Voici l'une des causes du délestage au Cameroun

Barrage   Eneo Le barrage de Nachtigal

Fri, 15 Mar 2024 Source: L'œil du Sahel N°1917 du 13 mars 2024

Les grandes métropoles camerounaises continuent de faire face aux coupures intempestives de l’énergie électrique, notamment dans le Réseau interconnecté sud (RIS), alors que l’offre énergétique devrait considérablement être améliorée avec la construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal. L’ouvrage d’une capacité de 420 mégawatts en construction à Batchenga dans la région du Centre depuis 2019, tire vers sa fin, et son entrée en service, initialement prévue pour fin 2023, est annoncée plutôt pour le mois d’avril, a révélé le Directeur général d’Electricity Development Corporation (EDC), Théodore Nsangou, lors de son passage dans le programme télévisé « Présidence Actu », lundi dernier sur CRTV.

« La première raison, c’est le retard à la livraison du barrage de Nachtigal qui est très important pour notre pays. On avait beaucoup espéré qu’il serait livré avant la fin de l’année 2023. Je pense que, d’après les discussions que nous avons avec les responsables de projet de NHPC (Nachtigal hydro power company), on espère que le barrage sera mis en service au courant du mois d’avril. Dès que Nachtigal sera en service, ça va atténuer les délestages qui sont liés à un déficit de production », a-t-il déclaré.

La livraison de ce barrage devrait en effet permettre de booster la production énergétique nationale de 30 %, alors que le potentiel actuel du pays en hydroélectricité et en énergies renouvelables est évalué à 1 600 mégawatts, selon les données du ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee). Eneo pointé du doigt. Ce facteur imputable au segment de la production dont EDC est l’un des acteurs majeurs, constitue l’une des premières causes des coupures intempestives dans le RIS.

Mais il y a surtout les difficultés liées à la distribution de l’énergie disponible par l’entreprise Energy of Cameroon (Eneo) qui est le leader sur ce segment. Pour Théodore Nsangou, « en dehors du problème de Nachtigal, il y a le problème de la distribution. Lorsqu’on entre dans les villages, on constate que tous les réseaux de distribution sont pratiquement par terre. Les poteaux bois sont complètement à terre, et lorsqu’il y a la sécheresse, les feux de brousse font tomber ces poteaux. Avec le retour des pluies qui s’accompagnent des orages, les coupures s’amplifient au niveau de la distribution ».

Pour lui, le déficit énergétique observé actuellement est moins lié à la production et au transport qui incombe à la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel), qu’à la distribution. Il n’est pas inhabituel de voir les opérateurs de ce secteur s’écharper pour justifier le tort des coupures électriques causé aux populations. Pour sa part, Eneo a presque toujours évoqué les difficultés liées à la production, et donc EDC a une part importante. Pour ce qui est des délestages dans le RIS, la filiale du fonds britannique Actis a souvent évoqué les problèmes d’hydrologie, avec notamment une baisse du niveau d’eau sur le fleuve Ntem qui alimente le barrage de Memve’ele.

« C’est une raison de plus évoquée par Eneo, pour justifier un certain nombre de choses. Avant, Eneo disait que c’est l’hydrologie dans le fleuve Sanaga. Mais depuis qu’on a construit Lom Pangar, il n’en parle plus. Cette question hydrologique pour moi n’est pas le problème », réagit le patron d’EDC. Il assure d’ailleurs que la production énergétique est très abondante sur ce barrage au cours des dernières semaines, avec des quantités de 80 à 140 MW injectées dans le réseau chaque jour.

Source: L'œil du Sahel N°1917 du 13 mars 2024