Le non-respect du consensus politique qui a suivi la fin des crises politiques du début des années 1990 se présente comme la grande cause de l’extrémisme qui a refait surface à la veille de l’année 2018 de toutes les attentes.
L’année 2018. Suivant le calendrier électoral, c’est l’année des quatre élections : législatives, municipales, sénatoriales et présidentielle. A petits pas, l’échéance approche.
Et la société camerounaise vit aux battements de cœur des états-majors politiques mais aussi d’autres partenaires sociaux sous la conduite des syndicats. La célébration de la fête du travail le 1er mai 2017 à Yaoundé transpirait d’ailleurs la sueur des revendications sociales.
Aussi a-t-on entendu le ministre du Travail prévenir sur la récupération des revendications corporatistes à des fins politiques. C’est dire que Grégoire Owona, ministre du Travail et par ailleurs Secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) le parti au pouvoir sait mince, la limite entre revendications sociales et exigences d’un nouvel ordre politique au Cameroun.
Le défilé qui s’ouvre demain sur le boulevard du 20-Mai n’est pas épargné par de nombreuses revendications. Certains appellent au boycott : SDF et CPP. D’autres crient au
Sport Pari 1xbetmusellement de leur participation. C’est le cas du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) qui dénonce les cinq carrés qui leur ont été attribués par le préfet du département du Mfoundi.
Le parti de Maurice Kamto voulait 50 carrés pour 7500 défilants. Des exemples comme ceux-là sont désormais légion au Cameroun. Comme si le gouvernement de Paul Biya, président de la République depuis 1982 craint la peur dans la cité.
Le slogan « Tous contre Biya » se rumine
En réalité, le régime de Paul Biya sait qu’il n’a pas respecté le consensus hérité de la fin des années 1990. Notamment sur l’alternance à la tête de l’Etat. Lorsque Paul Biya est élu en 1997, c’est pour un mandat de sept ans renouvelable une fois.
La classe politique le voit donc achever son bail à Etoudi en 2011 à la suite de sa réélection en 2004. Sauf que, contre toute attente, ses proches conseillers, et surtout les membres de son parti, le RDPC, né en 1985 des cendres de l’Union nationale camerounaise d’Ahidjo depuis 1966, veulent conserver le pouvoir.
La pratique supposée ou réelle de l’achat des consciences faisant de moins en moins recette, Paul Biya en son âme et conscience rompt par lui-même, les acquis de sa démocratie « apaisée » avec la révision constitutionnelle d’avril 2008. Principale innovation : l’article 6, alinéa 2 « le président de la République est élu pour un mandat de sept ans.
Il est rééligible ». En l’absence d’une lisibilité du calendrier électoral bien établi à l’approche de 2018, la classe politique dite de l’opposition n’hésite plus à saisir toute opportunité pour faire passer le message. Celui d’un nouvel ordre politique.
C’est la raison pour laquelle, en même temps que le slogan « Tous contre Biya » (TCB) se rumine, les réactionnaires du régime répondent aussi par l’extrémisme. Consacrant du même coup la fin de la civilisation des mœurs politiques. D’où ces invectives de Paul Biya en février 2008 « les apprentis sorciers » pour parler des acteurs sociaux et politiques qui revendiquent le mieuxêtre qu’il promet depuis 35 ans.