Vers des sanctions de l'UE contre Ngoh Ngoh, Atanga Nji, Galax Etoga et le Col Otoulou

Ayolo Ngoh Conversation Samuel Mvondo Ayolo et Ferdinand Ngoh Ngoh

Sat, 6 Dec 2025 Source: www.camerounweb.com

Pour plusieurs personnalités publiques camerounaises 04 collaborateurs de Paul Biya sont responsables de la mort de l'opposant Anicet Ekane. Il s'agit du Secrétaire général de la présidence, du ministre de l'Administration territoriale, du Secrétaire d’État à la Défense et du colonel responsable du poste de gendarmerie où Anicet Ekane a été gardé en détention.

A l'endroit de ces hommes qui ont tué Anicet Ekane, des intellectuels camerounais demandent une sanction de l'Union européenne.

VOICI LA LETTRE ENVOYEE A L'AMBASSADEUR DE L'UE

"Nous, intellectuels, chercheurs, universitaires, artistes et acteurs engagés de la société civile camerounaise, vous écrivons au lendemain du décès en détention de Monsieur Anicet Ekane, figure majeure du pluralisme politique depuis les années 1990, militant constant de la liberté, et acteur indéfectible de l’opposition démocratique.

Votre réaction immédiate, digne et rigoureuse — ainsi que la Déclaration du Porte-parole de l’Union européenne du 28 octobre — ont été accueillies au Cameroun comme un rappel nécessaire des principes qui fondent un État de droit : la protection de la vie humaine, le respect des libertés politiques, et l’interdiction absolue de la violence d’État.

Mais les derniers événements exigent désormais plus qu’un rappel.

Ils exigent des mesures immédiates.

1. Une chaîne de commandement clairement identifiée

Les informations aujourd’hui publiques et concordantes permettent d’établir la responsabilité directe de plusieurs hauts responsables de l’État dans l’arrestation, la détention et la mort d’Anicet Ekane :

Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence : auteur présumé de l’ordre initial.

Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration Territoriale : relais politique et commanditaire exécutif.

Galax Etoga, Secrétaire d’État à la Défense (SED) : responsable des lieux de détention.

Colonel Otoulou : exécution opérationnelle des instructions.

Ce n’est pas un accident administratif.

C’est une décision politique.

Et c’est aujourd’hui un décès qui engage la responsabilité de l’État.

2. Des témoignages d’une gravité exceptionnelle

Les faits rapportés par les avocates Me Dorcas Nkomgne, Me Laurie Meboung et Me Tchakounté Charlotte décrivent une succession de violations flagrantes :

interdiction d’accès à un détenu politique,

ordres contradictoires des forces de sécurité,

détention prolongée hors cadre légal,

absence de soins appropriés,

obstruction systématique à la défense.

Plus grave encore, les propos attribués au Ministre de l’Administration Territoriale révèlent un mépris choquant pour la vie humaine :

« Pour celui-là, s’il pouvait même mourir et nous laisser le Cameroun en paix… S’il meurt, je serai le premier à lui acheter le cercueil. »

C’est une banalisation explicite de la mort politique.

C’est un aveu.

Et c’est une rupture radicale avec les obligations internationales du Cameroun.

De son côté, le Ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a déclaré dans un entretien rendu public :

« Je suis triste. Ekane était mon ami. »

« Il y a des décisions prises sans consulter ceux qui ont une position différente. »

« Si j’avais été consulté, je ne l’aurais jamais autorisé. »

Cet aveu montre un État hors de contrôle, où les décisions les plus graves sont prises en dehors de tout cadre institutionnel, sans consultation ni responsabilité.

3. Un pays au bord de la rupture

La colère exprimée par des acteurs citoyens, notamment dans le message d’Alain Boris Tchientcheu, coordinateur du mouvement Cartes d’Électeurs, témoigne d’un climat explosif :

« Anicet Ekane, le mort de trop. Atanga Nji, prépare-toi. Je n’ai plus peur. »

Ces mots signalent une rupture de confiance entre le pouvoir et la population.

Ils témoignent d’un risque réel de confrontation.

Le Cameroun approche d’un point de bascule.

4. Notre demande : des sanctions immédiates

Dans l’attente d’une enquête indépendante, transparente et internationale — seule à même d’établir la vérité — nous demandons que l’Union européenne envisage sans délai des mesures ciblées (type travel ban, gel d’avoirs et suspension de coopération individuelle) à l’encontre des responsables identifiés :

Ferdinand Ngoh Ngoh

Paul Atanga Nji

Galax Etoga

Colonel Otoulou

Ces sanctions ne seraient pas une ingérence.

Elles seraient un devoir moral et démocratique, destiné à protéger la vie humaine, prévenir l’escalade, et envoyer un message clair :

la mort d’un opposant politique en détention ne peut rester sans conséquence.

5. Une exigence de vérité et de justice

Monsieur l’Ambassadeur,

L’heure n’est plus aux constats.

L’heure n’est plus aux regrets.

L’heure est à l’action.

La mort d’Anicet Ekane est un crime politique.

Elle exige des réponses politiques.

Elle exige des sanctions immédiates.

Elle exige une vérité complète.

Nous vous remercions pour votre attention, votre engagement constant en faveur des libertés fondamentales, et le rôle décisif que l’Union européenne peut jouer dans ce moment critique de notre histoire.

Veuillez agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de notre très haute considération".

Source: www.camerounweb.com