Alors qu'au Cameroun le président Biya se serait démené comme un beau diable, et plié en quatre, non sans avoir mobilisé tout le gouvernement et l'armée, fait barrer les routes de la capitale pour aller accueillir avec sons, tambours et trompettes, son homologue chinois à l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, c'est visiblement le contraire qui s'est produit en Chine où seul le Vice-Ministre chinois des Affaires africaines chinois est allée recevoir ce visiteur venu d'Afrique, continent ami de la Chine et pourvoyeuse de terres arables pour la production agricole chinoise.
Bon, même si on peut se demander si dans ce pays il n'y a pas de "ministre plein" pour aller accueillir un visiteur d'un tel rang que celui de chef d'Etat du Cameroun, chef suprême des armées, Commandant-en chef des forces de défense et de police, président national du Rdpc et candidat naturel du parti au pouvoir à toutes les élections présidentielles passées et à venir, ce n'est déjà pas rien d'avoir été reçu à sa descente d'avion par un vice-ministre chargé de s'occuper des histoires de Blacks et de Beurs.
De quoi en boucher un coin à ces langues venimeuses qui racontaient déjà sur les réseaux sociaux que le Guide suprème éternel du Cameroun, qualifié par son hôte chinois de «leader expérimenté en Afrique et un vieil ami du peuple chinois », avait été accueilli discrètement par des gardes-frontières chinois et le personnel de l'ambassade du Cameroun en Chine dont on peut du reste voir certains sur la vidéo ci-dessus, tenant un portrait de Paul Biya comme lors d'une procession funèbre. Comme les courtisans zélés en viennent à perdre la notion de symbole !
Notons, à la décharge des dirigeants chinois qui se sont ainsi montrés peu courtois à l'égard du dieu du Cameroun, que la visite était prévue du 22 au 24 mars. Or Paul Biya est parti du Cameroun le 18 mars. Il ne sert à rien de courir, l'essentiel c'est de partir à temps.
Conséquence, la ration de lézard sauté, de grenouille frite et d'escargot bouilli de Xi Jinping ne pouvant pas suffire pour plus d'une famille, l'instinct de conservation l'aurait emporté sur le sens de l'hospitalité. L'ami Xi a donc fait le mort en attendant le jour du vrai rendez-vous.
Ça n'aurait pas été le cas au Cameroun -notre légendaire sens de l'hospitalité et du partage oblige- où l'étranger n'a pas besoin d'annoncer son arrivée longtemps à l'avance pour prendre place à part entière parmi les convives de son hôte assis autour d'une assiette toute fumante de ndomba ou de couscous-njapche.
Après ça, venez me parler de relation d'égal à égal avec la Chine. Et je vous sourirai la bouche fermée.