Voici le triste visage des villes anglophones après les attaques

Militaires Patrouilles Carmee Camerounaise Musuka Des milliers de refugiés se sont enfuis vers le Nigéria

Wed, 20 Dec 2017 Source: camer.be

L’insécurité dans notre pays a-t-elle atteint un seuil inquiétant ? Les faits mis ensemble permettent de répondre par l’affirmative. Tenez, quatre gendarmes ont été tués lundi après-midi dans la localité de Kembong, arrondissement d'Eyumodjock, département de la Manyu, région du Sud-ouest.

« C'est une de ces attaques qui vient malheureusement de coûter la vie à quatre de nos gendarmes, froidement assassinés ce lundi 18 décembre 2017 », a confirmé face aux médias, Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication. Il attribue ce meurtre aux « criminels sangui-naires sécessionnistes ».

Lors de sa conférence de presse, Issa Tchiroma présente un tableau sombre de la situation sécuritaire dans cette partie du pays. « Des bandes armées se réclamant de différents mouvements sécessionnistes, ont mené ces derniers temps des attaques dirigées contre les positions des Forces de Défense, en particulier dans les zones frontalières et certaines localités en bordure de la frontière Ouest du Cameroun.

Ces attaques, qui se sont majoritairement concentrées dans le département de la Manyu, région du Sud-Ouest, se sont parfois soldées par la mort d’éléments de nos Forces de Défense et de Sécurité. Il convient de rappeler que les terroristes avaient profité de l’avantage que leur offrait la forêt épaisse adossée au Nigéria voisin, pour y créer des camps d’entrainement clandestins, à partir desquels ils organisent des raids visant des positions des Forces de Défense », dit-il.

En fait, depuis plus d’un an, les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest vivent dans une insécurité sans précèdent. De revendications corporatistes, l’on est dans une vraie guerre. A ce jour, au moins 14 soldats ont été tués. Des civils aussi, même s’il est pour l’instant difficile d’avancer un bilan. Des Camerounais, par milliers, ont fui pour se réfugier au Nigeria voisin. Des mesures exceptionnelles, donc couteuses, ont été prises pour maintenir l’ordre et la sécurité.

Avec la dégradation de la situation, les forces de 3ème catégorie ont dû entrer en action à travers des unités tactiques, et mené des opérations de force visant à sanctuariser les zones exposées, à traquer l’ennemi et à sécuriser la frontière. La note de cette guerre, qui n’est pas encore terminée, est d’ores et déjà salée.

Les écoles sont fermées, les commerces aussi. La vie tourne au ralenti dans un contexte de crise économique. Mais il n’y a pas que ces deux régions qui ont sont en instabilité. Il y a d’abord l’Extrême-Nord. 17% des Camerounais y vivent ici.

Depuis 2014, le Cameroun est entré officiellement en guerre contre Boko Haram, classé comme étant le groupe terroriste le plus meurtrier au monde. Au moins deux mille personnes ont été tuées et la liste s’allonge chaque jour. Des soldats dont un général est mort au champ d’honneur.

Des milliers de déplacés internes. Une pauvreté inhumaine s’est installée au sein de la population. Non loin de là, le Nord. Là-bas, ce n’est pas Boko Haram, mais des preneurs d’otage. Parmi les départements, les plus touchés, il y a le Mayo Rey. Des bandes armées, venues pour certains du Tchad voisin, écument les bergeries. La société s’est complément déstructurée.

A côté, il y a l’Adamaoua. Ici, tout commence en 2013 dans l’arrondissement de Belel, département de la Vina. Des hommes armés s’installent dans des bergeries, menacent les bouviers, volent des aliments, puis se replient dans la vaste forêt qui sépare le Cameroun de la Rca.

Aucune riposte. Ils reviennent en nombre et encore plus armés. Ils passent à une autre étape. Ils veulent de l’argent pour laisser les éleveurs tranquilles. Ils instituent une sorte d’impôt. Certains éleveurs ont justement payé contre une « quittance » pour une période déterminée.

Ceux qui refusent de le faire sont menacés et interdits de séjour dans les bergeries. Les bandits deviennent plus nombreux et plus entreprenants. Ils optent maintenant pour les prises d’otages avec demande de rançons. Comme une métastase, le phénomène a contaminé tous les départements de l’Adamaoua, excepté le Mayo Banyo.

Cette forme de criminalité est nouvelle ici. Mais elle a aussi une explication. « L’on assiste de plus en plus à ce qu’on appellerait les ”razzias d’otages” comme si les assaillants tentaient leur chance une fois pour toutes en enlevant de nombreuses personnes pour une rançon importante réinvestissable », analyse Saibou Issa, le directeur de l’école normale de Maroua, et spécialiste des questions sécuritaires dans le Septentrion .

Personne ne peut estimer à ce jour le bilan de cette insécurité qui détruit le tissu économique et social de la région. Les villageois ont abandonné les zones rurales. Des villages entiers ont été rayés de la carte. L’élevage bovin est à l’agonie.

Situation similaire à l’Est où le trouble en Centrafrique a transformé cette région en zone infréquentable. Selon des sources, il est impossible de faire des affaires en dehors des centres urbains. Même si des attaques organisées sont réduites, des poches d’insécurité continuent à semer le doute notamment dans les zones frontalières, bien enclavées en plus.

Ainsi donc au Cameroun, en dehors du Centre, du Sud, du Littoral et de l’Ouest, toutes les autres régions sont en proie à une insécurité généralisée. Au secours!

Source: camer.be