Vers une annulation de l’examen des avocats ?

Scale Justice Court

Thu, 2 Apr 2015 Source: Le Jour - Jean-Bruno Tagne

Un recours contentieux a été introduit au tribunal administratif de Yaoundé par un collectif de candidats recalés, qui dénoncent des fraudes.

Après le scandale du concours d’entrée à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), un autre concours fait l’objet d’une vive polémique. Il s’agit de l’examen d’aptitude au stage à la profession d’avocat, session 2014. Un recours contentieux aux fins d’annulation dudit examen a été déposé le 27 mars dernier au greffe du tribunal administratif de Yaoundé.

Il a été introduit par une vingtaine de candidats admissibles qui disent avoir été « injustement écartés » à l’issue des épreuves orales. Ils dénoncent de nombreuses irrégularités et fraudes qui ont émaillé l’examen.

Le 24 octobre 2014, le ministre en charge de la Justice publie une liste de 1453 personnes déclarées définitivement admises au stage d’aptitude à la profession d’avocat. Après lecture de cette liste, il apparait que des individus ont été déclarés définitivement admis alors que leurs noms ne figuraient nulle part sur la liste des 1879 candidats admissibles publiée le 31 juillet 2014 par le même ministre de la Justice.

Il s’agit des candidats dont les numéros sur la liste des admis sont les suivants : 14, 492, 644, 685 et 721.« Comment ces personnes dont nous avons choisi de ne pas publier les noms ont-ils fait pour être déclarés définitivement admis alors que leurs noms ne figuraient pas sur la liste des admissibles ?»

Ayant découvert cette supercherie, les membres du collectif des recalés adressent un recours gracieux sans suite au ministre de la Justice en date du 30 octobre 2014. Ils saisissent concomitamment le président de la République, le président du Sénat, le président de l’Assemblée nationale et le président de la Conac, sans plus de bonheur.

Leur objectif est de faire annuler tout le concours, bien que les candidats déclarées admises aient déjà prêté serment. Pour eux, la fraude corrompt tout, tel que la maxime « Fraus omnia corrompit » l’énonce.

« Cette fraude n’est pas seulement le fait d’un ou des candidats, mais aussi et surtout le fait des organisateurs et du jury, soutiennent les demandeurs. Lorsque la fraude émane de ceux qui sont chargés d’organiser l’examen, ledit examen doit être purement et simplement annulé, car on ne serait plus en mesure de savoir si ceux qui ont été déclarés définitivement admis l’ont été véritablement et si ceux qui ont été recalés l’ont été aussi du fait de leur mauvais travail. De ce fait, l’arrêté du ministre de la Justice viole le principe d’égalité des chances énoncé par la Constitution, la loi et l’équité. »

Le Collectif pointe la responsabilité de l’ancien bâtonnier. Ils soutiennent que Me Francis Sama Asanga, interviewé par Equinoxe Television, avait clairement reconnu que trois noms d’enfants de magistrats avaient été ajoutés. Chose qu’il jugeait d’ailleurs normale. D’où l’indignation des candidats recalés. Visiblement embarrassé par ce dossier, ce d’autant que les demandeurs l’accablent considérablement en tant qu’organisateur principal de l’examen querellé, Francis Sama Asanga a évité nos questions.

Il s’est juste contenté de quelques vulgarités contre le collectif des candidats recalés avant de tenter de refiler la patate chaude au nouveau bâtonnier. « Je n’ai rien à dire. Le tribunal est fait pour tout le monde, même pour les fous ! Ils peuvent saisir qui ils veulent. Je ne suis plus le bâtonnier. Adressez-vous au bâtonnier », a-t-il éructé au téléphone. Me Ngnié Kamga, le nouveau bâtonnier, quant à lui, est resté silencieux à nos sollicitations.

Source: Le Jour - Jean-Bruno Tagne