Voici pourquoi Emmanuel Macron n'a pas réussi à faire plier Paul Biya

Macron ambitionne de faire partir le géant russe Gazprom du Cameroun

Tue, 2 Aug 2022 Source: www.camerounweb.com

Il n'es pas un secret de polichinelle. Emmanuel Macron est rentré bredouille du Cameroun. Il n'a pas réussi à faire plier Paul Biya pour chasser les russes de Gazprom qui ont remplacé Gaz de France (Engie) à Kribi.

Jean-Paul Pougala sort une analyse de fond sur la situation. Il s'agit d'un extrait de la leçon d'Intelligence Economique n° 794 intitulée : L’inutile visite de Emmanuel Macron au Cameroun.

Cette première partie est consacrée à l'ambition de Macron de faire partir le géant russe Gazprom du Cameroun. Lisons plutôt !

Et puis, en septembre 2015, GDF devenue Engie annonce triomphante :

« Ce projet qui est une grande première en Afrique, consiste en «la conversion du méthanier Golar Hilli de la société Golar Hilli Corporation, en une installation de liquéfaction. Les travaux de conversion du méthanier sont actuellement en cours dans les chantiers navals de Keppel, à Singapour». (…)

« Ce navire doté d’une capacité de 1,2 million de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, livrera ses premières productions exportables du Cameroun vers l’Europe, à partir de la mi-2017. »

Vraiment ?

On peut lui faire confiance et croire que le bateau méthanier qui doit rester aux larges de Kribi est déjà en cours de conversion à Singapour ?

En tout cas, à peine un an plus tard, le 18 juillet 2016, c’est la douche froide pour les autorités camerounaises.

Un porte-parole de Engie lit un communiqué dont voici quelques lignes :

« Comme on peut l’observer à travers le monde, les conditions du marché ne sont pas favorables au développement de grands projets de liquéfaction de GNL (gaz naturel liquéfié) aujourd'hui. En tant que tel, le projet a été mis en pause avant la prochaine phase de développement (Engineering Procurement Construction)».

C’est le point final. Le projet de 5 milliards de dollars à investir à Kribi, c’est terminé. Mais l’hameçon a pourtant bien marché. Puisque les choses vont bon train entre Engie et CIC. L'accord ayant permis à Engie, l'obtention de contrats de terminal flottant de regazéification pour plusieurs grandes villes chinoises.

Engie dit que : « les conditions du marché ne sont pas favorables au développement de grands projets de liquéfaction de GNL (gaz naturel liquéfié) aujourd'hui ».

Comment expliquer les propos de ce communiqué, alors qu’au même moment, grâce à son nouveau partenaire CIC, Engie gagne des marchés de liquéfaction de GNL en Chine ?

Monsieur Paul Biya ne s’avoue pas vaincu.

Dès 2016, il décide de passer à la contre-attaque, mais en toute discrétion, en bon sous-marins.

L’indétrônable Adolphe Moudiki, administrateur directeur général de la Société nationale (camerounais) des hydrocarbures (SNH) en poste depuis 1993, est toujours à sa place. Il réunit tous les sous-traitants que GDF avaient déjà convaincus de faire partie du projet : la société Golar Hilli Corporation, pour lui demander de continuer et de finaliser la conversion du méthanier Hili.

Deuxième étape, il met le cap sur la Russie. Ce pays veut faire son retour en Afrique et est disposé à se montrer généreux, en tout cas, plus que la France, son ennemie jurée qu’il veut déboulonner en Afrique dite francophone.

Gazprom promet au Cameroun d’acheter la totalité de la production camerounaise, à un prix deux fois supérieur au prix du marché de l’époque. Et ce, pendant 8 ans, c’est-à-dire, jusqu’en 2024.

L’objectif est d’aider le Cameroun à se donner les moyens d’exploiter son propre gaz et rejoindre la Russie et l’Algérie, dans le nouveau cartel des producteurs du Gaz et de peser sur le prix à la hausse.

Mais le Cameroun a d’autres objectifs : exploiter avec l’aide de Gazprom et de la Russie, les nouveaux gisements de gaz pour en construire la plus grande centrale électrique du continent africain, capable de fournir l’électricité à un prix très concurrentiel à son puissant voisin, le Nigéria, première puissance économique du continent africain depuis 2019 selon le FMI.

Selon le "The Energy Newspaper", "Dimanche le 18 avril 2022, le premier méthanier appartenant à la société d’État russe Gazprom en provenance du Cameroun arrive au port espagnol de Sagunto avec le gaz naturel liquéfié (GNL).

Le navire a déchargé lundi 19 avril 2022, 165 600 premiers mètres cube de gaz camerounais"

On apprend aussi par cette source ceci :

« Le navire avec la cargaison en provenance de Kribi, en direction du port de Sagunt s’appelle Energy Intelligence (…)

l’Espagne achète 300 millions d’euros de gaz à la Russie par mois. La plupart entrent par le port de Bilbao, mais dans ce cas, les méthaniers avec le gaz camerounais arrivent à Valence. »

En d’autres mots, le Cameroun a fait comme le Botswana il y a quelques années, en confiant la commercialisation de toute sa production de diamant à la Russie, qui a plus de force de frappe pour négocier avec n’importe quel client. La conséquence a été que dès la première année, le Botswana est devenu le premier producteur mondial de diamant en valeur et non en quantité. Et ce, grâce à la Russie.

Dans ce cas du gaz, nulle part le nom du Cameroun n’apparait, puisque c’est Gazprom qui vent à l’Espagne et dans les cahiers comptables, l’Espagne met le pays d’origine de son fournisseur Gazprom, qui est la Russie.

Voilà comment, Macron ne comprend pas que Paul Biya devient subitement sourd, alors qu’il n’a pas besoin de prothèse auditive, lorsqu’une journaliste de France Télévision lui demande s’il condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est parce que les sanctions contre la Russie, surtout sur le Swift touchent aussi le Cameroun, qui doit être payé après la vente de son gaz par Gazprom.

Emmanuel Macron ne veut toujours pas comprendre pourquoi lors du vote aux Nations Unies du 5 mars 2022 pour condamner la Russie, le représentant du Cameroun, comme 6 autres pays africains, ont eu subitement envie d’aller aux toilettes, où il y avait un embouteillage fou. Ce qui est la vraie raison pour laquelle il n’a pas pu retourner à temps voter pour ou contre la condamnation de l’invasion de la Russie.

Tous ceux qui nous font la leçon de ce qu’on devrait faire contre la Russie oublient de nous dire, une fois que nous aurons contribué à condamner la Russie, qui nous paiera notre argent du gaz camerounais ? Et sur les avoirs russes bloqués dans les banques européennes, combien appartient à l’Etat du Cameroun ? Dans ce monde, chacun vote d’abord pour lui-même, pour ses intérêts.

Et lorsque l’Union Européenne décide des premières sanctions contre la Russie, elle est très loin de se douter que le gaz qu’elle croit utiliser pour bluffer la Russie sera la vraie arme qui sera à la base de l’inflation galopante dans toute l’Union Européenne, au point où ils se mettront tous d’accord pour envoyer Emmanuel Macron convaincre Paul Biya sans succès de produire plus de gaz pour l’Union Européenne.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron se précipite au Cameroun, parce que le contrat avec Gazprom était pour 8 ans et doit naturellement se terminer en 2024.

C’est ce qui explique l’offensive du président français pour tenter de convaincre les dirigeants camerounais de remplacer Gazprom par Engie, qui avait décidé elle-même de quitter le Cameroun, en nous laissant une ardoise, l’alimentation de Boko Haram par la France et son lot de mot.

Non seulement Gaz de France (GDF) devenue Engie est partie du Cameroun, remplacée par Gazprom, mais c’est avec le versement par la France de la rançon à Boko Haram pour la libération du directeur de GDF-Cameroun, Monsieur Fournier et sa famille que Boko Haram a obtenu les ailes qui lui ont permis de voler plus haut dans sa funeste mission de tuer le plus de camerounais.

En tout cas, ce n’est pas moi qui l’affirme, mais le quotidien américain le New York Time du 29 juillet 2014.

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L’Epilogue de cette histoire :

Le 24 mai 2022, le groupe suisse de négoce de matières premières Glencore (qui permet au Cameroun de contourner l’interdiction du FMI de subventionner le pétrole sur le marché camerounais en livrant le pétrole brut à raffiner à la Sonara de Limbé), plaide coupable de faits de corruption et de manipulation de marchés en Afrique et en Amérique latine. Glencore annonce : « avoir conclu des accords avec les justices de plusieurs pays : États-Unis, Grande-Bretagne et Brésil ».

Qui est le coupable désigné ?

Un certain Adolphe Moudiki !

Vous vous rappelez qui est ce Adolphe Moudiki au début de notre histoire en 2008 ?

C’était l’administrateur directeur général de la Société nationale (camerounais) des hydrocarbures (SNH), qui a été roulé dans la farine par Philippe Olivier, le président et directeur exécutif du groupe français Gaz de France, GDF-Suez Global LNG.

Sauf que la malchance pour les français a voulu que ce Adolphe Moudiki soit l’administrateur directeur général qui a duré le plus à la tête de la SNH, c’est-à-dire de 1993 jusqu’à aujourd’hui, en 2022, 29 ans.

Pour remplacer Gazprom par Engie (ancien GDF), ils ont compris qu’il faut secouer le cocotier et ébranler le tronc d’arbre financier sur lequel repose la puissance de Paul Biya, la SNH, et son administrateur, Adolphe Moudiki, sinon, on ne comprendrait pas comment un fournisseur de la Sonara, peut dire qu’il a payé des pots de vins pour livrer des stock de pétrole alors qu’une bonne partie de l’année, ses bateaux restent aux larges de l’Océan Atlantique à Limbe, parce que le gouvernement camerounais n’a pas trouvé l’argent pour solder ses anciennes factures.

Source: www.camerounweb.com