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Vol de bébé à Laquintinie : Calixthe Beyala écrit à Manaouda

Elle demande la réouverture du dossier

Sun, 9 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

L'Ecrivaine et auteure camerounaise a écrit au ministre de la santé Malachie Manaouda. Sa sortie intervient après les conclusions tirées de la rencontre à l'hôpital Laquintinie entre la famille du bébé volé et l'administration de l'hôpital. D'après cette rencontre, il n'y a pas eu de vol de bébé. La famille a fini par l'accepter comme tel. Mais selon Calixthe Beyala, cela entache davantage l'image du pays, déjà secoué par des drames. Voici l'integralité de son message.

« Monsieur le Ministre de la Santé du Cameroun

Je tiens tout d’abord à vous présenter Son Excellence, mes respects.

Je vous ai écouté plusieurs fois sur le cas du bébé Volé ou disparu à Laquintinie, cet hôpital mythique où sont nés la plupart des camerounais de Douala, ainsi que ses célébrités.

Les vols de bébés ne datent guère d’aujourd’hui. En son temps, ma mère nous parlait de la naissance d’une de mes sœurs ainées, née le 1er octobre 1955 dans cet hôpital. Elle nous narrait avec effroi le calvaire de sa voisine de chambre qui venait également d’accoucher et à qui on avait volé son bébé en pleine nuit tandis que toutes deux dormaient.

Ce qui signifie cela, que je m’étais faite à l’idée qu’un bébé pouvait être volé, d’ailleurs ce type de malheurs se constate partout dans le monde. Il ne s’agit pas d’une spécificité camerounaise ; il est universel et très souvent il est à mettre à l’actif des femmes à qui le destin n’avait pas donné l’opportunité d’avoir des enfants

J’en profite pour présenter mes sincères condoléances à toutes les femmes qui ont perdu leur bébé d’une manière aussi ignoble.

Dans le cas de l’hôpital Laquintinie, vous nous dites lors de votre intervention télévisuelle, que le fœtus était âgé de six mois et des poussières.

Monsieur le Ministre,

A six mois et des quelques choses, un bébé est complètement formé ; il ne s’agit pas de l’expulsion de quelques déchets, mais réellement d’un être humain.

Au cas où ce bébé aurait été mort-né, son corps aurait dû être rendu à sa famille.

Dans le cas extrême d’une fausse-couche tardive à quatre mois, l’enfant étant formé, le corps aurait dû être rendu à sa mère enfin qu’elle procéde à son enterrement et cela se fait généralement derrière les cases au Cameroun !

Monsieur le Ministre,

Permettez-moi de vous signaler avec conviction que ce qui s’est passé est ahurissant. J’ai cru vivre un cauchemar en écoutant les uns et les autres. Cette pauvre famille était terrifiée. J’ai eu de la peine à écouter cette femme esseulée dans ce nuage de puissants de notre si petit monde, qui avait perdu son bébé et qu’on contraignait à présenter des excuses au Staff de cet hôpital.

J’ai le plus grand respect pour le personnel médical, mais dans le cas d’espèce, il s’agit d’un mauvais signal envoyé au peuple camerounais.

Ce dossier de disparition d’enfant ou du corps d’un bébé mort-né doit être réouvert ; une enquête se doit d’être menée dans les règles enfin de trouver et de sanctionner les coupables. A 4 ou 6 mois de gestation, ce qui sort du ventre d’une femme enceinte n’est plus des morceaux ou du liquide en dehors du liquide amniotique, mais d’un être humain.

En espérant que vous donneriez une suite favorable à ma requête et que vous rendriez justice à cette pauvre famille apeurée, je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

Source: www.camerounweb.com