D'après des révélations faites par Jeune Afrique en 2018, la résidence des Biya dans le village natal du président à Mvomekaa, est une véritable forteresse et s'y sent bien et très en sécurité. Mais, très peu de personnes peuvent se targuer d'avoir rendu visite à Biya dans cette résidence privée surprotégée par des centaines de militaires armés jusqu'aux dents.
Très peu d'images de cette "deuxième présidence" et "résidence privée de Biya" à Movemekaa existent sur la toile. En effet, il est interdit à toute personne de s'approcher de très près de la maison de Biya à Mvomekaa. N'y rentre que toute personne que le chef de l'Etat veut bien voir.
Visite guidée…
C’est une large route au cœur de la forêt équatoriale camerounaise. Marquage au sol soigné, tracé parfait, nids de poule inexistants : elle a fière allure. Première grande réalisation du président Paul Biya peu de temps après son arrivée au pouvoir, en 1982, elle relie Yaoundé, la capitale, Sangmélima, l’une des villes de son enfance, et Mvomeka’a, son village natal.
À l’entrée de la ville, un poste de contrôle barre la route. Là bas trois ou quatre soldats en faction regardent et contrôlent les pièces d’identités des passants.
le domaine présidentiel ne s'étend pas qu'à l'immeuble qu'occupe Biya. Tous les terrains avoisinants ont été acheté afin d’installer des proches de la famille, en prenant soin de séparer le privé du professionnel et en bannissant tout luxe ostentatoire. D’un côté, les appartements où résident l’aide de camp, le directeur du cabinet civil, le chef de protocole, le maître d’hôtel. De l’autre, les villas de la famille, dont celles de sa sœur et de sa mère, aujourd’hui disparue.
De nos jours, Mvomeka’a appartient presque exclusivement au clan Biya. Mais personne d’autre que le couple présidentiel ne loge dans l’enceinte de ce palais nimbé de mystère. Juché sur les hauteurs du village, il évoque autant une oasis romantique pour ce vieux président féru de musique classique qu’un camp retranché.
Pas moins de 260 personnes sont employées par sa petite entreprise, la Ferme moderne du Sud, où sont élevés moutons, porcs, ânes et poulets. «Difficile de trouver ces poulets sur le marché quand Biya est en ville, déplore pourtant Mojaz. La centaine de collaborateurs qui accompagne le président est prioritaire et les pénuries sont fréquentes?»
Côté plantations, 90 ouvriers agricoles produisent palmiers à huile, poivre blanc, hévéa et ananas sur 150 hectares. D’ailleurs Biya a créé une unité de transformation dirigée par un Italien venu des Plantations du Haut Penja (PHP). Le président a un faible pour la culture d’hévéa, nous raconte Hector, un employé de la plantation.
Dans son premier champ, il en avait planté 60 ha, qui lui ont permis d’engranger 22 millions de FCFA (33500 euros) lors la première récolte. Satisfait, il a remplacé le poivre par de nouveaux hévéas, auxquels il consacre désormais 40 ha de plus. C’est aussi sous son impulsion que s’est installée une plantation agro-industrielle d’hévéa, en 2012.
Prévue sur 35000 ha, elle en ouvre pour l’instant 15000 et emploie quelque 4000 personnes. Ce projet est toutefois surveillé par l’ONG Greenpeace, qui craint de le voir empiéter sur la toute proche réserve du Dja, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le regain d’activité a néanmoins entraîné une augmentation de la population de l’arrondissement : celle-ci est passée de 31000 âmes en 2005 à 66000 aujourd’hui.