Voici comment les services secrets ont recruté des étudiants pour Biya

10567 XEtoudi170815750.pagespeed.ic.lqJR31fCbc La procédure de recrutement à la présidence de la République est souvent entouré de mythes

Thu, 18 Jan 2018 Source: www.camerounweb.com

Au Cameroun, la procédure de recrutement au sein de certaines institutions publiques, comme la présidence, est souvent entourée de mythes et de mystères qui font fantasmer plus d’un.

Dans son ouvrage autobiographie « Le Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun, Entre mythes, textes et réalité », l’ancien SGPR Jean-Marie Atangana Mebara a, à cet effet, raconté une anecdote digne d’un polar.

Ci-dessous un extrait du livre :

Ce que vous me demandez de comprendre c’est qu’à travers ces séries de nominations au secrétariat général, le président vous a témoigne d’une confiance particulière ?

Je crois en effet que j’ai bénéficié d’une confiance particulière du Chef de l’État pour pouvoir faire des nominations au Secrétariat général à plusieurs reprises. La première fois, je crois en octobre 2003, j’avais obtenu l’accord du Chef de l’État pour constituer une équipe efficace au Secrétariat général.

J’ai alors demandé à mes deux adjoints de me soumettre confidentiellement leurs propositions. Puis, sans lui dire pourquoi, j’ai demandé au Directeur général de l’ENAM de me faire tenir en urgence la liste des dix meilleurs élèves des cinq dernières promotions dans la filière Administration générale et éventuellement leur lieu actuel d’affectation.

Au terme d’un premier examen de cette liste, quelques noms ont été sélectionnés ; ces noms ont été ensuite remis en mains propres au Directeur Général de la Recherche Extérieure, pour les enquêtes d’usage sur la moralité et la personnalité des personnes concernées. Environ une dizaine de jours plus tard, le Directeur général de la DGRE est venu me remettre les fiches sur chacun des individus dont la liste lui avait été fournie.

Un seul cas semblait avoir attiré négativement l’attention des services spécialisés ; le nom de ce Monsieur fut éliminé de mes projets. Ensuite, avec les propositions obtenues de mes adjoints, les notes d’appréciation que j’avais moi-même établies sur mes collaborateurs à l’interne, et la liste de certains de mes anciens collaborateurs au Ministère de l’Enseignement Supérieur dont j’avais besoin ou qui me semblaient mériter une promotion, j’ai commencé l’élaboration du projet de décret de nomination.

Je devais rechercher ou maintenir un certain équilibre entre les nouveaux et les anciens. Je m’étais aussi fixé pour objectif de rajeunir l’équipe de collaborateurs et de n’ostraciser aucun grand groupe ethnique.

Quelques autorités externes avaient été consultées, notamment le Secrétaire général des Services du Premier Ministre (M. ABOGO NKONO), le Directeur des Impôts (M. ABAH ABAH) et le Directeur Général de l’ONADEF (M. SOLLO Jean William à l’époque) pour l’un ou l’autre de leurs collaborateurs.

Des responsables de l’ISMP (l’Institut Supérieur de Management Public dont j’avais été Directeur pendant quatre années) avaient aussi été mis à contribution, eux qui avaient vu passer chez eux, comme stagiaires, de nombreux fonctionnaires de différents corps. Mon premier projet de texte a subi un rejet de la part du Président de la République. J’y ai apporté les corrections demandées et le projet de décret a été signé.

Deux jours après la diffusion de ces textes, le Chef de l’État m’a fait savoir, au cours d’une audience, que « mes » nominations avaient reçu un écho globalement favorable ; qu’il avait reçu de nombreux courriers de satisfaction provenant de toutes les régions.

J’avais su plus tard qu’un des témoignages provenait de M. ALI AMADOU, Ministre d’État chargé de la Justice. Amusantes à voir les réactions de certains de mes nouveaux collaborateurs que j’avais reçus, les uns après les autres, pour les féliciter et connaître physiquement ceux que je n’avais jamais rencontrés !

Ils m’avouaient ne pas comprendre comment ils avaient pu se retrouver nommés à la Présidence alors qu’ils ne m’avaient jamais rencontré. À ceux qui étaient diplômés de l’École d’Administration, j’avais fait comprendre que leurs performances avaient été déterminantes dans un premier temps.

Je leur ai dit à tous qu’ils devaient désormais donner le meilleur d’eux-mêmes, en termes de travail et de loyauté vis-à-vis du Président de la République, pour toujours mériter sa confiance. Je n’attendais d’eux que dévouement à leur travail. Et pour répondre directement à l’une de vos questions, je n’ai demandé à aucun d’entre eux quelque allégeance à ma personne ; encore moins de l’argent pour être nommé.

Imagine-t-on seulement un Secrétaire général de la Présidence prenant de l’argent à ses collaborateurs pour les nommer ou les faire nommer ? Comment après cela exercer la moindre autorité sur eux ? C’est simplement impensable.

Ceci dit, je vous avoue que j’ai toujours reçu avec plaisir et même quelque émotion, les messages de sympathie et de réconfort que certains anciens collaborateurs, m’ont apportés eux-mêmes ou m’ont transmis depuis mon incarcération ; ils étaient plantons, gardiens, secrétaires, agents administratifs, cadres, ou même responsables nommés par des textes présidentiels ; nous avions collaboré, pour les plus anciens, au Ministère de la Fonction Publique, ou au Ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire ; pour les plus jeunes, nos chemins s’étaient croisés dans les Services du Premier Ministre, à la Présidence de la République, ou au Ministère des Relations Extérieures. Je leur serai toujours reconnaissant pour leurs touchantes attentions.

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