Le trafic de marchandises entre le Cameroun et la Centrafrique a officiellement repris jeudi 5 décembre, mettant fin à un blocus de trois semaines qui avait considérablement perturbé les échanges commerciaux entre ces deux pays d'Afrique centrale. Cet accord marque un tournant dans les relations commerciales et diplomatiques entre les deux nations.
La grève, déclenchée mi-novembre, trouve son origine dans un événement tragique survenu le 18 novembre dernier. Un transporteur routier camerounais a perdu la vie dans des circonstances troubles dans un village situé à 166 kilomètres de Bangui. Les chauffeurs routiers ont immédiatement dénoncé ce qu'ils considèrent comme un assassinat, pointant du doigt les mercenaires russes du groupe Wagner, présents en Centrafrique depuis 2018 en renfort de l'armée locale.
Les autorités centrafricaines ont rapidement réagi en annonçant l'ouverture d'une enquête, sans toutefois confirmer ni infirmer l'implication directe des membres de Wagner. Cette mort a mis en lumière les tensions persistantes autour de la présence de ces mercenaires russes dans la région.
Après des négociations intenses, les parties sont parvenues à un compromis significatif. Le point central de l'accord réside dans la réduction substantielle des taxes pesant sur les transporteurs. Le droit de passage pour les poids lourds a été drastiquement réduit, passant de 25 000 à 10 000 francs CFA, soit une diminution de près de 60% (de 38 à 15 euros).
Les conséquences du blocus ont été immédiatement perceptibles et dramatiques pour l'économie régionale. À la frontière de Garoua-Boulaï, plaque tournante des échanges commerciaux, des dizaines de camions étaient immobilisés, créant un engorgement sans précédent.
La Centrafrique, pays particulièrement vulnérable et dépendant des importations, a rapidement ressenti les effets de cette paralysie. Les prix sur les marchés locaux ont connu une flambée spectaculaire, menaçant la stabilité économique et alimentaire de nombreuses communautés. Les denrées de première nécessité sont devenues significativement plus chères, touchant directement le pouvoir d'achat des populations.
Les syndicats camerounais et les autorités centrafricaines ont finalement signé un communiqué officialisant la reprise du trafic sur le corridor stratégique reliant Douala, principal port maritime du Cameroun, à Bangui, capitale centrafricaine.
Cette résolution aura permis de désamorcer une crise qui risquait de s'envenimer et de compromettre durablement les relations commerciales entre ces deux pays d'Afrique centrale.