Dans une intervention titrée « Panique dans le camp zambien, Paul Biya l'ambazonien en fuite », le conseiller du MRC Claude Wilfried Ekanga a infligé une véritable humiliation au président de la République Paul Biya. Ça, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais ne s’y attendait pas du tout.
Le bras droit de Maurice Kamto n’a rien fait à moitié. Dans ses propos, il s’est même permis de faire un rapprochement avec la défaite hier de l’équipe nationale de Zambie face au Japon à la Coupe du monde féminine.
« Les mauvais calculs de Biya. Au Cameroun, le scénario est à peu près similaire. Mais d'abord, souvenez-vous : il y a quelque temps je vous évoquais une célèbre anecdote concernant Néron, funeste empereur romain qui, en l'an 64, et alors que Rome brûlait sous un violent incendie, a préféré aller s'asseoir sur une colline, le mont Quirinal, et s'est mis à jouer de la lyre, son instrument de musique, plutôt que de gérer l'extinction du feu en tant que chef suprême.
Et je vous faisais constater que c'est de la même façon que Biya, prince de la fainéantise, procède face à la crise du NOSO. Au moment où le Cameroun brûle, au moment où les sécessionnistes se radicalisent de plus en plus et se mettent à traquer tous ceux qu'ils considèrent comme des « étrangers francophones » dans « leur pays » pour les assassiner ou les chasser, le vieil empereur d'Etoudi est en balade à Genève depuis un mois, en train d'écouter les berceuses de sa femme Chantal, la tête posée sur ses genoux.
À présent, constatez l'analogie entre la déroute de la Zambie de ce samedi soir et la déroute de la méthode Biya sur la crise anglophone. Au début du conflit, le régime (ou plutôt le Gang) de Yaoundé a, par réflexe macabre, opté d'entrée de jeu pour une ruse qui lui avait toujours porté chance jusqu'ici, à savoir, la méthode du pourrissement. Elle consistait à empêcher l'expression de toutes les voix dissidentes et à générer ainsi une sorte de paralysie politique, un immobilisme où il ne se passe rien, et où toutes les alarmes s'avèrent n'être que de fausses alertes, comme des hors-jeu qui se succèdent.
Alors les jours se suivent et se ressemblent, et l'on mise sur le fait que ce statu quo qu'on a fabriqué finira par épuiser la résistance de nos opposants.
Et en parallèle, on sait que l'usage de la force à chaque début de contestation populaire génère une crainte continue, qui finit par étouffer ladite contestation. Ça a toujours fonctionné à tous les coups, donc forcément, cette fois aussi, ça marchera !
Alors on a la grande gueule. On se met à dire avec Jean Jacques Ze qu'on va « dératiser » la zone anglophone ; on déclare aux côtés de Fame Ndongo que ce n'est qu'une question de temps et qu'« en six mois tout sera réglé » ; on affirme comme Owona Nguini qu'en réalité « il n'y a même pas de crise anglophone ». Comme cette Zambie candide persuadée de sa bonne étoile, on sait que la chance nous a toujours souri et que nos adversaires ont toujours courbé l'échine face à nos lugubres stratagèmes.
Nous avons tout obtenu de la part des arbitres : hors-jeu sifflés, buts non-validés et, bien entendu, pénaltys refusés à l'adversaire. Et on commence à clamer à qui veut l'entendre qu'on n'y peut rien, car « c'est Dieu qui a installé Biya, le père de la nation, à Etoudi ». Donc, si toutes les campagnes contre lui ont échoué à ce jour, c'est parce qu'il est béni par Dieu lui-même.
L'INSTANT DE PANIQUE
Mais comme vous pouvez le constater après plus de six ans, les « Ambaboys » ont fini par inscrire un but à Bamenda, puis un autre à Muyuka, puis un à Batibo, un à Ngarbuh, un à Kumba, un à Buea, et ainsi de suite. Il faut d'ailleurs préciser qu'ici, le cap de la simple Manita a été dépassé depuis fort longtemps. Ici, ça ne brûle pas que dans cinq villes, ça brûle de partout ! Car ceux que le Gang de Yaoundé a radicalisés à coups de matraque et de musellement et en pariant sur le soutien divin, ont fini par se rebeller et par crier vengeance. À présent, les voilà encore plus déterminés à faire la guerre que ceux-là mêmes qui les ont poussés à cette guerre. En témoignent les exactions de plus en plus impitoyables qu'ils commettent.
Ces derniers jours notamment, les images qui nous parviennent de Bamenda font froid dans le dos. Les séparatistes ont désormais décidé d'éliminer toute chose qui leur évoque le pouvoir central de Yaoundé, du commerçant débrouillard du quartier ayant grandi avec eux, au citoyen le plus lambda du quotidien. Ils chassent, pourchassent, traquent et tuent leurs semblables avec deux fois plus d'ardeur que depuis 2017, le tout dans une guerre stupide, causée par un dirigeant à la vision politique tout aussi idiote.
Un « pète de la nation » incompétent et paresseux, incapable de réajuster sa politique en reconnaissant d'une part son erreur grossière, et en initiant une vraie offensive pacifique pour régler cette erreur : un dialogue, un vrai, incluant les sujets qui fâchent, et les personnes qui fâchent. C'est tellement simple, mais ça exige un courage que seuls les hommes intelligents possèdent.
Au lieu de ça, notre médiocre jouisseur de 90 ans est en villégiature sur les rives du Léman, en Suisse, pays où le dialogue inclusif et la consultation populaire sont inscrits dans les globules rouges de la population. Chez lui, il n'a aucune idée de ce que c'est. Rome brûle et Néron joue de la lyre sur les montagnes helvétiques. Les Ambaboys assassinent leurs congénères et le Premier Ambaboy, celui-là même qui les a transformés ainsi en raison de sa brutalité animale, est en fuite à Genève, laissant à d'autres humoristes tout aussi incompétents le soin de réparer son désordre.
Entre fainéantise et maladie chronique, entre bilan économique nauséabond et insécurité absolue, entre échec de l'esbroufe et radicalisation ultime, c'est définitivement la panique dans le camp zambien. Et à l'heure du bilan, aucun de ces Malfrats en costard ne voudra reconnaître sa responsabilité dans la Manita nationale que les Camerounais des deux berges du Mungo sont en train de vivre.
Mais alors... étant donné que la défaite sur la rive gauche est d'ores et déjà actée (vu que, comme je l'ai écrit il y a plus de trois ans, Paul Biya n'a aucune chance de résoudre cette crise par les armes), étant donné que les « autorités » d'Ambazonie expulsent déjà les ressortissants de la Camerounie, que fera le capitaine de la Zambie quand le feu et le sang auront franchi pour de bon la rive droite ?
Sans doute l'élimination au premier tour ».