Boko Haram, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Al Shaabab… de nombreux groupes extrémistes sévissent en Afrique. Dans une étude publiée jeudi 7 septembre, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a interrogé 495 jeunes rescapés des filières djihadistes sur les raisons qui les ont incitées à intégrer les rangs des mouvements djihadistes.
Bien que 50 % des personnes interrogées aient cité la religion comme principale motivation, 57 % admettent n’avoir qu’une connaissance superficielle de l’islam. Des chiffres contradictoires, qui suggèrent une fois de plus une réalité religieuse locale complexe.
Dans son analyse, le responsable du bureau africain du Pnud va même plus loin. « Les jeunes qui intègrent ces groupes ne croient aucunement en l’idéologie islamiste et n’ont quasiment aucune notion de l’islam », n’hésite pas à affirmer Lamine Mar Dieye.
Facteurs socio-économiques
Pour le responsable du Pnud, les principales motivations qui incitent les jeunes à intégrer les groupes islamistes radicaux sont socio-économiques. Les chercheurs du Pnud ont, en effet, établi que la pauvreté et l’exclusion sont des terreaux favorables à la radicalisation
Tous les jeunes qui ont participé à l’étude sont déscolarisés, désœuvrés et issus de milieux pauvres. « La pauvreté associée à l’exclusion et à la marginalisation forment un cocktail explosif qui fait que ces jeunes n’ont pas d’espoir et constituent des proies faciles pour les groupes extrémistes », fait observer le directeur du bureau Afrique.
À ses yeux, « une économie de la radicalisation » se développe désormais sur le continent?: « Les recruteurs des filières djihadistes profitent de la vulnérabilité des jeunes qui veulent coûte que coûte sortir de leur situation de grande précarité »
Frustration, abandon
Les jeunes qui ont participé à l’étude expriment leur frustration et leur sentiment d’être abandonnés par le gouvernement de leur pays. 71 % d’entre eux affirment qu’ils n’auraient pas intégré les mouvements islamistes s’il y avait eu des programmes gouvernementaux visant à leur assurer une insertion professionnelle.
Selon le bureau africain du Pnud, ce sont les pays les plus vastes et dont les principales activités sont concentrées dans quelques zones qui attirent le plus facilement les filières djihadistes car ils comportent des zones périphériques non gouvernées. C’est le cas de la Mauritanie, du Mali dont les parties désertiques abritent AQMI. C’est aussi le cas de la Somalie qui abrite les Shebabs et du Nigeria dont le nord où sévit Boko Haram est pauvre et dénué infrastructures.
Lamine Mar Dieye fait, par ailleurs, remarquer que même si l’étude ne démontre pas une corrélation entre radicalisme religieux et migrations, les deux phénomènes ont les mêmes causes?: la pauvreté, la marginalisation et l’ignorance et comme solutions l’éducation et la création d’emplois pour les jeunes.