elle a commis. Condamnez-la et elle ira suivre le traitement étant en prison. Pour ma part, le tribunal doit rejeter ces documents qui n’ont aucune valeur», a-t-il déclaré.

Le tribunal a été du même avis que le ministère public. La présidente du collège des juges a ajouté que le prétendu document n’est qu’une lettre de demande d’un rendez-vous auprès d’un médecin et non un rapport médical d’une part, il intervient tardivement quand le tribunal s’était déjà prononcé sur la culpabilité de cette dernière, d’autre part. «Vous avez la possibilité d’interjeter appel si vous contestez notre décision. Le tribunal ne peut pas se dédire», a noté la magistrate avant de passer la parole à l’avocat de la défense.

Me Bias, qui était au four et au moulin au cours de cette audience au cours de laquelle 70 affaires d’assassinat et de meurtre étaient programmées, s’est dit choqué par les réquisitions du magistrat du parquet qui demande la condamnation d’une personne ne disposant plus de toutes ses facultés mentales. «Prenez en considération le document qu’elle vous a présenté et appliquez lui la loi prévue pour les personnes de cet état», a soutenu l’avocat de la défense.

Seulement, l’argumentaire de la défense n’a pas pu infléchir la position du tribunal «Où vouiez-vous qu’oh garde une personne qui tue son frère sans état d’âme et dit qu’elle est prête à recommencer si l’occasion lui était encore donnée ?», a demandé la présidente du collège des juges ? Le tribunal a finalement rendu sa décision en déclarant Mme Halimatou Leman coupable des faits de meurtre.

Elle a écopé de 5 ans d’emprisonnement ferme et devra verser au trésor public la somme de 52 mille francs représentant les frais de procédure judiciaire. Pour bien comprendre cette triste affaire, il faut remonter au mois de février 2019 lorsque le climat conflictuel entre Mme Halimatou Liman et son frère aîné a atteint le paroxysme. Réagissant aux provocations et injures de ce dernier, la jeune femme s’était saisie d’un marteau pour assener des violents coups sur le crâne et d’autres parties du corps. Elle aggravera la situation en blessant grièvement son frère à la jambe avec un poignard.

A la suite de la scène macabre qui s’était passée au domicile familial dans un quartier de Yaoundé, la victime avait succombé plus tard aux blessures. Mme avait toujours qualifié son acte de légitime défense. «Ça va quand même m’enlever un poids lourd de la tête. Je ne regrette pas ce que j’ai fait» avait-elle déclaré devant la barre du Tribunal de grande instance du Mfoundi, le 1er octobre 2021 au cours de son témoignage.»

Source: Kalara