Le « président du gouvernement provisoire » de l’Ambazonie, Sisiku Julius Ayuk Tabe, est spécialiste Cisco System et responsable informatique de l’Université américaine de Abuja. Résident permanent au Nigéria, ce fils d’Ewelle dans le Manyu est diplômé des universités britanniques de Sheffield et de Kyle.
Le Pr. Augustine Awasom, également aux arrêts, est citoyen américain et enseignant d’université. Titulaire d’un Ph.D en économie, « l’Ambazonien » Cornelius Kwanga, est, quant à lui, enseignant d’économie et de management à l’université Umaru Musa Yar’adua de Katsina, capitale de l’État du même nom dans le nord. Le Dr. Ing. Henry T. Kimeng est professeur associé de Génie civil à l’université Ahmadu Bello de Zaria. Le Dr. Fidelis Ndeh-Che enseigne l’ingénierie électrique et l’électronique à l’université américaine de Yola, dans l’État de l’Adamawa.
Le Dr. Ojong Okongho est un universitaire qui s’est lancé dans les affaires. Autre détenu du DSS : l’ex-avocat de Kumba, Elias Eyambe Ebai... Fondateur de la Meme Lawyers’ Association (MELA), l’avocat a quitté le Cameroun après l’arrestation des homologues du Consortium anglophone. Il en est de même de la seule femme du groupe, Nalova Bih.
À l’instar de son homologue de la Meme, l’avocate a obtenu son statut de résidente au Nigéria sous la houlette de l’AfBA. Le séparatiste le plus connus de l’échiquier pour avoir déjà connu les geôles du régime Biya, le Dr. Nfor Ngala Nfor, fait partie du lot. C’est le président du très « sécessionniste » Southern Cameroons National Council (SCNC), « interdit » en même temps que le Consortium à la mi-janvier 2017 par le ministre de l’intérieur. Enfin, le syndicaliste Wilfred Tassang, secrétaire exécutif du syndicat des enseignants CATTU, est un des fédéralistes radicalisés en réaction au traitement brutal opposé aux « revendications socioprofessionnelles » anglophones par le régime de Yaoundé…
Sans surprise, les médias nigérians lient d’abord le coup de filet du DSS, le 05 janvier, à l’arrestation, la veille, de 39 séparatistes dont 5 militants du Delta du Niger près de la ville de Nguroje dans l’État de Taraba, frontalier au Cameroun. Il apparût normal d’en chercher le marionnettiste.
Mais ce qui se cache derrière le coup de filet du DSS s’avère beaucoup plus complexe.
Dans leur communiqué, les séparatistes ambazoniens affirment d’abord que le commando en noir provient du Cameroun. Les tortionnaires de Yaoundé s’étaient-ils déguisés en DSS? Non. Ce n’est pas le cas. En quelques heures, le DSS est indexé par les médias. Brouillant les pistes, « une source au sein du DSS » dément l’implication du Yellow House. La pression monte. Il s’avère que « la source » a menti. Le coup est, effectivement, signé DSS.
On se perd en conjectures. Le DSS voulait-il gagner du temps et se donner la chance de « finish the job »? Quel job? Dans un flou artistique évident, le DSS promet d’investiguer à l’intérieur. Il résiste à la demande des familles et des avocats de visites ou d’explications sur les étranges arrestations. Motus et bouche cousue. On tente d’esquiver l’habeas corpus qui oblige à traduire tout détenu devant un tribunal dans les plus brefs délais.