« Qui tue les Camerounais ? » Cette question de Mgr Kleda a toute sa place face à la longue liste de crime non élucidés au Cameroun. Si aujourd’hui l’actualité est marquée par l’assassinat sauvage du journaliste Martinez Zogo, il convient de rappeler que dans les années 2000, un autre crime impliquant toujours des hommes en uniforme avait secoué le pays pendant de longs mois. Il s’agit de la disparition à Douala de 9 jeunes, suspectés d’avoir volé une bouteille de gaz d’une jeune dames qui vraisemblablement à des bras longs. CamerounWeb vous propose, comprendre ce qui s’est passé à l’époque, le communiqué d’Amnesty International et le résumé en vidéo des faits par Arol Ketch.
Un tribunal militaire a rendu son verdict le 9 juillet dans l’affaire des neufs adoles-cents "disparus" qui avaient été arrêtés le 23 janvier 2001 après avoir été suspectés du vol d’une bouteille de gaz d’un voisin dans le quartier de Bépanda Omnisports de Douala.
Chia Efficence, Kuete Jean Charly, Ngouoffo Frédéric, Kouatou Charles Ruben, Kuate Fabrice, Etaha Marc, Kouatou Elyséé Herbert, Tchiwan Jean Roger et Chia Nain ont "disparu" quelques jours après leur arrestation alors qu’ils étaient en garde à vue et n’ont pas été revus depuis.
Les gendarmes Ousmanou Bobbo, Pascal Yérémou Nyamsi, Jean Jacques Abah Ndzengue Urbain, Appolinaire Onana Ambassa , Nicolas Oyong Taku, Anadjo Adroumpai, Luc Evoundou and Samuel Houag comparaissaient pour "assassinat, torture, corruption, violation des consignes et complicité des même faits". "Violation de consignes" et "complicité de violation de consignes" ont été les seuls chefs d’accusation retenus contre le Colonel Bobbo Ousmanou et le Capitaine Jean-
Jacques Abah Ndzengue Urbain. Les six autres accusés ont été relaxés.
Dans une lettre au Ministre de la Justice, Amnesty International a regretté que les responsables de la "disparition" des neuf de Douala n’aient toujours pas été trouvés et traduits en justice.
L’organisation demande aux autorités d’assurer la sécurité des familles et de leurs conseils qui ont exprimé l’intention d’interjeter appel contre la décision du tribunal militaire. "Il est de la responsabilité de l’Etat de répondre de leur sort et de garantir que les responsables des "disparitions" seront traduits en justice," a rappelé Amnes-ty International.
"Les autorités camerounaises doivent ouvrir une enquête publique, exhaustive, in-dépendante et impartiale sur les allégations de violations des droits humains com-mises par les forces de sécurité, en particulier par le Commandement opérationnel depuis deux ans," a ajouté Amnesty International.
Les responsables de ces violations doivent être jugés dans le respect des normes internationales régissant les procès équitables. Amnesty International rappele éga-lement que "tant que ces allégations ne feraient pas l’objet d’enquêtes appropriées, l’ombre de l’impunité planerait sur les violations répétées commises par les forces de sécurité au Cameroun". Amnesty International a régulièrement documenté des cas de tortures et mauvais traitements au Cameroun. L’organisation a maintes fois soulevé ses préoccupations sur les exécutions extrajudiciaires perpétrées par le Commandement opérationnel ainsi que par la Brigade antigang lors d’opérations de sécurité menées dans le nord du pays depuis 1998 pour combattre les vols à main
armée.